Alors que les Libanais restaient mobilisés, vendredi, à travers tout le pays, pour protester contre le pouvoir, quelques heures après les plus importantes manifestations depuis des années dans le pays, provoquées par l'annonce de nouvelles taxes dans un contexte de crise économique persistante, le président du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais (RDCL), Fouad Rahmé, affiche son soutien à la vague de protestation.
« Les gens sont dans la rue parce qu’ils ont faim. Et ils ont raison de le faire. On ne peut plus continuer ainsi, les réformes sont plus que nécessaires. On s’attendait à ce que le gouvernement réduise les dépenses de l’État, mais au lieu de ça, les responsables ont souhaité se diriger vers l’augmentation des taxes », a indiqué M. Rahmé à L’Orient-Le Jour.
Selon ce représentant du patronat, le gouvernement doit prendre des mesures immédiates ou démissionner. « Un gouvernement de gestion des affaires courantes dans ce contexte est une très mauvaise chose, mais on ne peut pas garder une telle équipe. Ils savent très bien quelles sont les réformes à mener mais ne font rien. Qu’est-ce qu’on attend ? » s’est-il insurgé. « Mon espoir est que ce mouvement de contestation se poursuive afin qu’on envoie des signaux clairs à la classe politique, afin qu’ils comprennent que c’est leur avenir politique qui est en jeu », a poursuivi M. Rahmé.
Il revient sur la série de rendez-vous manqués par l’exécutif par rapport à son propre agenda de réformes. « Il n’y a pas eu de véritables efforts de réduction de dépenses dans le budget de 2019, et il n’y en aura pas non plus dans le budget 2020, si l'on se base sur ce que nous en avons vu pour le moment. Le plan pour la réforme du secteur de l’électricité a été voté en avril, nous sommes en novembre et rien n’a été fait : ni la nomination du conseil d’administration d’EDL, ni la création de l’autorité de régulation, ni le lancement de l’appel d’offres... », a-t-il souligné.
Il espère que les développements en cours pousseront le gouvernement à lancer des mesures concrètes. « Aujourd’hui, des décisions doivent être prises pour limiter les dépenses de l’État, en lançant une restructuration administrative. Il faut également faire appel au secteur privé et lancer la privatisation de certains secteurs, car l’État fournit de très mauvais services à des prix exorbitants. Le plan de réforme de l’électricité doit également être lancé », martèle M. Rahmé, qui espère que ces mesures permettront de regagner la confiance des citoyens.
« Il s’agit de restaurer la confiance, et c’est l’unique moyen de le faire. Une fois cette confiance retrouvée, les trois milliards de dollars que les Libanais ont cachés sous leurs matelas ou dans leur placard seront réinjectés dans l’économie. Les taux d’intérêts baisseront. Et nous pourrons relancer l’économie », assure-t-il.
Les plus commentés
Élias Murr est de retour... mais il a bien changé
Le chef de la SG chargé de coordonner avec Damas le sort des 2 500 détenus syriens au Liban
Que sait-on de « Netzah Yehuda », le bataillon israélien dans le viseur de Washington ?