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Liban - Focus

Damas, entre l’opération militaire turque et la visite annoncée de Bassil

À Damas, la vie suit son cours, apparemment sourde aux nouvelles venues du Nord. Pourtant, sous ses apparences de « belle indifférente », la ville grouille de rumeurs, de questions et d’attentes. En dépit des crises successives et des pénuries dues au blocus et au fait que les champs pétroliers qui produisaient 300 000 barils par jour, c’est-à-dire 100 000 de plus que la consommation locale, se trouvent dans le nord du pays, hors du contrôle de l’armée régulière, la vie paraît normale et organisée. Mais même sans le dire franchement, les habitants de la capitale ont les yeux tournés vers le Nord et ce qu’ils appellent ici l’invasion turque. Près de neuf ans de guerre obligent, les responsables utilisent désormais un langage plus franc, loin de la langue de bois si chère au Baas. Le parti reste toujours puissant, même si la vie politique tente de se diversifier.

Avant même qu’on ne les interroge, les responsables évoquent la situation au Nord et affirment qu’aux yeux de Damas, « ce qui se passe là-bas, ce sont des affrontements entre des loups. Nous n’intervenons pas et nous suivons le conseil que nous ont donné les Russes d’adopter une politique de patience positive ». Les responsables rencontrés, qu’ils soient au gouvernement, au Parlement, ou encore des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères (qui gardent l’anonymat parce qu’il ne s’agit pas d’entretiens officiels), sont convaincus qu’à plus ou moins brève échéance, la Jazira (la région syrienne à l’est de l’Euphrate) reviendra sous le contrôle de l’État syrien.

Tout en qualifiant l’opération militaire turque d’invasion, les personnalités rencontrées considèrent qu’il s’agit d’un développement relativement positif. Tout d’abord, parce qu’il est plus facile de traiter avec une armée régulière qui occupe un territoire et dont l’action reste régie par le droit international que d’avoir affaire à des groupes armés. Ensuite, parce que l’opération militaire turque a une limite dans le temps et ne peut donc pas se prolonger indéfiniment. Pour ces personnalités, ce qui se passe dans la zone à l’est de l’Euphrate est sans nul doute le dernier épisode de la guerre. Ils soulignent que 85 pays et 300 000 combattants appartenant à plusieurs nationalités différentes, avec des moyens énormes, ont été mobilisés pour mener cette guerre qui a commencé en 2011 et est passée par plusieurs étapes. Quand la guerre a commencé, le monde entier (ou presque) était d’accord pour qu’elle soit menée contre le régime syrien, disent ces responsables, qui soulignent que, aujourd’hui, les anciens alliés s’opposent. La Turquie par exemple, qui, en 2011, se vantait d’avoir « zéro problème avec ses voisins », est aujourd’hui en conflit avec la plupart d’entre eux et sous sanctions américaines.


(Pour mémoire : Visite de Bassil en Syrie : « C’est son affaire, l’important est le résultat », réagit Hariri)

Divergences avec la Russie

Mais dans le camp adverse, ce n’est pas non plus l’harmonie totale. C’est vrai, répondent les personnalités rencontrées. « Avec nos alliés (en particulier l’Iran et la Russie), nous ne sommes pas d’accord sur tout. Mais il y a entre nous un minimum d’entente sur le fait qu’aucune décision n’est prise sans que le commandement syrien soit consulté. Il y a eu, par exemple, un couac lorsque les Russes ont remis la dépouille du soldat israélien (Zachary Baumel, un commandant de char qui avait disparu entre le 10 et le 11 juin 1982 pendant la guerre du Liban) au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la veille des élections. Nous n’étions pas d’accord et nous l’avons dit. Mais nous devons aussi comprendre que la Russie est une grande puissance qui a ses propres intérêts. La Russie est, par exemple, une alliée d’Israël et elle cherche à préserver les liens avec la Turquie en raison d’intérêts communs. Nous ne sommes donc pas la Russie et la Russie n’est pas la Syrie. Mais la politique russe sert les intérêts de la Syrie et les Russes font pression sur la Turquie pour que nos objectifs soient atteints. Au cours des derniers mois, nous avons libéré plus de 500 kilomètres carrés dans le nord du pays et les réconciliations nous permettent de préserver des vies », dit un de ces responsables. Au chapitre des sujets de divergences, se trouve la Ghouta de Damas, dont la Russie conseillait qu’elle soit laissée de côté. « Mais nous avons insisté de la libérer pour que la capitale puisse respirer », dit un responsable.

Concernant l’Iran, les personnalités rencontrées rappellent qu’au temps du chah, ce pays était l’un des pires ennemis de la Syrie. Mais aujourd’hui, disent-elles, ce qui nous importe c’est la position de l’Iran à l’égard de la cause palestinienne. « Nous ne traitons pas avec les pays selon leur religion ou leur confession. Nos alliés sont la Russie orthodoxe, l’Iran chiite, le Venezuela catholique, la Chine communiste, la Corée du Nord, etc. Pourquoi ce refus de l’Iran ? Parce que ce pays a remplacé le drapeau israélien par celui de la Palestine ? » dit une de ces personnalités.

Selon les responsables rencontrés, l’État syrien contrôle actuellement près de 75 % du territoire. Mais la région du Nord abrite une grande densité de population ainsi que les gisements pétroliers et de grands espaces agricoles. Elle est en quelque sorte la réserve agricole du pays et c’est en cela qu’elle est très importante. Elle est actuellement le théâtre d’un conflit entre les Américains, les Kurdes et les Turcs. Pour les responsables syriens, l’invasion turque est donc un pas en avant, car cette terre n’était pas entre les mains du régime avant que l’opération ne soit lancée. Elle ne lui a donc pas été arrachée par les soldats turcs. Par contre, de plus en plus de pays dans le monde sont convaincus que la solution dans cette zone réside dans le déploiement de l’armée syrienne...

Au sujet de la participation du Hezbollah aux combats en Syrie, les responsables rencontrés affirment que le plan initial était de pousser les groupes armés à contrôler Homs, Qousseir, Dabboussiyé et Tall Kalakh en Syrie, Halba et Tripoli au Liban-Nord, pour y instaurer un État islamique ayant un accès à la mer, et couper le nord de la Syrie de son Sud. C’est ce plan qui a poussé le Hezbollah à intervenir dans la guerre en Syrie et il l’a fait pour le Liban, avant que ce ne soit pour la Syrie...

Les personnalités rencontrées refusent toutefois de commenter la polémique au Liban sur une éventuelle visite du ministre Gebran Bassil à Damas. Il ne peut être que le bienvenu, dit, laconiquement, un responsable, avant d’encourager les visiteurs à participer à la cérémonie prévue dans le cadre du « festival des médias » organisé chaque année à Damas et auquel une délégation de l’ordre des journalistes a pris l’habitude de participer, au même titre que les représentants des journalistes d’Irak, de Jordanie, de Palestine, d’Égypte, de Tunisie et d’autres pays arabes.

Des délégations qui, si elles entrent en Syrie par la frontière libano-syrienne, découvriront, à l’entrée du poste-frontière syrien, un grand portrait du chef du Hezbollah accroché à côté de celui de Bachar el-Assad.


Pour mémoire 

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À Damas, la vie suit son cours, apparemment sourde aux nouvelles venues du Nord. Pourtant, sous ses apparences de « belle indifférente », la ville grouille de rumeurs, de questions et d’attentes. En dépit des crises successives et des pénuries dues au blocus et au fait que les champs pétroliers qui produisaient 300 000 barils par jour, c’est-à-dire 100 000 de plus...

commentaires (4)

Certains bla bla bla ....tandis que d'autres se feront berner ad virtam eternam . Ils doivent sûrement avoir bcp de plaisir à se faire farcir, les dindons !

FRIK-A-FRAK

20 h 26, le 17 octobre 2019

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Commentaires (4)

  • Certains bla bla bla ....tandis que d'autres se feront berner ad virtam eternam . Ils doivent sûrement avoir bcp de plaisir à se faire farcir, les dindons !

    FRIK-A-FRAK

    20 h 26, le 17 octobre 2019

  • certains vuodrait nous faire croire que vivre sous Kaddhafi et saddam et bachar c'etait beaucoup mieux. peux etre pour eux, parce qu'ils faisaient partis de la nomenklatura. pas pour les autres. donc shut, au coin, vos opinions, a la poubelle. Peux etre faudrait ramener un dictateur avec un point de vue opposé au leur et on verra bien les cris a la liberté et a la democratie quand leura droit sonnt piétiné day-in and day-out.. Encore une fois, la democratie n'est pas pour tout le monde. certains meritent de fermer leur GG, et d'obéir. ils ne sont pas qu'a sa, quand on est eduqué comme un mouton, on grandis et on meurs comme un mouton. c'est triste mais c'est comme ca

    Thawra-LB

    17 h 38, le 17 octobre 2019

  • Il n'y a rien à dire ni à ajouter . Faut juste que ceux qui décident de se déculotter, je parle des pays défaits par ce héros syrien , arrêtent de nous prendre pour des perdreaux de la dernière pluie , eux qui n'arrivent plus à se regarder dans un miroir. Et se taisent plutôt que de nous donner des leçons de morale à 2 balles avec leur liberté des femmes , d'expresson , de démocratie etc.... Du temps des dictateurs saddam ou kaddafi ou tous ceux qui ont été dégagés par des soulèvements sur remont control pour le plaisir d' un état d'apartheid usurpateur , les populations vivaient beaucoup mieux .

    FRIK-A-FRAK

    16 h 33, le 17 octobre 2019

  • il est temps de remettre les comptes a 0. traiter avec la Syrie sur un pied D'EGALITÉ et pas sur une notion que le Liban est la cour arrière des Syriens. Plus jamais les Syriens n'auront leurs mot a dire sur la politique que le Liban devrait adopter, ceci inclus et surtout le conflit Israelien et la question palestinienne. Si il faudrait retourner a Damas pour renflouer notre economie, faisont le, avec des pincette certe, vu l'odeur nauseabonde de ce regime, mais faisont le quand meme. Quand a la Syrie en elle meme, no one cares. c'etait un trou noir dans la societé des nations et va le rester. Quand ces diplomate disent qu'ils entretiennent des relations avec La Coree du nord, l'iran, le Venezuela et la Russie. ces pays n'ont qu'une seule chose en commun: la corruption et l'autoritarisme. Certe certains de nos moutons locaux s'y associent, vu que nous avons beaucoup d'ahuris chez nous qui défendent encore: le modele de l'homme fort (ce n'est jamais une femme forte bizarrement). Ce modele est revolut, et toute nation qui espere un jour rentrer dans les bancs de nations développé doivent penser a un autre systeme. celui de la prosperité et du developpement. You cannot teach an old dog new tricks, c'est a dire, qu'il est tout bonnement inconcevable de construire un pays avec la meme equipe, qui perd constamment depuis des années. il faudra un vrai changement.

    Thawra-LB

    14 h 04, le 17 octobre 2019

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