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La Consolidation de la paix au Liban - Décembre 2019

Éditos

Publié par le projet " La consolidation de la paix au Liban " du Programme des Nations Unies pour le développement et financé par l’Allemagne à travers la banque allemande de développement KfW, ce supplément est distribué avec les quotidiens an-Nahar dans sa version arabe, et avec le Daily Star et L’Orient-Le Jour dans les versions anglaises et françaises.

Ce numéro regroupe les articles d’un certain nombre d’écrivains, de journalistes et de professionnels des médias, de chercheurs et d’artistes.

Il aborde les sujets relatifs à la paix civile et les répercussions de la crise syrienne au Liban et les relations entre les Libanais et les Syriens, dans des approches de fond loin des discours de haine.

© Illustration de Mona Abi Wardé

Tous les droits pour tous les enfants
Réengageons-nous à donner la priorité aux enfants et à la jeunesse

Ce numéro spécial d’un supplément dédié à la consolidation de la paix est entièrement consacré aux enfants et au traité international qui protège le respect de leurs droits, connu sous le nom de Convention relative aux droits des enfants (CRC). Il y a trente ans, les nations se sont rassemblées pour faire une promesse inédite aux enfants du monde. Elles se sont engagées à non seulement proclamer les droits des enfants, mais à les défendre et à rendre des comptes au cas où ils ne sont pas respectés.

La CRC a constitué une réalisation historique. Pour la première fois, les gouvernements ont explicitement reconnu que les enfants naissent avec des droits. Ils ont droit à des standards de qualité dans la santé et la nutrition, à de l’eau propre et à l’hygiène, à une place dans les salles de classe et à la sécurité au sein des foyers et de la collectivité. Ils ont également le droit d’exprimer leur opinion et d’être entendus.

Le Liban a ratifié la CRC en 1990 et durant les dernières trente années la situation des garçons et des filles s’est améliorée de manière significative, dans la loi comme dans la pratique. L’un de ces exemples de réussite a été la création du Haut conseil de l’enfance en 1994, responsable des soins et du développement des enfants conformément aux conventions internationales, ainsi que l’engagement récent à organiser des campagnes de vaccination gratuite dans tous les centres de santé et les dispensaires, et le lancement du Cadre d’éducation informelle nationale au Liban l’année dernière.

Les Nations Unies au Liban, y compris l’Unicef et le Pnud, ont appuyé le Liban dans la réalisation de ces objectifs. Nous continuons à travailler pour le progrès des filles, des garçons et de la jeunesse dans le cadre de la CRC et de l’Agenda 2030 pour le développement durable, conformément à notre engagement à assurer l’accès de tous les enfants à tous les droits.

Alors que nous célébrons les 30 ans de la CRC, il est important de prévoir des actions futures pour continuer à appliquer les droits dans la réalité. Malgré d’énormes progrès ces dernières années, les quelque 1,3 million d’enfants du Liban continuent de faire face à d’importants défis. Beaucoup d’entre eux ne sont toujours pas scolarisés. L’eau potable n’est toujours pas disponible dans toutes les communautés vulnérables. Et, alors que de multiples formes de violence ruinent des milliers d’enfances, des filles et des garçons continuent de se retrouver sur le marché du travail, de nombreuses filles sont forcées au mariage précoce et un grand pourcentage de jeunes sont hors du système éducatif et du marché de l’emploi. Au même moment, des enfants et des jeunes de tout le Liban se sont rassemblés ces dernières semaines pour joindre leurs voix aux aspirations de leur génération.

Alors que les gouvernements semblent vouloir honorer leurs engagements, nous les exhortons à donner la priorité aux enfants et aux jeunes. La meilleure voie pour un avenir plus durable est d’investir dans les enfants et dans la jeunesse dès aujourd’hui.

À travers le monde tout comme au Liban, les enfants et les jeunes s’expriment tout haut pour revendiquer leurs droits comme jamais auparavant. Nous devons nous inspirer d’eux. Nous devons agir maintenant – avec audace et détermination.


* Yukie Mokuo, représentante de l’Unicef au Liban

** Céline Moyroud, représentante du Pnud au Liban





Les enfants représentent un tiers de notre population et tout notre avenir !


Les enfants sont notre avenir. Tous les efforts politiques et sociaux doivent contribuer à leur fournir des conditions de vie appropriées et des chances d’avenir.

Les enfants ont leurs droits. Ceux-ci sont indispensables et constituent une valeur en soi. Les enfants ont le droit de vivre dans la paix et la dignité.

L’obtention et la défense des droits des enfants constituent également un objectif important de la coopération allemande au développement – non seulement au Liban, mais aussi dans le monde entier.

Dans le cadre de la coopération au développement germano-libanaise, l'Allemagne, par le biais de KfW, fournit une aide financière au ministère libanais de l'Éducation en vue d’intégrer année après année 130.000 enfants dans le système éducatif national, dans le cadre du programme « Atteindre tous les enfants avec l'éducation » (RACE).

Cette démarche s'accompagne d'un large éventail d'activités éducatives informelles visant à aider les enfants à suivre les programmes nationaux et à atteindre les enfants vulnérables et les petits handicapés, qui ne peuvent pas du tout fréquenter le système éducatif national.

Plus encore, l’Allemagne soutient l’offre de formations destinées aux adolescents et aux jeunes, basées sur le talent et les compétences professionnelles, tout en évitant l’apparition d’une génération perdue et en accroissant les chances des jeunes.

Parallèlement, nous soutenons les infrastructures éducatives en améliorant les écoles adaptées aux enfants, ainsi que des conditions de vie appropriées à travers l’installation d’abris, d’équipements sanitaires et un approvisionnement en eau. Ces approches contribuent également à la propagation d’un milieu pacifique à l’école, en particulier pour les élèves touchés psychologiquement par la guerre, que nous aidons à récupérer.

Fournir des informations, des conseils et une assistance juridique aux personnes touchées renforce davantage l'engagement de l'Allemagne auprès du Liban, à savoir : leur apprendre à revendiquer et exercer leurs droits et trouver des solutions durables, en particulier pour garantir aux enfants une identité humaine.

Continuons tous à contribuer à la réalisation des droits des enfants à l’avenir; cela les aidera à vivre dans la dignité et à exploiter pleinement leur potentiel futur.

Sascha Stadtler
Directeur de la Banque Allemande de Développement KfW, Liban




Les droits que la pauvreté peut assimiler


Personne n’envie le pauvre, sauf celui qui est encore plus pauvre ! Tel est le cas des enfants syriens au Liban. Certes, ils ne bénéficient pas d’un bon enseignement, surtout après l’évaporation de certains fonds alloués à leur éducation en ces circonstances anormales. Non pas pour des raisons racistes ou similaires, soulevées en théorie par nombre de défenseurs des droits de l'homme, lesquels ne contribuent ne serait-ce que par une simple démarche à démontrer ces théories dans la réalité. Non pas à cause de la pauvreté et d’un manque de fonds, parce que les organisations et institutions internationales s'en occupent et s'acquittent de leurs obligations. La raison principale réside en fait dans l'absence d’un milieu et d'un environnement propices à un bon apprentissage.

En effet, le programme scolaire syrien est très différent de celui du Liban et de nombreux élèves syriens ne sont pas en mesure de suivre le programme local. De leur côté, les enseignants libanais ne peuvent dispenser une éducation de qualité conformément à un programme pour lequel ils n’ont pas été formés. En fait, l’obstacle principal dans ce cadre réside dans la réticence du Liban à dispenser aux enfants des réfugiés syriens les programmes libanais, afin de ne pas encourager leur implantation dans le pays. Car contrairement à ce que pensent certains, nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas retourner en Syrie.

Tous ces points soulèvent de profondes questions sur les droits, en particulier celui d'apprendre, qui ne peut être séparé d'un ensemble intégré de droits. En effet, il ne peut y avoir un enseignement de qualité à l’ombre de conditions de vie complexes qui n’assurent pas les moyens d’une vie décente, d’une santé psychologique dans un environnement imparfait et d’une enfance saine. Ce qui fait que c’est toute la question des droits de l’homme qui se trouve posée.

Mais le danger vient du fait que les Libanais envient aujourd’hui les Syriens pour des services de base qui ne leur sont plus disponibles, après que la pauvreté a balayé leurs familles. Et cette tendance va en s’accentuant, suscitant des tensions entre les communautés hôtes et les réfugiés et se reflétant négativement sur le droit à une vie décente.

Ghassan Hajjar
Rédacteur en chef du quotidien an-Nahar





Laxisme organisé


Si en matière d’éducation, un grand nombre de Libanais ont beaucoup à apprendre, il est des thèmes qui reviennent régulièrement dans la presse et les plateaux télés, tournant autour de la maltraitance subie par certains enfants. Face à cette situation, il est déplorable de constater le vide judiciaire effarant qui permet souvent aux contrevenants d’échapper aux poursuites et demeurer impunis.

Il est tout de même consternant de constater qu’en dépit de la loi sur la libre circulation de l’information dans les institutions publiques, ni le ministère du Travail ni celui des Affaires sociales n’ont jamais publié de statistiques, ne serait-ce que partielles, sur le nombre garçons et fillettes en bas âge, lâchés parmi les autos aux heures de grande affluence, proposant les objets les plus divers à des prix défiant toute concurrence, marchandises dont souvent on ne connaît même pas la provenance.

Les autorités publiques ont-elles jamais pensé enquêter sur l’identité des personnes ou des structures exploitant impunément ces mineurs non-scolarisés, jetés à la rue dans l’objectif d’apitoyer les citoyens ? Sait-on, par exemple, qu’il existe de véritables filières organisées en mafias destinées à récolter l’argent, pour on ne sait quelle économie parallèle ?

Devenu champion toutes catégories du laxisme face aux lois inappliquées, l’État libanais ferme aussi les yeux sur nombre d’entorses à la loi du travail. Depuis la guerre civile de 1975-1990, le travail des enfants, jusqu'alors peu développé, a explosé. Plus de 10 % des 10-17 ans travaillent, ce qui classe ce pays en queue de peloton au Moyen-Orient.

Même si la situation du pays n’est pas des plus graves, de nombreux enfants sont obligés de travailler pour aider leur famille. Beaucoup de jeunes garçons sont employés pour des travaux agricoles, de métallurgie ou de menuiserie. Leurs conditions de travail sont cruelles et les enfants se tuent à la tâche pour un salaire de misère. Pourtant, le Liban a signé la Convention sur le travail des enfants de l’Organisation internationale du Travail (OIT), mais manque cruellement de moyens pour mettre en œuvre les dispositions de ce texte.

Cela sans compter les enfants de réfugiés syriens qui sont fréquemment employés par des Libanais qui les soumettent à des conditions de vie misérables en échange d’un salaire de misère.

Que de réformes à accomplir, pour espérer sortir le Liban de l’ornière ! D’espoir en espoir, le pays se meurt de désespoir…


Gaby Nasr
Directeur des éditions spéciales du quotidien L’Orient-Le Jour







Le projet du Pnud " La consolidation de la paix au Liban " œuvre depuis 2007 pour le renforcement de la compréhension mutuelle et la promotion de la cohésion sociale, en abordant les causes profondes du conflit au Liban. Le projet a aussi travaillé récemment sur le traitement de l'impact de la crise syrienne sur la stabilité sociale au Liban.

Le projet soutient les différents groupes, allant des dirigeants et acteurs locaux, aux éducateurs, journalistes, jeunes et militants de la société civile, dans le développement de stratégies à moyen et à long terme visant la consolidation de la paix, la gestion des crises et la prévention des conflits.


Les articles, enquêtes, entrevues et autres, rapportés dans ce supplément n’expriment pas nécessairement l’avis du Programme des Nations Unies pour le développement, ni celui de L'Orient-Le Jour, et ne reflètent pas le point de vue du Pnud ou de L'Orient-Le Jour. Les auteurs des articles assument seuls la responsabilité de la teneur de leur contribution.

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