Affaire Fakhoury : sept anciens détenus de Khiam entendus, de nouvelles plaintes déposées

Sept anciens détenus de la prison de Khiam ont témoigné hier devant la juge d’instruction militaire, Najat Abou Chacra, dans le cadre de l’instruction lancée à l’encontre de l’ancien responsable de cette prison du Liban-Sud, Amer Élias Fakhoury, en détention depuis son retour au Liban il y a une dizaine de jours.

Ces anciens détenus sont Anouar Yassine, Lafi el-Masri, Youssef Termos, Abbas Kabalan, Jihad Hammoud, Nabih Awada et Ahmad Taleb.

À sa sortie du tribunal, Anouar Yassine a indiqué à la presse que Amer Fakhoury « se trouvait à la tête d’une unité d’agents chargés de la prison de Khiam. Il supervisait les opérations de torture », a-t-il dit. L’avocat chargé de défendre les anciens détenus, Maan el-Assaad, a indiqué pour sa part que Amer Fakhoury « essaye d’échapper aux sanctions par le biais de certaines brèches dans la loi. Nous, de notre côté, essayons de colmater ces brèches », a-t-il dit.

Par ailleurs, des dizaines d’avocats et plusieurs anciens prisonniers et activistes ont déposé de nouvelles plaintes devant le procureur général, pour différents crimes, contre l’ancien cadre de l’Armée du Liban-Sud (ex-milice pro-Israël).

L’ordre des avocats a en outre officiellement autorisé Céline Atallah, l’avocate de M. Fakhoury, qui n’est pas de nationalité libanaise mais américaine, à représenter ce dernier devant les tribunaux libanais, et notamment le tribunal militaire. L’ordre a toutefois précisé que toutes les procédures juridiques devaient être également suivies par l’avocat libanais François Élias, qui doit assister à toutes les audiences avec Me Atallah.

Maan el-Assaad a critiqué cette décision, se demandant si le système américain autorisait un avocat libanais à assister aux audiences qui ont lieu aux États-Unis, soulignant qu’il n’existe « aucun protocole entre le Liban et les États-Unis justifiant une telle décision ».

La juge Abou Chacra avait lancé le 17 septembre un mandat d’arrêt à l’encontre de Amer Fakhoury.

En 1996, M. Fakhoury, qui aurait commis selon des sources judiciaires les pires actes de torture lorsqu’il était en charge de Khiam, avait été condamné par contumace à 15 ans de prison pour collaboration avec Israël. Se croyant couvert par la prescription, il a voulu rentrer au pays, ne s’attendant pas à ce que les autorités l’appréhendent pour d’autres crimes, notamment l’obtention présumée de la nationalité israélienne.