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Liban - Interview

Compassion, efficacité, sécurité : les règles d’or du système d’immigration canadien rappelées

Ottawa n’accepte pas les demandes d’asile présentées par des personnes, précise l’ambassadrice Emmanuelle Lamoureux à « L’OLJ ».

Emmanuelle Lamoureux, ambassadrice du Canada, invite les candidats à l’émigration à se protéger de la fraude. Photo L’OLJ

Quelques milliers de réfugiés palestiniens se sont mobilisés cet été à plusieurs reprises, à l’appel de comités se disant apolitiques, pour demander à Ottawa de leur accorder le statut de réfugiés. Ces mouvements de revendication ont été accompagnés de rumeurs affirmant que le Canada s’apprêtait à accueillir 100 000 réfugiés palestiniens dans le cadre du plan de paix américain pour le Moyen-Orient, et qu’Ottawa avait facilité ses procédures d’immigration. Rumeurs rapidement démenties par les autorités canadiennes.La première mobilisation, le 6 août dernier, a vu la participation de plusieurs centaines de personnes devant l’ambassade du Canada à Jal el-Dib. Elle a été suivie d’un second mouvement de protestation au même endroit le 5 septembre. Rebelote, le 11 septembre, mais cette fois dans le centre-ville de Beyrouth, pour un mouvement de plus grande ampleur, au cours duquel le Canada et les chancelleries des pays d’émigration (Australie et pays de l’UE) ont été invités à accorder « l’asile humanitaire collectif » aux Palestiniens du Liban et ceux déplacés de Syrie.

Les manifestants n’ont pas manqué de désavouer les dirigeants et partis politiques palestiniens, se disant « otages du droit au retour ». Ils ont aussi fait part de leur « refus de rester réfugiés à vie ». Des revendications qui n’ont pas manqué d’interpeller les Libanais de Tripoli qui ont organisé un sit-in, eux aussi, le 30 août, devant l’ambassade canadienne, pour réclamer que le Canada leur ouvre ses portes.Ces mouvements populaires coïncident avec une volonté annoncée du ministre du Travail, Camille Abousleiman, de faire appliquer à la lettre les restrictions légales liées à l’emploi des réfugiés palestiniens. Sans compter que la crise économique sévit, de même que le chômage qui touche particulièrement la jeunesse peu qualifiée. Au plus fort des mouvements de protestation, L’Orient-Le Jour a sollicité une interview de l’ambassadrice du Canada, Emmanuelle Lamoureux. La diplomate rappelle l’attachement d’Ottawa aux procédures d’immigration « de manière équitable et non discriminatoire », et invite les candidats à l’émigration au Canada à bien s’informer sur le site officiel du gouvernement sur « la façon de se protéger de la fraude ». Aux réfugiés palestiniens qui réclament l’asile, elle répond que « le Canada n’accepte pas les demandes d’asile présentées par des personnes dans les ambassades du Canada à l’étranger, peu importe les circonstances ».


(Lire aussi : Après les Tripolitains, de jeunes Palestiniens protestent devant l’ambassade du Canada)


Quelles sont les raisons des mouvements de protestation devant les locaux de l’ambassade du Canada de la part de Libanais et Palestiniens ? IRCC (Immigration, réfugiés, citoyenneté, Canada) parle de rumeurs. Ces mouvements ne seraient-ils pas plutôt liés à des refus de visas de la part des autorités canadiennes ou d’arnaques de la part d’agences d’immigration ?

Les protestataires nous ont informés qu’ils cherchent à se réinstaller au Canada où ils espèrent avoir un avenir plus prospère pour eux-mêmes et leurs familles. Le gouvernement du Canada est déterminé à appliquer les procédures d’immigration de manière équitable et non discriminatoire. Toutes les demandes du monde entier, y compris du Liban, sont évaluées de façon uniforme en fonction des mêmes critères. Le nombre d’immigrants que le Canada accueille chaque année est fondé sur le Plan des niveaux d’immigration. Nous avons confiance en nos programmes et continuerons de veiller à ce que notre système d’immigration soit fondé sur la compassion, l’efficacité et les débouchés économiques, tout en protégeant la santé et en assurant la sécurité des Canadiens.

Malheureusement, il arrive parfois que des personnes qui souhaitent s’installer au Canada se fassent induire en erreur par des individus qui tentent de profiter d’eux. Un site du gouvernement du Canada contient des informations utiles sur la façon de se protéger de la fraude. Les représentants du gouvernement canadien n’appelleront jamais pour demander de déposer de l’argent dans un compte bancaire personnel ni de transférer de l’argent par l’intermédiaire d’une société de transfert d’argent privée.


(Lire aussi : Rassemblement devant l’ambassade du Canada de jeunes candidats libanais à l’émigration)



Les autorités canadiennes pratiquent-elles une politique restrictive concernant l’octroi de visas aux Libanais ou aux Palestiniens ? Vous invitez les candidats à l’émigration au Canada à envoyer leurs demandes sur le site officiel. Mais ce site semble difficilement accessible à une jeunesse défavorisée.

Le Canada accueille des gens du monde entier. Avant d’entamer leur démarche, ces derniers doivent se fier à des renseignements exacts. La meilleure façon d’être accueilli par le Canada est de présenter une demande au titre de l’un de nos programmes d’immigration, qui sont ouverts aux demandeurs qualifiés, peu importe leur pays d’origine. Pour plus d’informations sur l’immigration au Canada, veuillez consulter la page suivante : https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/services/immigrer-canada.html. Au cours des dernières années, nous avons élargi l’accès pour nos clients à l’étranger, en aidant les personnes par courriel grâce au formulaire web d’IRCC, et en répondant aux questions sur les médias sociaux. (…) Nous travaillons de plus à améliorer notre site web (…) en vue d’en accroître la convivialité et l’accessibilité.

Pour ce qui a trait aux réfugiés, le Canada compte principalement sur le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), d’autres organismes d’aiguillage désignés et des répondants du secteur privé au Canada pour identifier et aiguiller les réfugiés en vue de leur réinstallation.

Le Canada n’accepte pas les demandes d’asile présentées par des personnes dans les ambassades ou missions du Canada à l’étranger, peu importe les circonstances. Le programme de réinstallation des réfugiés s’adresse aux personnes à l’extérieur du Canada, qui cherchent une protection. De plus, les personnes ne peuvent pas présenter directement une demande de réinstallation au Canada à titre de réfugié à une ambassade du Canada.

Ainsi, les efforts de réinstallation du Canada se concentrent sur la réinstallation des réfugiés les plus vulnérables, y compris les populations prioritaires et les personnes à risque dont le HCR a déterminé qu’elles ont besoin d’être réinstallées. Le HCR est le principal organisme d’aiguillage pour le Canada.

Nous reconnaissons que les réfugiés palestiniens au Liban souffrent de niveaux élevés de pauvreté, de chômage et d’insécurité alimentaire, et que les conflits régionaux ont exacerbé les difficultés économiques au Liban et ont rendu de plus en plus difficile l’accès des jeunes Libanais à l’emploi et à la sécurité de leur subsistance. Le Canada est déterminé à aider les plus pauvres et les plus vulnérables grâce à son aide internationale.

Les réfugiés palestiniens au Liban, en Cisjordanie, à Gaza, en Jordanie et en Syrie relèvent du mandat de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), et non du HCR. C’est pourquoi, depuis 2016, nous avons fourni 110 millions de dollars canadiens à l’Unrwa dans la région, y compris au Liban. Depuis 2016, le Canada a également alloué près de 250 millions de dollars d’aide au Liban pour faire face aux effets des conflits régionaux.



Pourriez-vous donner quelques chiffres concernant l’émigration annuelle des Libanais au Canada et des Palestiniens du Liban ? Qu’en est-il des visas de visite ?

Les statistiques à cet effet sont compilées par pays, et non par région ou ville d’origine des réfugiés ou migrants‎. À titre d’information, selon IRCC, durant l’année 2019 et jusqu’en juillet,

1 145 émigrants du Liban ont été admis au Canada en tant que résidents permanents. Parmi eux, 365 travailleurs qualifiés, 180 candidats des provinces ou territoires, 315 époux ou conjoints de fait parrainés, 75 parents ou grands-parents parrainés, 90 personnes protégées, 25 réfugiés. Alors qu’en 2016, 1 910 émigrants du Liban avaient été admis au Canada en tant que résidents permanents et en 2018, seulement 1 505.Concernant les visas de visiteurs, chaque visiteur au Canada doit démontrer à l’agent d’immigration qu’il répond aux exigences de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR) et du Règlement sur l’immigration et la protection des réfugiés, et que son séjour au Canada est temporaire.

Dans ce cadre, les agents des visas examinent de nombreux facteurs afin de déterminer si le demandeur est un résident temporaire authentique, les liens qu’entretient la personne avec son pays d’origine, l’objet de la visite, la situation familiale et économique de la personne, la stabilité économique et politique globale du pays d’origine. Quiconque demande la résidence temporaire au Canada doit démontrer qu’il n’est pas interdit de territoire, qu’il est en bonne santé, qu’il n’a pas de casier judiciaire, qu’il ne constitue pas une menace pour la sécurité du Canada, qu’il est titulaire d’un passeport ou d’un titre de voyage valide, qu’il a suffisamment d’argent pour subvenir à ses besoins et à ceux des membres de sa famille (s’il y a lieu) pendant qu’ils sont au Canada, qu’il a suffisamment de liens à son pays d’origine, qu’il quittera le Canada lorsque son visa expirera, qu’il satisfait à toutes les autres exigences de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.

Les demandes du monde entier sont examinées de façon uniforme et en fonction des mêmes critères. Les demandes de visa sont étudiées au cas par cas, à la lumière des renseignements présentés par le demandeur.



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Quelques milliers de réfugiés palestiniens se sont mobilisés cet été à plusieurs reprises, à l’appel de comités se disant apolitiques, pour demander à Ottawa de leur accorder le statut de réfugiés. Ces mouvements de revendication ont été accompagnés de rumeurs affirmant que le Canada s’apprêtait à accueillir 100 000 réfugiés palestiniens dans le cadre du plan de paix...

commentaires (1)

Il serait intéressant de savoir combien de demandes ont été déposées, par rapport au nombre de personnes acceptées au Canada.

Lebel Claire

06 h 15, le 17 septembre 2019

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Commentaires (1)

  • Il serait intéressant de savoir combien de demandes ont été déposées, par rapport au nombre de personnes acceptées au Canada.

    Lebel Claire

    06 h 15, le 17 septembre 2019

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