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Campus - DÉBAT

Élections politisées à l’université : qu’en pensent les étudiants ?

Alors que les amicales restent pour la plupart affiliées à des partis, les points de vue des jeunes se multiplient quant à l’ingérence au niveau universitaire.

Photo prise lors des élections estudiantines à l’USJ le 5 octobre. Photo extraite du site de l’USJ

Cela fait parti du vécu de presque tout étudiant libanais. Lors des campagnes électorales pour les amicales d’étudiants, les candidats peuvent se montrer assez agressifs, au risque d’enfreindre un bon nombre de règles de bonne conduite pour des élections démocratiques, parce que, pour eux, il s’agit de gagner à tout prix. Il n’est pas rare non plus pour les gagnants de présenter leur victoire au leader du parti politique concerné, et de mettre un label politisé sur leurs universités pour tenter de marquer « leur territoire ». En effet, les élections estudiantines restent un reflet des élections parlementaires au niveau national et sont, par conséquent, très attendues (et tendues).

« Je trouve qu’il demeure important de célébrer la “victoire” de son parti, car il faudrait que l’orientation politique des jeunes ressorte et qu’elle soit prise en considération », affirme Joseph Abdallah, 21 ans, étudiant à la faculté de droit et de sciences politiques à l’Université Saint-Joseph (USJ) et partisan des Forces libanaises (FL). Pour lui, l’amicale des étudiants doit rester politisée car, au-delà des services qu’elle propose au sein d’une faculté, elle se doit d’organiser des conférences afin de raviver le débat politique parmi les jeunes « puisque, dans notre contexte, parler de politique est inévitable », estime-t-il. Omar Doughan, 21 ans, étudiant en sciences politiques et en affaires internationales à la Lebanese American University (LAU), ne voit non plus aucun inconvénient à ce que les amicales soient politisées. Depuis son entrée à l’université, il considère qu’il s’est vite senti sur la même longueur d’onde que les partisans du courant du Futur, mais que le travail qui se fait au sein de l’amicale demeure « universitaire, et non pas politique, sans aucune pression externe ». Il souligne également l’importance d’avoir le support des étudiants, bien plus que des partis politiques, afin de faire mieux parvenir la voix des jeunes à l’administration, notamment en ce qui concerne les frais de scolarité, par exemple. De ce fait, le jeune homme affirme qu’il encourage volontiers des candidats méritants issus d’autres partis politiques. En contrepartie, une autre étudiante à la LAU, qui a voulu rester anonyme (car « ils seront en colère contre moi s’ils me lisent »), estime que beaucoup de bons candidats, responsables et leaders, ne parviennent pas à obtenir de sièges au sein de l’amicale d’étudiants parce qu’ils sont indépendants ou appartiennent au « mauvais parti politique ».



(Lire aussi : Le 14 Mars remporte le scrutin du campus de Huvelin, espace emblématique pour les souverainistes)



L’étudiant avant tout
De plus en plus de jeunes considèrent que l’université ne doit pas devenir un miroir de la scène politique du pays. C’est le cas de Ronaldo Kaddoum, 21 ans, étudiant en médecine à l’USJ et en sciences politiques à l’Université libanaise (UL). L’ancien partisan du Courant patriotique libre (CPL) pense que « les partis politiques avaient un rôle au sein des universités avant 2005, puisque ces dernières étaient le seul endroit où ces partis pouvaient se présenter. Mais aujourd’hui, étant donné que les jeunes peuvent s’exprimer librement, la politique n’a plus de plus-value à l’université qui se veut avant tout un lieu d’échange culturel et académique ». En effet, pour le médecin en devenir, dire qu’un parti X a gagné les élections n’apporte rien au parti lui-même, les élections étant universitaires et non pas nationales, mais surtout, cela n’est bénéfique en rien pour les étudiants. Ainsi, Ronaldo estime que « la montée des mouvements indépendants commence à changer la perception des jeunes envers les élections estudiantines, puisque ces mouvements font un double effort pour se faire remarquer à travers leur programme électoral et des activités concrètes ». À titre d’exemple, le mouvement « Taleb » commence à se distinguer lors des élections estudiantines de la faculté de droit et de sciences politiques à l’USJ. « Taleb » a toutefois une idéologie politique, tout en étant « indépendant des partis politiques externes à l’université », explique Raymond Asmar, un étudiant de 21 ans qui est impliqué au sein du mouvement. Ce dernier se base sur les principes de « la démocratie, la laïcité, la justice sociale et l’écologie » qui pourraient, selon le jeune homme, se traduire facilement en actions pratiques au sein du campus. L’important, pour lui, est de placer les besoins des étudiants, et seulement des étudiants, avant tout, en dehors de la pression des partis politiques. Et si les jeunes commençaient à mettre leurs besoins en premier, on pourrait sans doute espérer un changement …

Pour rappel, les élections estudiantines ont eu lieu le 4 et le 5 octobre respectivement à la LAU et à l’USJ, et auront lieu le 18 octobre à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et à l’Université Notre-Dame (NDU).



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