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Culture - Initiative

La mosaïque levantine est-elle toujours pertinente ?

À l’occasion d’un concours photo, l’Arab-German Young Academy of sciences and humanities (AGYA) a soulevé la question de l’identité et des divergences au Levant.

La photographie lauréate du concours « Re: Levant ».

À l’occasion de l’annonce des résultats du concours photo « Re: Levant », organisé par l’Arab-German Young Academy of sciences and humanities (AGYA), cette académie en a profité pour soulever la question de l’identité et des divergences au sein de la région du Levant. « Qu’est-ce que les pays du Levant ont en partage et qu’est-ce qui les tient à distance ? Où résident les opportunités et les défis de cette région? Comment notre appartenance au Levant agit-elle dans votre vie de tous les jours ? » C’est le genre de questions auxquelles devaient répondre les participants du concours de photographie AGYA, dont la remise des prix a eu lieu vendredi dernier au musée Sursock.

Issus des États de la région, une centaine de participants ont envoyé leurs photos à l’Académie arabo-allemande. Dix de ces clichés ont été retenus et exposés au sous-sol du musée. La lauréate du premier prix, Nadine Koudsi (Syrie), a remporté les 1 500 euros de récompense, alors que Moustapha Abdel Wahed (Liban) et Mohammad Zaanoun (Palestine) remportaient respectivement les deuxième et troisième prix.

L’idée de ce concours était de « tisser de nouvelles relations entre les pays arabes, avec un regard particulier sur le Levant construction sociale et espace géographique. L’objectif étant d’en apprendre plus sur cette région à travers des photographies exprimant différentes points de vue ».

Parmi ces photos, on pouvait voir une fillette sur une plage de Gaza ; une adolescente syrienne de Lattaquié vendant des roses ; des clochers côtoyant des dômes de mosquées à Tripoli ; des passants attroupés devant une des portes de l’ancienne ville de Jérusalem ; la citadelle d’Alep… autant d’éléments représentant les conflits et richesses d’un Levant pour le moins fragilisé.


Une catégorie toujours pertinente ?

Pour Zeina Hobeika, coprésidente d’AGYA et chef du département des sciences de la vie et de la Terre à l’USJ, « cette compétition avait pour but de faire réfléchir à la manière dont aujourd’hui les jeunes conçoivent l’idée du Levant, de la région. D’où le titre “Re: Levant”, qui renvoit au terme anglais “relevant”, c’est-à-dire pertinent ».

Biochimiste spécialisée en structure, fonction et ingénierie des protéines, Zeina Hobeika dit se considérer « avant tout libanaise, ensuite levantine ». « Une identité est complexe, et l’une des composantes majeures de la mienne aujourd’hui, c’est justement ce côté oriental-levantin », affirme-t-elle. Ce sentiment d’appartenance au Levant, elle l’explique par plusieurs éléments, à la fois historiques, ethnologiques et sociologiques. « Outre l’histoire et la langue, il y a les valeurs sociales et familiales, la cuisine, et même des traits de caractère communs : les gens de cette région sont souvent généreux, quand bien même ils seraient brouillons et un peu envahissants. Je trouve ces gens passionnés, je les trouve solides, capables d’endurer des conditions très difficiles et de faire face à ces obstacles. »

Et Zeina Hobeika d’insister sur la force de son attachement à ses racines orientales et levantines, se référant à un texte que l’écrivaine Hoda Barakat, invitée par AGYA, a lu au musée Sursock : « J’ai beau vivre en France depuis 30 ans, je lis tous les jours les journaux et la littérature de la région. J’ai l’impression qu’en ouvrant une fenêtre à Paris, cette fenêtre ouvre aussi sur le Liban et sur le Levant. J’écris en arabe, je sens aujourd’hui le besoin d’entrer en contact avec ce lectorat levantin. Je suis heureuse de participer à cet événement autour du Levant ici, à Beyrouth. »


Pluridisciplinarité

Zeina Hobeika est membre d’AGYA depuis 2017 et en est devenue la coprésidente en 2018, elle partage cette fonction avec Jean Achkar, professeur lui aussi à l’USJ et coordinateur régional de l’Académie arabo-allemande rattaché à la Berlin-Brandenbung Academy.

« AGYA, explique-t-elle, c’est l’Académie arabo-allemande des jeunes chercheurs en sciences et humanités. C’est la première académie bilatérale au niveau international. Elle est financée par le ministère allemand de la Recherche, et a pour but de réunir des chercheurs allemands et arabes, toutes sciences confondues : sciences humaines, sciences sociales, technologie naturelle, arts… L’idée est de réunir tous ces chercheurs qui sont pluridisciplinaires pour travailler sur des projets ayant un impact sur la société, pour aboutir à des politiques publiques et sociales. »

Cette pluridisciplinarité, représentée par la présence de l’écrivaine Hoda Barakat, de jeunes photographes, d’intellectuels, et aussi du musicien Rami Chahine qui présentait une de ses compositions lors de la soirée au musée Sursock, est le témoignage d’une volonté d’AGYA de s’inscrire durablement dans la société libanaise et d’offrir des capacités de financement important à des projets. « AGYA est un réseau de collaboration international énorme, qui permet de s’insérer dans un remarquable ensemble de chercheurs de toutes disciplines », explique encore Zeina Hobeika. Cette académie offre un échange culturel, scientifique et professionnel très enrichissant.

« L’Allemagne et le Liban entretiennent pas mal de liens historiques. Leurs relations se manifestent dans la culture, la politique et les fouilles archéologiques. Les Allemands ont contribué de façon constructive à la découverte et à la reconnaissance du patrimoine archéologique libanais. Ils sont toujours aussi intéressés par cette région, et nous sommes intéressés, de notre côté, par leur savoir-faire. Ils ont construit des sociétés dans lesquels les jeunes ont la possibilité de réussir leur insertion professionnelle. C’est un échange gagnant-gagnant pour les deux parties », conclut la vice-présidente d’AGYA.


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