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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

Structure et névrose obsessionnelle (suite)

De nos jours, on parle de trouble obsessionnel compulsif (TOC) ou OCD en anglais et on ne parle plus de symptôme obsessionnel, de névrose ou de structure. Le conflit entre les pulsions sadiques anales et le surmoi, qui divise le sujet et qui produit le symptôme, n’est plus pris en compte par la psychiatrie du DSM. Cela est remplacé par le mot trouble qui évacue toute notion causale.

Le symptôme obsessionnel se présente souvent comme une caricature du trait de caractère anal. De la propreté parfois excessive, on passe aux rituels de lavage. L’obsessionnel en arrive à se laver les mains une quarantaine de fois par jour. Et si le savon ne suffit pas, c’est à l’alcool qu’il se nettoie.

Il en est de même de la vérification, qui peut devenir un symptôme invalidant de la vie quotidienne. Un mécanicien me racontait qu’il ne pouvait remettre son travail qu’après avoir vérifié un nombre incalculable de fois qu’il avait bien serré une vis. Il finit par être renvoyé par son patron pour perte de temps inutile.

Si l’hystérique est « indifférente » à son symptôme, l’obsessionnel en souffre énormément. Freud expliquait cette différence par la réussite du refoulement dans l’hystérie et par son échec partiel dans la névrose obsessionnelle. Alors que, dans l’hystérie, la conversion totale de l’affect dans le corps permet à l’hystérique d’oublier tout à fait ce que le symptôme représente et d’être ainsi indifférente à son symptôme, dans la névrose obsessionnelle il y a comme une progression continue des attitudes défensives, car le refoulé n’arrive pas à tenir en place. Et le refoulé en question dans la névrose obsessionnelle est composé de pulsions sadiques anales contre lequel l’obsessionnel doit absolument lutter.

On en arrive aux rituels. La répétition des gestes constitue alors une tentative désespérée d’annuler le geste précédent. Un patient mettait un temps désespérément long pour traverser le couloir qui menait de la salle d’attente au bureau de consultation : chaque pas en avant était annulé par un autre pas en arrière dans le but d’annuler la signification inconsciente que prenait le pas en avant. Le pas en avant exprimait une pensée hostile à l’égard du père du patient.

La cure psychanalytique de l’obsessionnel requiert de l’analyste une tout autre gymnastique que celle de l’hystérique. Il est important de rappeler que c’est l’analyse des obsessionnels qui a amené Lacan à modifier le temps des séances et à pratiquer des séances à durée variable. Car l’obsessionnel construit son discours en fonction de l’heure et ne laisse aucune place à une parole imprévue. Il peut passer ainsi sur le divan un temps infini sans que rien ne change.

La relation à l’analyste est l’occasion pour que se déploie son fantasme essentiellement sadomasochiste. Comme il faisait attendre sa mère pour lui « offrir » à sa guise son bol fécal en cadeau, il fera attendre son analyste avant de lui offrir une parole. Considérant que c’est l’analyste qui lui demande de parler et non la règle fondamentale de l’analyse, l’obsessionnel lui livre un duel en refusant de parler. Il en sera de même dans la relation de l’obsessionnel avec le cadre. Oubliant qu’il s’est engagé avec son analyste sur un minimum de règles, il transforme toute règle en une demande supposée de la part de son analyste, demande qu’il va refuser en jouissant.

D’où la difficulté qui attend l’analyste lors de son intervention ou de sa non-intervention. Si avec l’hystérique c’est l’identité sexuelle de l’analyste qui est mise à rude épreuve, avec l’obsessionnel, c’est son identité d’analyste qui en prend un coup : il en arrive à douter de son acte.



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