Le Parlement européen a condamné jeudi l'intervention turque dans le Nord-Est de la Syrie et exhorté Ankara à retirer l'ensemble de ses forces armées.
Dans la résolution, votée à main levée, le Parlement estime que l'intervention militaire "représente une violation grave de la législation internationale, et qu'elle compromet la stabilité et la sécurité de la région dans son ensemble".
Les eurodéputés rejettent la création d'une "prétendue zone de sécurité" et expriment leur solidarité avec le peuple kurde. Ils émettent également des craintes sur une résurgence de Daech (acronyme arabe du groupe jihadiste Etat islamique). Ils demandent aux Etats membres de prendre "une série de sanctions ciblées et interdictions de visa" contre les hauts fonctionnaires turcs "responsables des atteintes aux droits de l'homme perpétrées dans le cadre de l'intervention militaire en cours" et ceux "responsables de la répression des droits fondamentaux en Turquie". "Les députés trouvent inacceptable que le président turc Recep Tayyip Erdogan ait fait des réfugiés une arme et les ait utilisés pour faire du chantage à l'UE", résume le Parlement dans un communiqué. Ils souhaitent que les Etats membres envisagent "la suspension des préférences commerciales au titre de l'accord sur les produits agricoles et, en dernier recours, la suspension de l'union douanière" entre l'Union européenne et la Turquie.
"Nous rejetons en bloc l'approche adoptée aujourd'hui par le Parlement européen au sujet de l'Opération Source de Paix", a réagi dans un communiqué le ministère turc des Affaires étrangères. "Aucune force ne pourra empêcher la Turquie de prendre les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité", assure le communiqué.
Lors d'un débat qui s'est tenu mercredi, de nombreux eurodéputés avaient pointé du doigt "l'impuissance" de l'UE.
"Jusqu'à présent, la réponse de l'UE n'a pas été assez forte", a estimé l'élu néerlandais Malik Azmani (Renew Europe) qui a appelé à "être prêts pour des actions plus fermes: sur les armes, en matière d'économie et de sanctions ciblées".
"Nous restons incapables de réagir", a lancé le Français François-Xavier Bellamy (PPE). Un "silence" dû selon lui à l'absence, d'"autonomie stratégique en matière de défense", au fait que l'UE "a construit un marché au lieu de partager des principes issus de notre civilisation commune" mais aussi au "chantage migratoire" opéré par M. Erdogan.
Le débat a donné lieu à un incident causé par un eurodéputé de la Ligue italienne (extrême droite, groupe ID), Angelo Ciocca. Pour dénoncer ce qu'il considère comme des pressions d'Ankara sur les eurodéputés, il a jeté au centre de l'hémicycle une boîte de chocolats, offerte par les "autorités turques" lors d'une précédente plénière "pour demander au Parlement européen de pousser à la reprise des négociations d'adhésion". Ce "comportement turbulent", selon l'expression du président du Parlement David Sassoli, lui a valu la perte de ses indemnité journalières pendant 10 jours. Il peut faire appel de la décision.
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