Le président Michel Aoun a reçu hier matin au palais de Baabda les ambassadeurs des pays et des instances qui forment le Groupe international de soutien au Liban (France, Allemagne, Italie, Russie, Royaume-Uni, États-Unis, Chine, Union européenne, Nations unies et Ligue arabe) pour un entretien qui s’est déroulé en présence du ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et du ministre d’État sortant pour les Affaires de la présidence, Salim Jreissati.
Il s’agit de la seconde visite que les représentants diplomatiques du Groupe international de soutien au Liban effectuent à Baabda depuis le début du soulèvement populaire, le 17 octobre dernier.
Le chef de l’État a exposé à ses interlocuteurs sa lecture des circonstances que Liban traverse, ainsi que sa position par rapport aux développements politiques, liés notamment à la formation d’un nouveau gouvernement. Il leur a fait part aussi de son point de vue par rapport aux revendications de la rue et souligné l’importance du document de réformes qu’il avait élaboré alors qu’il était encore député. Le président aurait affirmé aux ambassadeurs que les consultations parlementaires contraignantes, dont il n’a pas encore fixé la date, commenceront « très bientôt ». Selon un communiqué du bureau d’information de l’ONU à Beyrouth, M. Aoun a également sollicité l’assistance de la communauté internationale en vue d’un redressement économique et de la mise en application des réformes, ainsi que pour retour des réfugiés syriens dans leur pays.
Dans une déclaration à la presse au terme de l’entretien, le coordonnateur spécial de l’ONU, Jan Kubis, a invité les dirigeants libanais à « désigner d’urgence un nouveau Premier ministre, à entamer le processus contraignant de consultations parlementaires et à accélérer au maximum la formation d’un nouveau gouvernement, composé de personnalités réputées pour leurs compétences et leur intégrité ». « Un tel cabinet, formé conformément aux aspirations du peuple et soutenu par le plus grand nombre de forces politiques, à travers le vote de confiance du Parlement, sera également mieux placé pour faire appel au soutien des partenaires internationaux du Liban », a-t-il ajouté.
M. Kubis a souligné que « l’intérêt national et l’unité du Liban doivent passer avant toute autre considération ». « La protection constante des civils manifestant pacifiquement par les forces de sécurité, ainsi que contre les provocateurs, le maintien de l’ordre public et le fonctionnement de l’État et de son économie sans recourir à la force ou à la violence relèvent de la responsabilité primordiale des dirigeants libanais et des forces de sécurité », a-t-il dit.
Le coordonnateur spécial a noté qu’il était essentiel que les autorités accordent la priorité aux mesures urgentes visant à maintenir la stabilité monétaire, financière et économique du pays, ainsi qu’à mettre en œuvre les réformes nécessaires, la bonne gouvernance, la fin de la corruption et la responsabilité sans impunité d’une manière transparente. La situation financière et économique est critique et le gouvernement et les autres autorités ne peuvent plus attendre pour commencer à y remédier. « À commencer par des mesures qui donneront confiance à la population et lui garantiront que ses économies licites amassées tout au long d’une vie seront en sécurité et qu’il lui sera possible de poursuivre ses activités normales. L’absence continue d’action exécutive et législative ne fait qu’aggraver la crise et contribuer à l’instabilité sociale », a-t-il ajouté.
Et M. Kubis de poursuivre : « L’ONU est prête à soutenir les mesures urgentes qui contribueront à combattre et à prévenir la corruption, à renforcer la bonne gouvernance, à renforcer la responsabilité, à contribuer à une croissance inclusive et à la création d’emplois, menant à une croissance durable et à la stabilité du Liban. »
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