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Économie - Classement

La compétitivité du secteur touristique poursuit son déclin

Les prix pratiqués par les professionnels du tourisme du pays du Cèdre sont moins compétitifs que ceux des pays du Golfe.


Le Liban espère cette année se rapprocher du record de 2,17 millions de touristes, atteint en 2010. Photo P.H.B.

Le tourisme est, du moins en apparence, un des rares secteurs de l’économie libanaise à tirer son épingle du jeu, avec un nombre de visiteurs en hausse de 8 % à fin juillet et un taux d’occupation des hôtels quatre ou cinq étoiles de la capitale en hausse de 27 % sur la même période, selon les derniers chiffres disponibles (voir encadrés). L’attractivité du pays ne semble toutefois pas trouver sa source dans la compétitivité des services offerts par les professionnels libanais, comme le suggère le dernier classement bisannuel de l’indice sur la compétitivité touristique du Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF) publié cette semaine. Le WEF a en effet rétrogradé le pays du Cèdre à la 100e place sur les 140 économies retenues. Malgré un score de 3,4 points sur 7, en légère hausse par rapport à la précédente édition, le Liban perd ainsi quatre places par rapport à 2017 (sur 136 pays) et six depuis l’édition 2015. Au niveau régional (zone MENA), le Liban occupe la 13e place sur les 15 pays sélectionnés, juste derrière le Koweït (96e) et devant l’Algérie (116e). Les trois premiers sont les Émirats arabes unis (33e), le Qatar (51e) et Israël (57e), alors que le dernier est le Yémen, qui est aussi le dernier du classement mondial.


Perception du danger
Le principal handicap de cette région est la perception du danger, liée entre autres au terrorisme, précise le WEF. La zone MENA est en outre celle qui possède la plus grande part de PIB régional liée au tourisme, comparée aux quatre autres zones de l’étude (l’Europe et l’Eurasie, les Amériques, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Pacifique). C’est aussi la seule dans laquelle les touristes venus d’autres parties du monde consomment plus que ceux venus des pays de la même région.

Au niveau mondial, les pays les plus compétitifs sont, comme en 2017, l’Espagne, la France et l’Allemagne, avec le même score global de 5,4 points. L’Espagne occupe la tête du classement depuis six ans. L’Europe reste la région la plus attractive vu que six des dix pays les plus compétitifs sont européens. Les régions de l’Europe de l’Ouest, du Nord et du Sud sont les plus attractives, bien que l’Europe de l’Est commence à leur faire de la concurrence.

L’indice développé par le WEF note sur un barème de 7 points quatorze critères regroupés en quatre sous-indices : adéquation de l’environnement (aux niveaux commercial, sanitaire, sécuritaire, ainsi qu’en matière de ressources humaines et de connectivité) ; compatibilité de la réglementation (priorité donnée au tourisme, niveau d’ouverture à l’international, compétitivité des prix, qualité de l’environnement) ; niveau des infrastructures (voies terrestres, ports, aéroports et infrastructures touristiques) ; et enfin atouts (naturels et culturels).

Le Liban est respectivement 91e (4,5 points), 93e (4,3), 86e (3,1) et 125e (1,7) sur chacun des quatre sous-indices.


Faiblesse des atouts
Au niveau des critères, le pays s’en sort plutôt bien avec une 51e place (pour un score de 5 points) pour celui mesurant la priorité donnée au tourisme, malgré le fait que le budget du ministère du Tourisme soit un des moins élevés dans le budget pour 2019. En ce qui concerne ses atouts naturels, le Liban se pose, en revanche, à une catastrophique 130e place (pour un score de 2 points). Il reste que ce critère est très mal noté pour la majorité des pays de la zone MENA. Régulièrement engorgé ces dernières années, l’Aéroport international de Beyrouth obtient la note de 2,5 points, et hisse cette infrastructure à un modeste 80e rang mondial.

Enfin, les carences du pays en matière de compétitivité se constatent même au niveau des critères où il figure dans la première moitié du classement. Au niveau de la compétitivité des prix, par exemple, le pays, 68e avec 5,5 points, est moins bien classé que la plupart des pays du Conseil de coopération du Golfe qui ont un revenu médian globalement supérieur – dans l’ordre, Qatar (18e, 5,9), Arabie saoudite (21e, 5,9), Bahreïn (28e, 5,8), Oman (31e, 5,7), Koweït (50e, 5,6) et Émirats arabes unis (64e, 5,5).

Au niveau de ses voisins proches, le Liban ne peut logiquement pas suivre l’Égypte (3e, 6,5) et la Turquie (48e, 5,6), dont les monnaies ont été dévaluées ces dernières années, mais reste en revanche devant la Jordanie (83e, 5,3), Chypre (114e, 4,8) et Israël (139e, 3,6). Selon un rapport publié par le cabinet de conseil Ernst & Young, le prix moyen pour une chambre dans un hôtel quatre ou cinq étoiles à Beyrouth est largement supérieur à la moyenne régionale.

En 2018, 1,4 milliard de touristes se sont rendus dans un pays étranger, selon l’organisation touristique mondiale (World Tourist Organization), et ont généré 10,4 % du PIB mondial. Cela fait 7 ans que la croissance touristique mondiale de 4 % dépasse celle des marchandises qui est de 3 %. Les prévisions penchent vers 1,8 milliard de touristes d’ici à 2030. Le Liban, dont les revenus liés au tourisme ont atteint 8,4 milliards de dollars en 2018 (+10,4 % en un an et 15 % du PIB), espère cette année se rapprocher du record de 2010 (2,17 millions de touristes en termes de fréquentation).


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