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Liban - Contestation

À Halba, les manifestants prennent d’assaut le sérail et réclament le départ du mohafez

Imad Labaki assure à « L’OLJ » qu’il n’a rien à se reprocher.

Les manifestants, encadrés par les forces de l’ordre, devant le sérail de Halba.

Depuis le déclenchement du soulèvement populaire le 17 octobre, la révolution dans les différentes régions libanaises connaît des hauts et des bas, mais dans le Akkar au Liban-Nord, la pression de la rue va toujours crescendo. Cinquante-sept jours plus tard, la contestation ne faiblit pas dans cette région longtemps abandonnée par l’État.

Hier, un groupe d’activistes et de manifestants ont réussi à prendre d’assaut le sérail pour obtenir des documents relatifs à la gestion financière de la municipalité de Halba que le mohafez du Akkar, Imad Labaki, refusait jusque-là de livrer à ceux qui en avaient fait la requête. Il convient de préciser à ce propos que le conseil municipal de Halba avait été dissous il y a plus d’un an à la suite de conflits entre ses membres, dont 14 sur un total de 18 ont présenté leur démission. C’est le mohafez qui depuis assume les fonctions de président du conseil municipal, conformément à la loi.

« Depuis quatorze jours, nous avons fait une demande par écrit pour obtenir une copie des détails du budget et des notes de frais de la municipalité », raconte Siham Turkmani, activiste originaire de Akkar. Et de poursuivre : « Selon la loi sur le droit d’accès à l’information, le mohafez devait nous livrer les copies requises dans un délai de quinze jours. Mercredi, nous avions été notifiés que les documents étaient prêts. Nous nous sommes rendus chez le mohafez qui a cependant refusé de nous les livrer. »

Selon Mme Turkmani, la demande d’obtention des documents était motivée par des déclarations du mohafez selon lesquelles la municipalité de Halba n’avait pas le sou. « Nous avons le droit de savoir comment cet argent s’est évaporé », s’insurge-t-elle. Pour cela, un groupe de plus de vingt manifestants, selon l’activiste, s’était rendu à nouveau hier auprès de Imad Labaki, qui a fini par les leur remettre, avant de sortir du sérail sous la pression des manifestants.

Pendant ce temps, un autre groupe était rassemblé devant le sérail et scandait des slogans contre le mohafez, l’accusant de corruption et l’appelant à démissionner et à quitter le Akkar. Des échauffourées ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l’ordre, faisant plusieurs blessés. Dans la bousculade, Mme Turkmani a eu une fracture au bras et a dû être transférée dans un hôpital où un plâtre lui a été appliqué.

Alors qu’il se trouvait dans le bureau du mohafez, un activiste a profité du brouhaha pour fouiller dans les tiroirs. Il a mis la main sur des autorisations de port d’armes de chasse signées par M. Labaki mais sans les détails d’identification réglementaires. Selon Firas Abdallah, originaire du Akkar, « ces autorisations qui portent la signature du mohafez devaient être vendues à quiconque désire en avoir une ». « Les détails, comme le nom, le prénom et la photo de la personne seront ajoutés par le bénéficiaire une fois l’autorisation achetée », a-t-il accusé.

Confronté aux protestataires, le mohafez n’a pas nié avoir signé en amont les autorisations de port d’armes de chasse.

La foule rassemblée devant le sérail réclamait son départ, appelant les autorités judiciaires à lui demander des comptes. Parmi les manifestants se trouvaient également des journaliers que le mohafez avait licenciés sous prétexte de réduire les dépenses de la municipalité. Joint au téléphone par L’Orient-Le Jour, M. Labaki s’est dit convaincu de cette décision en expliquant que le nombre de ces derniers dépassait les besoins de la localité.

Quant aux documents réclamés par les manifestants, il a démenti avoir refusé de leur livrer les copies, précisant qu’il avait « demandé de prendre le temps de les photocopier et d’y jeter un coup d’œil au préalable ». Quant à l’affaire des autorisations de port d’armes de chasse, il a assuré que « ces documents n’étaient pas encore finalisés, même s’ils étaient signés ». « Que celui qui possède des preuves me condamnant aille les présenter aux autorités judiciaires compétentes », a lancé M. Labaki, avant de poursuivre : « J’ai confiance dans le corps judiciaire libanais et j’ai moi-même traduit en justice sept présidents de conseils municipaux. »

Interrogé au sujet de son éventuelle démission suite à l’appel des manifestants, M. Labaki a assuré qu’il ne démissionnera pas et qu’il continuera à exercer ses prérogatives en tant que mohafez du Akkar. De leur côté, les manifestants affirment qu’ils continueront eux aussi à protester et à bloquer l’accès aux institutions publiques tous les jours, dans une sorte de rituel quotidien qu’ils ont établi depuis les premiers jours du soulèvement.


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