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Économie - Interview

Bruno Bouygues : En France, les jeunes se tournent de plus en plus vers les PME

Bruno Bouygues est le PDG de GYS depuis 2004, fondée à Laval en 1964. Ce fabricant d’équipements de soudage et de chargeurs de batteries – qui n’appartient pas au grand groupe industriel français – a réussi à se développer avec succès à l’international. « L’Orient-Le Jour » a rencontré le dirigeant lors de la dernière édition des « petits déjeuners du management » des alumni de l’École supérieure des affaires (ESA), à Beyrouth, vendredi dernier, où il était invité en tant qu’intervenant.

Photo Sally Mïre

Bruno Bouygues, vous connaissez bien le Liban et les PME libanaises…

J’ai eu en effet la chance de visiter le Liban à plusieurs reprises depuis 1992 et beaucoup de clients de GYS en Afrique de l’Ouest, du Sénégal à l’Angola, sont libanais. Mais c’est la première fois de ma vie, ici à l’ESA, que j’ai eu l’occasion de partager mon expérience en matière d’entreprise familiale, de gouvernance ou de développement technologique devant autant de personnes (une centaine de participants, selon les organisateurs, NDLR).

J’étais même un peu ému parce que (…) quand j’ai parlé de mes expériences personnelles, j’ai vu des sourires, des gestes qui montraient bien que les gens s’associaient un peu à mon parcours de dirigeant d’entreprise familiale (GYS a été rachetée dans les années 1990 par Nicolas Bouygues – frère de Martin Bouygues – et est depuis devenue une ETI de plus de 700 personnes réparties sur cinq pays).

Quels sont, selon vous, les points de ressemblance entre les PME françaises et libanaises ?

La dimension familiale est sans doute le point commun le plus évident. Ces PME sont, en France ou au Liban – où elles constituent l’essentiel du tissu entrepreneurial du pays –, des entreprises dans lesquelles les parents essaient de mobiliser leurs enfants, de créer une culture familiale. Par contre, les PME libanaises se distinguent par leur capacité à créer des réseaux. (En France), elles concentrent généralement davantage leurs efforts dans le développement technique.

Le modèle de PME (ou d’ETI) a-t-il encore une place dans l’industrie mondiale où la force de frappe de certains acteurs, comme les entreprises chinoises, laisse peu de place à la concurrence ?

Ce n’est plus forcément vrai aujourd’hui. En Chine, par exemple, l’offre commence à se restructurer. Il y a 20 ans, il y avait beaucoup de copies de produits étrangers, mais depuis une dizaine d’années, la recherche sur les produits « Made in China » s’accélère. En clair, le haut de gamme et le milieu de gamme gagnent du terrain au profit du bas de gamme qui n’a que le prix comme avantage comparatif.

Parmi les autres facteurs pouvant laisser du champ à la concurrence, il y a aussi le fait que le coût de la main-d’œuvre chinoise augmente – l’inflation des salaires dans ce pays est 7 à 8 % par an, un niveau supérieur à la moyenne européenne –, ou encore que la Chine souhaite mettre en place un système de retraite, ce qui alourdit les charges sociales et patronales des entreprises de ce pays. En France, certaines mesures fiscales récentes, comme le crédit d’impôt recherche, ou le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), donnent aujourd’hui les moyens à des PME d’être plus compétitives que leurs concurrentes chinoises.

Au-delà de ces considérations, j’ai constaté qu’il y avait, depuis quelques années en France, un regain d’intérêt des jeunes diplômés pour les entreprises familiales « à la libanaise ». Cela s’explique notamment par le fait que ce type d’entreprises offrent plus de possibilités d’évolution et de flexibilité par rapport aux grands groupes internationaux où les carrières sont plus structurées.


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