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Économie - Tourisme

Pas de miracle pour les restaurateurs et les hôteliers pendant les fêtes

Beaucoup d’expatriés ont décidé de passer la Saint-Sylvestre 2019 ailleurs que dans un Liban en crise.

Le centre-ville de Beyrouth le soir du réveillon. Photo AFP

Pénalisés par la baisse de l’activité au cours d’une année 2019 marquée par la crise économique et financière, ainsi que par les manifestations contre les dirigeants politiques qui se poursuivent depuis le 17 octobre, de nombreux restaurateurs et hôteliers libanais espéraient alléger l’addition pendant la période des fêtes.

Mais le miracle n’a malheureusement pas eu lieu et le bilan de cette période cruciale pour le secteur a été pour la majorité des professionnels à l’image du reste de l’année : « catastrophique », avec une baisse globale du chiffre d’affaires gravitant autour de 80 %, toutes filières confondues, malgré les efforts consentis par les professionnels, notamment sur les prix.

Le chiffre d’affaires réalisé par les bars et boîtes de nuit sur cette période a reculé de 70 % par rapport à celui de l’année dernière. « Cette forte baisse est en partie due à la chute du prix des tickets, la fourchette recommandée par le syndicat allant de 75 000 livres à 225 000 livres », explique le président du syndicat des propriétaires de restaurants, cafés, boîtes de nuit et pâtisseries, Tony Rami. « De plus, dans le but d’inciter les clients, 90 % des restaurants ont privilégié des formules à la carte pour le soir du réveillon plutôt que des formules – comme n’importe quel autre jour de l’année –, la musique d’ambiance (DJ) et les cotillons ayant été fournis gratuitement », ajoute-t-il.


(Lire aussi : Rétro 2019 : L’économie libanaise au bord du gouffre)



Baisse de la fréquentation

Mais ces initiatives n’ont pas convaincu assez de clients. « Le taux d’occupation des restaurants entre Noël et le Nouvel An était lui aussi en forte baisse, et n’a même pas atteint les 50 %, contre un taux oscillant entre 70 % et 80 % en 2018 », affirme M. Rami. Selon lui, un grand nombre de restaurants hors Beyrouth étaient littéralement vides, les personnes habitant en dehors de la capitale ayant préféré réveillonner dans les foyers. Il ajoute que la situation des bars et des boîtes de nuit était légèrement meilleure, comparée à celle des restaurants, que ce soit dans la capitale ou dans les régions montagneuses très fréquentées pendant les fêtes, principalement à Faraya (Mont-Liban) et aux Cèdres (Liban-Nord).

La situation n’a pas été plus brillante pour la filière hôtelière, malgré le fait que les prix aient baissé de moitié par rapport à la même période en 2018. Selon le secrétaire général de l’Union des syndicats touristiques et président du syndicat des complexes balnéaires, Jean Beyrouthi, le taux d’occupation des hôtels sur la période s’étendant du 29 décembre au 2 janvier était de 30 % à Beyrouth (contre un taux oscillant entre 80 % et 100 % sur la même période un an auparavant) et de 15 % hors Beyrouth (entre 60 % et 80 %).

La baisse de la fréquentation touristique du pays est sans surprise la première raison invoquée par les représentants du secteur. Bien que la plus grande part des touristes venant visiter le Liban pendant les fêtes soient des expatriés, le nombre de visiteurs venus des pays arabes a par exemple drastiquement diminué en 2019, avec notamment l’absence, relevée par Tony Rami, des touristes égyptiens, irakiens et jordaniens, devenus des habitués ces dernières années. Même les expatriés n’ont pas été aussi nombreux que d’habitude, souligne le syndicaliste, qui fait état d’une baisse de 50 % par rapport à la période des fêtes en 2018.

Élie, père de famille parti travailler au Koweït en 2012, fait partie de ces Libanais qui profitaient des congés de fin d’année pour passer les fêtes avec leur famille au Liban. « Cette année, ma femme et moi avons décidé de rester sur place vu l’instabilité de la situation », confie-t-il. Cadre dans le secteur hôtelier, il affirme avoir décidé de reporter son passage au Liban à l’été prochain, en espérant une amélioration de la conjoncture d’ici là.


(Lire aussi : « Résoudre la crise prendra du temps », estime Charles Arbid, président du CES)



Salaires en baisse

Les expatriés qui sont venus ont quant à eux moins dépensé que d’habitude, regrette encore Tony Rami, qui constate que leur pouvoir d’achat a chuté, en raison de la dégradation de la situation économique des pays arabes et de certains pays d’Afrique. « Le tourisme n’est plus une priorité pour les expatriés : une grande partie de l’argent qu’ils dépensaient au Liban auparavant est désormais réservée aux dépenses familiales et à l’éducation », détaille-t-il.

Étudiante en médecine au Canada, Caroline exprime sa tristesse face à la situation difficile que traverse le pays, qui affecte son séjour auprès de ses proches. « J’avais l’habitude de passer deux semaines à Beyrouth, cette année je suis là pour une semaine et je suis à peine sortie en raison des circonstances », raconte cette Libanaise de 27 ans. « Mes amis qui travaillent ici ont vu leur salaire réduit de moitié et épargnent leur argent pour les dépenses qu’ils jugent nécessaires », raconte-t-elle, visiblement affectée par la morosité ambiante.

La mauvaise performance du secteur touristique pendant les fêtes vient ainsi alourdir un peu plus le bilan calamiteux de 2019. Si aucun chiffre officiel n’a encore été publié, Jean Beyrouthi estime que les revenus du secteur ont diminué de 700 millions de dollars sur les deux derniers mois de 2019. Pour rappel, le secteur avait engrangé 8,4 milliards de dollars en 2018, selon les chiffres publiés l’été dernier par la Banque du Liban. Tony Rami appréhende pour sa part les semaines qui vont venir, assurant que pas moins de 500 propriétaires de restaurants, cafés et boîtes de nuit, sur les quelque 12 000 que compte le pays, ont mis la clé sous la porte entre le 1er septembre et le 1er décembre.

Il rappelle en outre qu’en plus de la baisse de la fréquentation, les acteurs de la filière doivent également subir la fonte de leurs marges suite au resserrement de la circulation du dollar – en espèces sur le marché local et sur les transferts bancaires à l’étranger – progressivement mis en place par les banques depuis la fin de l’été. Des restrictions prises face à l’urgence de la situation financière – la dette du pays étant de moins en moins soutenable –, mais qui ont généré une crise de liquidités et du change dans le pays, à laquelle de nombreuses entreprises ont répondu en augmentant leurs prix.

Enfin si 2019 est enfin enterrée, le secteur touristiques espère sans trop y croire que 2020 commencera sous de meilleurs auspices, en comptant notamment sur la neige abondante qui est tombée sur les pistes de ski du pays ces derniers jours.


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DOMMAGE POUR LE LIBAN ET POUR LES LIBANAIS. QUE DIEU ... CAR SEULE EN DIEU RESIDE L,ESPERANCE... VIENNE EN AIDE DIVINE AU MARTYRE DE NOTRE PAYS ET DE SA POPULATION.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 58, le 06 janvier 2020

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Commentaires (1)

  • DOMMAGE POUR LE LIBAN ET POUR LES LIBANAIS. QUE DIEU ... CAR SEULE EN DIEU RESIDE L,ESPERANCE... VIENNE EN AIDE DIVINE AU MARTYRE DE NOTRE PAYS ET DE SA POPULATION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 58, le 06 janvier 2020

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