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Premier procès d'un policier pour des violences contre des "gilets jaunes" à Paris



Un dessin du policier français devant le juge, le 21 novembre 2019, à Paris. AFP / Benoit PEYRUCQ

Acte disproportionné ou "geste de défense"? Le parquet a requis jeudi trois mois de prison avec sursis à l'encontre du premier policier jugé à Paris pour des "violences volontaires" commises en marge du mouvement des "gilets jaunes".

Cette crise sociale qui dure depuis un an a été marquée par des affrontements récurrents entre manifestants et forces de l'ordre et de nombreuses plaintes pour violences policières.

Agé de 44 ans dont vingt dans la police, le policier comparaissait pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique" pour avoir lancé un pavé vers des manifestants, lors d'une mobilisation dans la capitale le 1er mai.

Le jugement sera communiqué le 19 décembre.

Sur deux vidéos visionnées à l'audience, on voit le prévenu lancer un pavé en direction de manifestants mais les images ne montrent pas où a atterri le projectile et s'il a blessé quelqu'un.

"Peu importe le résultat mais lorsque le prévenu lance ce pavé il ne peut pas ignorer qu'il peut provoquer des blessures graves", a souligné la procureure, assurant que le geste n'était "pas strictement proportionné".

Emu et le visage fermé, le brigadier a de son côté évoqué "un geste de peur" et "absolument pas" de colère. Mobilisé ce jour-là depuis le matin avec sa compagnie, il a évoqué des "scènes de guérilla" sous "une pluie permanente de projectiles".

Quelques minutes avant les faits, le prévenu avait vu son chef de section être gravement blessé au visage par un pavé jeté par un manifestant.

Il a dit avoir "par réflexe" renvoyé ce pavé "pour avoir une distance de sécurité". Mais "je ne voulais blesser personne", a-t-il rajouté, en soulignant avoir lancé le projectile "dans une zone neutre".

Son l'avocat a plaidé la relaxe.

Pour le juge, qui "sait" que la décision du tribunal sera "très commentée", ces extraits vidéos sont "ravageurs" pour l'image des forces de l'ordre, même s'il prend soin d'évoquer également la "foule agressive" et le "choc des projectiles".


212 enquêtes

Ce procès se tenait cinq jours après de nouveaux affrontements samedi à Paris entre manifestants et forces de l'ordre, lors de manifestations à l'occasion du premier anniversaire du mouvement.

Un nouveau "gilet jaune" y a perdu l'usage d'un oeil, après avoir été blessé par un projectile probablement tiré par la police place d'Italie, théâtre de violences pendant plusieurs heures.

Depuis le début de cette fronde sociale, partie le 17 novembre 2018 d'un refus d'une nouvelle taxe, les "gilets jaunes" dénoncent les violences policières et l'usage des grenades et des lanceurs de balles de défense (LBD) par les forces de l'ordre.

Ces dernières dénoncent en retour la violence d'éléments radicalisés. Au total, selon les autorités, environ 2.500 manifestants et 1.800 membres des forces de l'ordre ont été blessés depuis le début du mouvement.

L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dont l'impartialité est régulièrement mise en cause par les "gilets jaunes" et parfois par la presse, a été saisie d'au moins 212 enquêtes sur des violences policières présumées, selon le parquet.

Dans près de 70% des cas, les investigations de la "police des polices" ont été achevées et les conclusions transmises au parquet de Paris pour qu'il décide des suites de la procédure.

Les cas les plus graves ont donné lieu à des informations judiciaires confiées à des juges d'instruction.

Au total, 372 procédures ont été enregistrées en France après des plaintes contre des forces de l'ordre, selon un décompte du ministère de la Justice transmis à l'AFP.

Parmi elles, 109 ont été classées sans suite.

Selon le décompte du journaliste indépendant David Dufresne établi avant la journée d'action de samedi dernier, 24 personnes ont été éborgnées depuis le début du mouvement.

En mars, la Haut Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Michelle Bachelet avait réclamé à la France une "enquête approfondie" sur les violences policières qui ont émaillé la crise des "gilets jaunes".

Acte disproportionné ou "geste de défense"? Le parquet a requis jeudi trois mois de prison avec sursis à l'encontre du premier policier jugé à Paris pour des "violences volontaires" commises en marge du mouvement des "gilets jaunes".Cette crise sociale qui dure depuis un an a été marquée par des affrontements récurrents entre manifestants et forces de l'ordre et de nombreuses plaintes...