Washington s’est, une nouvelle fois, soustrait aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur de son allié israélien. Après avoir reconnu Jérusalem comme capitale de l’État hébreu et reconnu sa souveraineté sur le Golan, les États-Unis, par l’intermédiaire du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, ont estimé lundi après-midi que la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée « n’est pas contraire au droit international ». Washington revient ainsi sur la position officielle qu’il affiche depuis 1978 sur cette question.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué cette décision, y voyant « le reflet d’une vérité historique », tandis que les dirigeants palestiniens l’ont de leur côté, sans surprise, condamné. Saëb Erakat, le secrétaire général de l’OLP, a parlé d’une « menace pour la paix ».Cette décision semble arriver à point nommé pour Donald Trump, en début de campagne présidentielle, mais aussi pour le chef du gouvernement israélien qui avait annoncé son intention, en septembre, de procéder à l’annexion de la vallée du Jourdain s’il était réélu.
Le point sur la situation avec Aaron David Miller, ancien conseiller et négociateur auprès de différentes administrations américaines et membre du Wilson Center.
Comment expliquer la nature et le timing de la décision de la Maison-Blanche ?
Il n’y a pas de réponse exacte en ce qui concerne le timing. Il y a un grand nombre de motifs que l’on peut évoquer pour sauver M. Netanyahu, surtout durant la période délicate de défis politiques qu’il traverse actuellement.Il était clair depuis son entrée à la Maison-Blanche, l’administration Trump a opéré une véritable « reformulation » de la politique américaine vis-à-vis de la question palestinienne. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Américains l’ont fait de manière très systématique.Ils ont considérablement réduit les chances pour les Palestiniens de se doter d’un État, créé une « solution » pour Jérusalem donnant la priorité aux besoins israéliens par rapport aux Palestiniens, balayé le problème des réfugiés en dénigrant l’Unrwa, en cherchant à « recatégoriser » un réfugié palestinien.Et maintenant, voilà la « légalisation » des colonies israéliennes. Cela était en réalité en préparation depuis un moment au sein de l’administration Trump. Il y a par ailleurs un certain nombre de défenseurs de la colonisation israélienne dans les territoires occupés, tel l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman.Mais une chose doit être claire : depuis 30 ans, et plus exactement depuis le mandat de Ronald Reagan, nous avons évité ce problème et n’avons rien fait pour décourager les activités israéliennes.
(Lire aussi : Décision américaine sur les colonies d'Israël : réprobations dans le monde)
Quels enjeux de politique intérieure pour Donald Trump ?
Il s’agit bien entendu d’apporter une bouffée d’énergie positive pour sa base électorale, en particulier les chrétiens évangéliques, les républicains conservateurs et les électeurs pro-Israéliens. Tous les aspects de la politique étrangère de Donald Trump, ou du moins presque tous, découlent d’un (ou plusieurs) calcul(s) politique(s) intérieur(s).
Est-ce que cela peut donner un coup de pouce politique à Benjamin Netanyahu ?
On ne sait pas vraiment. Le temps qu’avait Benny Gantz pour former un gouvernement s’épuise mercredi (aujourd’hui). Il ne va probablement pas réussir à le faire. Israël va maintenant rentrer dans une période de 21 jours au cours desquels les membres de la Knesset (le Parlement israélien) tenteront de former un gouvernement. S’ils n’y parviennent pas, il y aura un troisième round d’élections législatives.
Et si M. Netanyahu provoque de nouvelles élections et arrive, à l’issue de celles-ci, à former un gouvernement de droite, alors la décision de la Maison-Blanche va s’avérer essentielle. Sinon, son avenir politique risque d’être très compliqué, voire très sombre, et ce que MM. Trump et Pompeo ont annoncé lundi va s’avérer moins important.
Mais je ne crois pas que la décision de la Maison-Blanche changera fondamentalement la situation politique dans laquelle se trouve M. Netanyahu. Il faut noter que Benny Gantz, grand rival électoral de « Bibi », a fortement applaudi le geste de Washington dont il connaissait, selon un journaliste israélien, l’arrivée avant M. Netanyahu. Il l’aurait appris de la bouche de l’ambassadeur américain.
Lire aussi
commentaires (3)
- Archives : Lorsque Israël s'emparait des hameaux de Chebaa (Golan) en 1967, c'est le drapeau syrien qui flottait sur le modeste poste de gendarmerie local. (Issa Goraieb OLJ 4/5/2019). - Mike Pompeo : Les Etats-Unis ont reconnu la souveraineté d'Iaraël sur le Golan. - Dès aujourd'hui, le Hezbollah pro-iranien n'a plus aucune raison de garder ses armes iraniennes et de s'abstenir de s'appeler "résistance" puisque le seul motif de garder son arsenal était de libérer les Hameaux de Chebaa qu'Israël occupa en 1967 en tant que terres syriennes vu que la Syrie n'a jamais reconnu leur appartenance au Liban. CQFD
Un Libanais
20 h 18, le 20 novembre 2019