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À La Une - Réformes

L'Arabie saoudite, "ultime frontière" qui fait rêver les professionnels du tourisme

Pour attirer des voyageurs en mal de nouveauté, fuyant des sites touristiques déjà saturés à travers le monde, l'Arabie saoudite compte beaucoup sur la région d'Al-Ula.

Une sculpture représentant un dromadaire saoudien et datant de l'ère pré-islamique exposée à l'Institut du Monde Arabe à Paris, le 7 octobre 2019. Photo AFP / FRANCOIS GUILLOT

La promesse de sites mystérieux et presque déserts, loin des foules qui fréquentent d'autres destinations: la lente ouverture de l'Arabie saoudite au tourisme fait rêver les professionnels, malgré le rigorisme religieux et la mauvaise réputation du pays en matière de droits humains.

"Il est à la fois intéressant et nécessaire d'aller en Arabie saoudite: l'intérêt touristique est indiscutable car les vestiges et paysages sont incroyables, et cela permettra aussi des échanges avec la population alors que le pays est dans une mutation inexorable", s'enthousiasme auprès de l'AFP Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde qui y proposera des séjours au plus tard au début de l'année 2020.

Le royaume ultra-conservateur, qui compte notamment cinq sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco, réservait jusqu'à présent ses visas aux pèlerins musulmans et aux expatriés.

Mais il y a dix jours, l'Arabie saoudite a commencé à délivrer des visas touristiques pour les ressortissants de 49 pays. Et 24.000 étrangers sont depuis entrés avec un tel visa, ont annoncé mardi les autorités.

"L'ultime frontière touristique, c'est l'Arabie saoudite", écrivait en septembre le célèbre guide Lonely Planet dans la sixième édition de son guide sur la péninsule arabique. Tharik Hussain, qui a rédigé la section dédiée au royaume, raconte que "c'était comme aller à Petra ou à Angkor, mais s'y retrouver tout seul, à part quelques locaux". "La plupart des sites sont profondément mystérieux, c'était une expérience magique qui n'aurait pu se produire nulle part ailleurs", résume-t-il à l'AFP.

Pour attirer des voyageurs en mal de nouveauté, fuyant des sites touristiques déjà saturés à travers le monde, l'Arabie saoudite compte beaucoup sur la région d'Al-Ula. Présentée comme un musée à ciel ouvert de ruines et vestiges archéologiques pré-islamiques, la zone abrite notamment le site de Madain Saleh construit il y a plus de 2.000 ans par les Nabatéens.

Al-Ula fait l'objet d'une exposition inaugurée en grande pompe mardi à l'Institut du monde arabe de Paris, et qui sera ouverte au public à partir de mercredi et jusqu'au 19 janvier. Paris et Riyad avaient signé en 2018 un accord pour développer pendant dix ans l'immense potentiel touristique du site.


(Lire aussi : Visa touristique en Arabie : 24 000 entrées en 10 jours)



La curiosité plus forte que les restrictions

Rares sont les visiteurs étrangers à avoir pu arpenter Al-Ula et "la nouveauté est donc une force pour nous, d'autant que le site est intact et préservé", met en avant Amr Al-Madani, le PDG de la Commission royale pour Al-Ula. "Nous attendons entre 300.000 et 400.000 visiteurs par an pour la période 2020-2023. Les principaux marchés touristiques que nous ciblons dans un premier temps sont la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Chine et la Russie", détaille-t-il.

Reste à savoir si les visiteurs étrangers ne seront pas rebutés par un pays qui applique la charia la plus stricte et où, par exemple, les homosexuels encourent en théorie la peine de mort. Sans compter le scandale international causé l'an dernier par le meurtre du journaliste critique du régime Jamal Khashoggi, ou encore le contexte géopolitique extrêmement tendu, après de récentes attaques sur des installations pétrolières d'Arabie saoudite.

"Sans l'ombre d'un doute, le royaume a un énorme potentiel touristique. Mais pour beaucoup de voyageurs, il y a encore des obstacles qu'ils vont devoir surmonter pour vivre l'expérience saoudienne", estime Tharik Hussain du Lonely Planet. "Avant même de partir, certains peuvent se poser la question d'apporter leur soutien à un pays au bilan controversé. Pour d'autres, il y a l'incertitude d'entrer dans un pays où les choses fonctionnent très différemment, comme le fait que la société saoudienne s'arrête cinq fois par jour pour la prière, ou encore la différence de traitement entre hommes et femmes qui affecte la vie quotidienne. Mais beaucoup de voyageurs ont aussi envie de passer outre pour expérimenter quelque chose de nouveau", selon lui.

Parallèlement à la délivrance de visas de tourisme, l'Arabie saoudite a assoupli le code vestimentaire pour les femmes étrangères, et annoncé que les couples étrangers non mariés, ainsi que les femmes seules, pouvaient désormais louer une chambre d'hôtel.

"Les gens sont continuellement à la recherche de nouvelles destinations, comme l'Iran il y a quelques années", renchérit Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage qui rassemble les professionnels français du tourisme, qui veut croire que "là où il y a des touristes, il y a échange et confrontation de cultures, cela aide les idées à circuler".


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