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Économie - Crise

Les commerçants mobilisés face à « l’effondrement du secteur privé »

Rassemblement de commerçants devant un centre commercial. Photo relayée par l’ACB

Une partie des commerçants libanais ont fermé leurs magasins et ont manifesté hier de 11 heures à midi dans le but de « protester contre l’effondrement du secteur privé », suivant l’appel lancé une semaine plus tôt par l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB). Pas moins de 70 organisations professionnelles locales, dont les organismes économiques et le Rassemblement de dirigeants et chefs d’entreprise libanais (RDCL, une entité distincte du RDCL

World), ont suivi le mouvement, a assuré le président de l’ACB, Nicolas Chammas, lors d’un discours prononcé à la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban en marge de la mobilisation. Selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), les commerçants ont été nombreux a fermer leurs portes pendant une heure, notamment à Tripoli (Liban-Nord), Jounieh (Kesrouan), Saïda et Tyr (Liban-Sud), ou encore Zahlé (Békaa) ainsi que dans plusieurs localités du Metn. Les associations participantes ont envoyé de nombreuses photos à la presse témoignant de l’ampleur du mouvement.

Contraction du PIB selon la Banque mondiale

À Beyrouth, la situation semblait plus nuancée, certains magasins, cafés, restaurants et commerces de stations-service ayant décidé de ne pas arrêter le travail, dans des proportions variant selon les zones. Des commerces qui, pour justifier leur non-fermeture, expliquaient ne pas pouvoir chasser les clients ou leur interdire l’accès. De plus, certaines organisations n’ont pas manifesté leur soutien à l’initiative de l’ACB, à l’instar de l’Association des importateurs de voitures ou celles représentant les supermarchés. Certains acteurs interrogés considéraient par ailleurs que la manifestation était beaucoup trop symbolique par rapport aux enjeux.

Durant son discours à la Chambre de commerce, M. Chammas a une nouvelle fois jugé que « le secteur privé s’effondre aux dépens des institutions publiques », faisant référence au relèvement de la grille des salaires des fonctionnaires voté en 2017, une mesure qui s’est accompagnée de l’adoption la même année de dispositions qui ont alourdi la fiscalité des entreprises. Il a également dénoncé l’augmentation des risques (de fermeture) des commerces, passant de 10 % avant la crise syrienne en 2011, à 90 % actuellement, selon lui. M. Chammas a tenu à rappeler que les autres secteurs, tels que l’industrie, l’agriculture, la santé, l’éducation, le logement et la construction, sont dans la même situation critique.

L’ACB a lancé ce mouvement jeudi passé pour dénoncer l’impact des mesures fiscales adoptées les années précédentes sur l’activité du secteur privé. L’association craint également que le gouvernement, qui est actuellement en train de finaliser un projet de budget pour 2020 visant à respecter les engagements de réduction du déficit public pris par les dirigeants lors de la conférence de Paris d’avril 2018 (la CEDRE), n’impose de nouveaux impôts et taxes alors que l’activité économique est au plus bas. La situation a empiré depuis cet été avec le resserrement de la quantité de dollars sur le marché local (voir encadré) où il circulait librement depuis des années, suite à une décision de la Banque du Liban.

Dans un rapport sur la zone MENA publié hier, la Banque mondiale a d’ailleurs revu une nouvelle fois à la baisse ses prévisions pour le Liban en 2019. Alors qu’elle avait tablé en avril sur une croissance de 0,9 % du PIB, l’organisation de Bretton Woods estime désormais que cette dernière devrait se contracter de 0,2 %. Une révision qui survient environ un mois après que l’Institut de la finance internationale (IFI), qui rassemble plus de 450 banques et institutions financières à travers le monde et dont les prévisions concernant le Liban étaient généralement plus optimistes que celles des autres organisations, eut estimé que le PIB libanais devrait se contracter de 0,6 % sur le même exercice.

Une réalité qui devrait notamment rattraper le ministère des Finances, dont l’avant-projet de budget initial tablait sur une prévision de croissance de 1,2 % pour une inflation de 2,8 %.

M.A. et P.H.B.

Une partie des commerçants libanais ont fermé leurs magasins et ont manifesté hier de 11 heures à midi dans le but de « protester contre l’effondrement du secteur privé », suivant l’appel lancé une semaine plus tôt par l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB). Pas moins de 70 organisations professionnelles locales, dont les organismes économiques et le...

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