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Liban - Décryptage

Après la décision de Hariri, le flou reste total

À Aïn el-Tiné, le président de la Chambre guettait le coup de téléphone qui lui donnerait enfin la réponse définitive de Saad Hariri. Il s’était même fixé un délai maximal, 18h30, au-delà duquel il considérerait que le Premier ministre a renoncé à être dans la course pour former le prochain gouvernement. En effet, c’était l’arrangement auquel les deux hommes avaient abouti lors de leur rencontre mardi. Nabih Berry avait même contacté le chef de l’État pour l’informer du contenu de ses discussions avec Saad Hariri, tout en lui précisant que ce dernier devait lui donner une réponse définitive mercredi soir. Mais contre toute attente, et alors que Berry essayait de convaincre certains blocs de désigner M. Hariri, ce dernier a préféré publier un communiqué pour annoncer qu’il renonçait à postuler pour le poste de Premier ministre chargé de former le nouveau gouvernement. Selon des sources proches du mouvement Amal, Saad Hariri aurait préféré transmettre sa décision par le biais d’un communiqué plutôt qu’au téléphone pour éviter de répondre à des questions gênantes, comme celle de savoir quelle personnalité son bloc parlementaire va choisir. Le communiqué précise ainsi que le bloc devrait tenir une ultime réunion jeudi matin avant de se rendre à Baabda pour les consultations.

Avec la décision de Saad Hariri, la situation devient à la fois plus claire et plus complexe. D’une part, il n’y a plus l’option Saad Hariri qui continuait à susciter des réactions contradictoires dans la rue, mais aussi au niveau de la classe politique et même entre le Courant patriotique libre, qui ne voulait pas du Premier ministre démissionnaire, et les deux formations chiites Amal et Hezbollah, qui continuaient à appuyer sa désignation pour éviter des réactions de colère de la part de la rue sunnite. Mais d’autre part, la décision de Saad Hariri ouvre la voie à une plus grande radicalisation des positions, car le Premier ministre démissionnaire restait une figure de compromis politique.

Par sa décision, M. Hariri porte donc un coup à M. Berry et au Hezbollah, en les privant d’une carte qu’ils considéraient comme importante.

Désormais, l’ancien ambassadeur et juge Nawaf Salam est devenu le candidat dont le nom est le plus avancé. Il est appuyé par des parties considérées comme étant dans la mouvance du 14 Mars et par le député indépendant Michel Moawad. M. Salam a certes un brillant palmarès à son actif et une certaine notoriété au sein de la communauté sunnite, tout en étant accepté globalement par plusieurs groupes du mouvement de protestation. Mais les deux formations chiites le considèrent comme le candidat des Américains, chargé de former un gouvernement de technocrates pour écarter le Hezbollah du pouvoir et opérer un retournement contre les équilibres politiques issus des élections législatives de 2018.

Des sources proches du tandem chiite estiment aussi que le secrétaire d’État adjoint David Hale qui est attendu ce soir à Beyrouth devrait prêcher en faveur de la désignation de Nawaf Salam, en utilisant un langage ferme avec les responsables. Dans le genre de la fameuse formule utilisée par Richard Murphy en 1987 lorsqu’il avait déclaré aux différentes parties libanaises qui demandaient qui succéderait au président Amine Gemayel dont le mandat s’achevait en 1988 : « C’est soit Mikhaël Daher soit le chaos. »

Mais selon des sources proches du 14 Mars, la comparaison n’est pas justifiée, d’autant que David Hale arrivera au Liban après l’annonce des résultats des consultations parlementaires. Pour ces mêmes sources, la mission de David Hale porterait essentiellement sur le dossier du tracé des frontières et celui de la prospection et de l’extraction du pétrole et du gaz au large des côtes libanaises. Pour ces sources, il est dommage de réduire Nawaf Salam à l’expression « candidat des Américains », sachant qu’il faut aussi que le nouveau Premier ministre puisse rassurer la communauté internationale, dont les Américains, par sa crédibilité. C’est d’ailleurs justement dans une volonté de ne pas défier la communauté internationale, ainsi que les différentes parties internes, que les deux formations chiites refusent jusqu’à présent de désigner une personnalité proche d’elles en mesure de former un gouvernement à coloration unique. Ces deux formations considèrent en effet que le camp pro-américain veut justement les pousser vers ce choix pour accentuer la crise et provoquer un désordre total. C’est d’ailleurs une des raisons de leur attachement à la désignation de Saad Hariri.

Mais avec le retrait de ce dernier de la course, les choix deviennent plus limités pour Amal et le Hezbollah. Des personnalités ont été sollicitées comme le député Fouad Makhzoumi qui s’est d’ailleurs rendu hier auprès du mufti Abdellatif Deriane et a précisé, depuis Dar el-Fatwa, que l’instance sunnite est ouverte à toute personnalité qui serait désignée par les consultations parlementaires. Ce qui constitue un changement évident de position par rapport à ce qui avait été annoncé quelques jours plus tôt par le candidat pressenti pour la formation du gouvernement Samir el-Khatib. Ce dernier avait annoncé, après un entretien avec le mufti, que Dar el-Fatwa appuyait la candidature de Saad Hariri. L’ancien ministre et juge Khaled Kabbani a été aussi sollicité. On parle enfin de l’ancien Premier ministre Tammam Salam, qui avait été Premier ministre à la fin du mandat du président Michel Sleiman et dont le gouvernement a donc géré la période de vacance présidentielle, ainsi que de l’ancien ministre Hassan Diab. D’autres noms circulent dans la plus grande discrétion, pour trouver une personnalité en mesure de calmer à la fois la rue sunnite et le mouvement de protestation, tout en étant suffisamment crédible pour former un gouvernement qui puisse faire des réformes et mener le pays vers une sortie de crise. Les contacts de dernière minute se multiplient et hier soir, aucune partie n’avait de scénario clair pour le déroulement de la longue journée de consultations prévues à Baabda, chaque partie étant soucieuse de surprendre l’autre.

À Aïn el-Tiné, le président de la Chambre guettait le coup de téléphone qui lui donnerait enfin la réponse définitive de Saad Hariri. Il s’était même fixé un délai maximal, 18h30, au-delà duquel il considérerait que le Premier ministre a renoncé à être dans la course pour former le prochain gouvernement. En effet, c’était l’arrangement auquel les deux hommes avaient abouti...

commentaires (4)

pour trouver une personnalité en mesure de calmer à la fois la rue sunnite et le mouvement de protestation, tout en étant suffisamment crédible pour former un gouvernement qui puisse faire des réformes et mener le pays vers une sortie de crise. POUR CETTE FOIS CI IL EST CLAIR QUE Mm HADDAD N'EST PAS DANS LE SECRET DES DIEUX LE LIBAN, AVEC CETTE APPROCHE D'UN GOUVERNEMENT EVIDEMENT ISSUE DE L'ENTENTE CPL HB AMAL VA A LA CATASTROPHE CAR IL NE TROUVERA PAS UN SEUL PAYS SUCEPTIBLE DE L'AIDER DANS CE CONTEXTE COMME QUOI , LES SIEGES SONT PLUS IMPORTANT QUE LE PAYS VOYONS QUI VA APPUYER LE GOUVERNEMENT QUI SORTIRA DE CETTE NOMINATION POUR SAVOIR QUI SONT CEUX QUI VEULENT UNIQUEMENT GARDER LEURS SIEGES ET CEUX QUI VEULENT VRAIMENT SAUVER LE PAYS POUR MA PART , JE PRESSENT DES MOMENTS D'UNE DURETE INCROYABLE POUR L'ENSEMBLE DE LA POPULATION MALHEUREUSEMENT

LA VERITE

14 h 59, le 19 décembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • pour trouver une personnalité en mesure de calmer à la fois la rue sunnite et le mouvement de protestation, tout en étant suffisamment crédible pour former un gouvernement qui puisse faire des réformes et mener le pays vers une sortie de crise. POUR CETTE FOIS CI IL EST CLAIR QUE Mm HADDAD N'EST PAS DANS LE SECRET DES DIEUX LE LIBAN, AVEC CETTE APPROCHE D'UN GOUVERNEMENT EVIDEMENT ISSUE DE L'ENTENTE CPL HB AMAL VA A LA CATASTROPHE CAR IL NE TROUVERA PAS UN SEUL PAYS SUCEPTIBLE DE L'AIDER DANS CE CONTEXTE COMME QUOI , LES SIEGES SONT PLUS IMPORTANT QUE LE PAYS VOYONS QUI VA APPUYER LE GOUVERNEMENT QUI SORTIRA DE CETTE NOMINATION POUR SAVOIR QUI SONT CEUX QUI VEULENT UNIQUEMENT GARDER LEURS SIEGES ET CEUX QUI VEULENT VRAIMENT SAUVER LE PAYS POUR MA PART , JE PRESSENT DES MOMENTS D'UNE DURETE INCROYABLE POUR L'ENSEMBLE DE LA POPULATION MALHEUREUSEMENT

    LA VERITE

    14 h 59, le 19 décembre 2019

  • Tout ce récit de toute cette situation au Liban , nous ramène à comprendre une chose immuable l'ingérence étrangère dans les affaires du Liban. On pressent des accords en amont qui ont conduit au retour d'un "david" qui se sent des ailes au Liban , certainement parceque un autre " david" ailleurs a dû lâcher du lest. Ce qui ne changera pas le discours des pies perroquets qui viendront nous chanter la rengaine du " Liban d'abord " . Sans Saad ou avec Nawaf ou un autre le Liban restera le Liban qu'une révolution a su faire rêver oh lucioles..tout court.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 25, le 19 décembre 2019

  • je flaire quelque chose comme un changement, sinon de cap ou de camp- du moins d'humeur -! il etait temps d'ailleurs vu la situation qui risque de faire tomber l'ere du president fort encore plus bas !

    Gaby SIOUFI

    10 h 15, le 19 décembre 2019

  • oui ,oui, oui on voit bien ce qui se cache derrière la visite américaine! c'est ,comme d'habitude ,du donnant ,donnant!J.P

    Petmezakis Jacqueline

    09 h 32, le 19 décembre 2019

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