Dès l'annonce de l'arrestation de Mme Salloum, le député Hadi Hobeiche (affilié au courant du Futur), qui est l'avocat de cette dernière, s'est rendu, avec plusieurs autres personnes, au palais de Justice de Baabda, d'où il s'en est violemment pris à la juge Aoun la qualifiant de "milicienne" et de "symbole de la corruption". "Elle n'a pas le droit de prendre cette décision qui revient au ministère de l'Intérieur (...) Elle se comporte de manière milicienne avec les avocats, les juges et les citoyens", a déclaré M. Hobeiche, avant de prévenir : "Nous ne nous tairons plus à partir d'aujourd'hui".
Le ministre d'Etat sortant des Affaires de la présidence, Salim Jreissati (proche du président Michel Aoun), a condamné les propos de M. Hobeiche. "Un député menace une procureure dans son bureau et lance des accusations, alors que dans le même temps, il réclame l'indépendance du pouvoir judiciaire. Il agit vraiment pour un futur prometteur", a écrit M. Jreissati sur son compte Twitter.
"Je condamne l'agression injustifiée contre la juge Ghada Aoun qui accomplissait sa mission judiciaire. J'assure que je me tiens aux côtés des juges afin de protéger leur indépendance", a de son côté écrit sur twitter le ministre sortant de la Justice Albert Serhane, affilié au CPL.
"Protéger le pouvoir judiciaire"
"Ce que nous avons vu aujourd'hui est triste. Il faut protéger le pouvoir judiciaire. Nous n'acceptons pas que soit porté atteinte au palais de Justice", a réagi le nouveau bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, à la LBCI.
"Hoda Salloum est l'une des fonctionnaires les plus méticuleuses et les plus honnêtes de l'Etat libanais, a pour sa part écrit l'ancien ministre de l'Intérieur Nohad Machnouk sur son compte twitter. Ce qui s'est passé est une violation des règles juridiques : convoquer un directeur général sans autorisation du ministre concerné n'est pas une question anodine". Et de poursuivre : "Le ministre de la Justice devrait prendre les mesures nécessaires pour remettre les pendules à l'heure, faute de quoi il n'y aura pas de justice juste ni d'Etat capable".
En soirée, le Conseil supérieur de la magistrature a publié un communiqué commentant cet incident. "Le CSM a été choqué de voir un député, au palais de Justice à Baabda, lancer des insultes et des menaces à l'encontre de la procureure de la cour d’Appel du Mont-Liban, au moment où des lois et des normes régissent les relations entre un député avocat et un juge", peut-on lire dans le communiqué. Dans son texte, le CSM appelle le Parlement et les deux barreaux (de Tripoli et de Beyrouth) à prendre la position appropriée après ce qui s’est passé, saluant la prise de position de Melhem Khalaf à cet égard. Il demande au procureur près de la Cour de Cassation à engager des poursuites à l'encontre député avocat concerné. En outre, le CSM affirme qu’il traitera toute plainte relative au comportement de n'importe quel juge dans l’exercice de ses fonctions et prendra les mesures nécessaires".
Depuis le début du mouvement de contestation contre la classe politique, jugée incompétente et corrompue par les manifestants, la justice s'est mise en branle à l'encontre de plusieurs responsables de l'administration publique.
commentaires (3)
Monsieur le député Hadi Hobeiche represenrant du peuple à la chambre des députés, que je n ai jamais eu l honneur de rencontrer, a franchement mal choisi le lieu et le moment de s en prendre à Madame le procureur de la République Libanaise , le jour où se réunissait à Paris le GIS Groupe International de Soutien pour le Liban ... Les images de l incident ayant fait le tour du monde , nous n avions aucun besoin de tout cela ... Les conclusions du GIS étaient claires nettes et précises Commencer à entamer les Réformes Réformes Reformes ... La directrice generale arrêtée pour les besoins de l enquête ,la présomption d innocence toujours de mise , elle n a nullement été condamnée encore ... Le jeu ne valait pas la chandelle et beaucoup de bruit pour rien ....Le moment ou jamais ou nous avons tous besoin de gérer les situations avec beaucoup de calme et de sérénité ...
Menassa Antoine
11 h 36, le 12 décembre 2019