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Nos Lecteurs ont la Parole - par Andrée SALIBI

La soif du juste

« À un point donné de la corruption, certains se croient incorruptibles. »

Robert SABATIER

La situation de notre pays est désastreuse. Le désordre et la corruption se sont propagés dans tous les secteurs du pouvoir, et on assiste à une détérioration irrémédiable. C’est le résultat cumulatif des mandats précédents qui avaient ignoré les abus, les vols et la falsification de la loi.

La séparation des pouvoirs - législatif, exécutif et judiciaire - est un principe fondamental des démocraties. Le politique et le religieux sont deux litiges qui existent dans notre société et se confondent, et leur empiétement retarde nombre de solutions. Les instances judiciaires manquent elles aussi d’indépendance et leurs jugements ne sont pas toujours justes et droits.

Le nouveau gouvernement doit entamer son travail avec loyauté et rectitude, sans embrouillement aucun, sans intrusion des autorités religieuses ou politiques. Des poursuites et des sanctions pour dénoncer et juger les coupables sont essentielles pour un bon démarrage et pour la restitution de l’État de droit tant désiré.

Mais la manipulation mentale prime dans notre société et affecte le politique. Elle influence les pensées, les choix et les actions d’une personne. Elle fausse la perception de la réalité en utilisant des rapports de séduction, de suggestion, de persuasion et de soumission comme les sectes et les lavages de cerveau. Elle profite des petits esprits pour instaurer des prises de position et de faux jugements.

Pour faire face à ces manipulations, l’esprit critique doit rester intact. L’éducation doit apprendre aux écoliers et aux étudiants le pluralisme, le fait d’accepter qu’il y ait plusieurs vérités. Or, les partis politiques manipulent les étudiants depuis leur bas âge en formant des partisans bornés, et le religieux ne fait qu’empirer les choses. Le « libéralisme éducatif » est saccagé et la pensée libre est asservie.

Le monde d’aujourd’hui vit dans la corruption, les guerres, les dominations, les injustices et la destruction. La doctrine principale est l’argent, le pouvoir et le profit. Les valeurs humaines disparaissent. Même la nature est saccagée pour servir d’arène aux méchancetés et négligences de l’homme. Les peuples sont meurtris, soucieux et tourmentés. Le grand nombre de blessés et de morts ne fait plus frémir personne. La terre se détériore et les maladies virulentes se propagent et font des ravages parmi les populations. Personne ne réagit pour combattre ces abominations. De la vanité insatiable, un monde de course et de folies gouverné par des prétentieux ignobles.

Le Liban d’aujourd’hui est le reflet de ceux qui l’ont gouverné ces dernières années. Les divisions existantes n’ont fait qu’aggraver la situation détournant les esprits de l’essentiel. Les responsables, les religieux, les fortunés, les trafiquants sont les vraies causes de notre défaillance. La médiatisation a détérioré la vérité en diabolisant les faits et le réel. La transgression de la loi a fait perdre le respect des procédures judiciaires. Le commerce qui n’est autre que la course au profit a empiété sur les droits des pauvres et des démunis. Et les guerres provoquées ne sont que des solutions faciles pour conserver le pouvoir.

Pourvu que les consciences se réveillent avant que notre Liban périsse. Dix justes auraient suffi pour sauver Sodome ; Dieu n’ayant pas trouvé ce nombre décida de détruire la ville pour punir ses habitants. Pourvu que ce sort ne nous soit pas réservé un jour.

La corruption est un sujet abject qui tracasse les Libanais. Mais chez nous, les corrompus sont toujours inconnus et impunis. Un nombre restreint de ministres intègres et libres pourraient changer la donne si on les laissait faire et si on mettait à leur disposition les aides nécessaires pour réussir leurs fonctions. De jeunes ministres pleins de vigueur et de bonne volonté, prêts à sauver ce qui reste à sauver pour un environnement propre, une sécurité assurée et une médication de qualité.

Comme le dit si bien Voltaire : « Un jour, tout sera bien, voilà notre espérance. Tout est bien aujourd’hui, voilà l’illusion. »


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

« À un point donné de la corruption, certains se croient incorruptibles. » Robert SABATIERLa situation de notre pays est désastreuse. Le désordre et la corruption se sont propagés dans tous les secteurs du pouvoir, et on assiste à une détérioration irrémédiable. C’est le résultat cumulatif des mandats précédents qui avaient ignoré les abus, les vols et la falsification...

commentaires (3)

C- F- Contributions et Interprétations, je vous remercie de vos commentaires, tres interessant.

Salibi Andree

10 h 48, le 19 septembre 2019

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Commentaires (3)

  • C- F- Contributions et Interprétations, je vous remercie de vos commentaires, tres interessant.

    Salibi Andree

    10 h 48, le 19 septembre 2019

  • Vous écrivez : ""La médiatisation a détérioré la vérité en diabolisant les faits et le réel..."" Ça résume tout. Chaque formation politique a son média, son organe de presse, sacrifiant la sacro-sainte ""vérité des faits"". Tout fonctionne, et le spectateur dupe ou complice, et non seulement chez nous, selon le ""biais de confirmation"". Tout ce désordre est au nom du droit à l’information, ou de la liberté d’expression… C.F.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    12 h 42, le 18 septembre 2019

  • Bon, c’est très bien, d’accord sur tout, mais beaucoup d’idées en vrac, qu’il faut les mettre en ordre, les agencer, exactement comme un joueur par addiction au jeu, de cartes, ou que sais-je, au scrabble. Un mot revient sous votre plume : ""CORRUPTION"". À priori, ce mot fait peur, mais tous les économistes ont signalé le coût exorbitant de la corruption sur l’économie d’un pays. Il faut remédier à ce fléau, mais nous sommes en Orient, passe-droit et faveur sont un sport. Retenez cet adage bien oriental, et tout de suite : ""QUAND ON TRAVAILLE DANS LE MIEL, DIFFICILE DE NE PAS GOÛTER"". C’est vous dire Madame Salibi, à quel point la corruption est bien une longue et pénible maladie… C.F.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    12 h 35, le 18 septembre 2019

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