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Scan TV - Billet

La révolte « acide »

Depuis le 17 octobre, date « déclic » qui marque le début du soulèvement, les protestations se font à tous les niveaux. « Révolte », « émeutes », « révolution », les termes se succèdent et se bousculent sur les plateaux télévisés et sur les réseaux sociaux. Certains les adoptent automatiquement, d’autres se méfient ou même les rejettent à la figure de celles et ceux qui, sans relâche, spontanément, se mobilisent, drapeau à la main ou autour du cou, pour crier leur malaise sur les différentes places publiques du pays. Du sud au nord du pays en passant par la Békaa, les citoyens se relaient et assurent une certaine homogénéité à cette manifestation populaire difficile à réaliser dans un contexte bouillonnant et avec un tissu social aussi hétérogène. Les camps se forment aussi rapidement que la coupure des principaux axes routiers avant que chacun ne se retranche dans sa tanière muni d’un smartphone et reste scotché au petit écran qui diffuse en boucle des propos, certes redondants, mais poignants, de citoyens exprimant un ras-le bol généralisé, et des interventions de journalistes et spécialistes louant ou condamnant ces mouvements dépendamment des chaînes.

Ce petit appareil entre les mains, les utilisateurs réagissent instantanément à tout événement télévisé sur les réseaux sociaux, chacun y exprime comme bon lui semble ses convictions, ses appréhensions, délimitant à son gré la liberté d’expression et le droit de toute personne à exprimer ses opinions. On recense parfois une trentaine de commentaires par internaute et par jour sur les réseaux sociaux. On commente chaque incident, chaque intervention télévisée et chaque nouveau mouvement de protestation. La dynamique d’échanges impulsive des premières heures pimentée de sympathiques traits d’humour (photos) s’est vite transformée, sur les plateaux télévisés et sur les plateformes sociales, en une guerre impitoyable mettant face à face deux camps férocement armés d’une armada de termes dégradants afin d’humilier le camp opposé. On pouvait lire sur certains comptes de personnes tenant habituellement des propos tolérants une série d’injures et de harcèlements indignes de leurs auteurs. Le camp opposé dont il s’agit est formé de collègues, d’amis et parfois même de membres d’une même famille qui, depuis le fameux 17 octobre, s’évitent soigneusement, même du regard, tellement les fractures sont douloureuses et profondes. Si cette révolte, ou révolution comme certains préfèrent la qualifier, a réussi à unifier d’une part sur le terrain des individus « étrangers » venant d’appartenances multiples : sunnites, chiites, chrétiens, druzes, capitalistes, communistes, socialistes, athées, croyants, laïcs, clercs, bourgeois et pauvres, elle a également révélé de profondes déchirures au sein de milieux familiers, dévoilé des abîmes et brisé des liens sociaux anciens et solides. Des informations erronées sont diffusées à tort et à travers avec, à l’appui, des rappels du passé douloureux d’un pays meurtri et d’une guerre fratricide qui n’a pas connu de conclusion. Cette révolte s’est transposée impitoyablement en une adversité irréversible dont on évaluera les conséquences une fois la tempête calmée. Les esprits se sont échauffés et les termes blessants, pire que l’acide, laisseront la plaie ouverte. Il est temps que les mentalités changent, que les chaînes télévisées, les grands orateurs et tous les internautes respectent les opinions différentes des leurs afin de déboucher sur un discours moins agressif prônant la tolérance et l’objectivité au lieu de la haine, le mensonge et la discorde.

Depuis le 17 octobre, date « déclic » qui marque le début du soulèvement, les protestations se font à tous les niveaux. « Révolte », « émeutes », « révolution », les termes se succèdent et se bousculent sur les plateaux télévisés et sur les réseaux sociaux. Certains les adoptent automatiquement, d’autres se méfient ou même...

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