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Nos Lecteurs ont la Parole - Nicolas SBEIH

Comment torpiller un projet

Les installations publiques au Liban ont un délai au terme duquel elles deviennent impratiquables. Je ne parle pas des turbines électriques, par exemple, qui auraient une vie de 20-30 ans, mais des projets plus durs, comme les routes. Prenons l’autoroute du Sud (Beyrouth-Khaldé-Saïda), construite dans les années 1990 avec comme budget plusieurs dizaines de millions de dollars, parallèlement à des dizaines de millions pour les expropriations de terrains. Dans ce cadre, on avait dit à l’époque qu’elle devait être « fermée », c’est-à-dire sans accès direct des riverains, sauf pour les sorties et les échangeurs réglementaires. Légalement, l’État peut exproprier jusqu’à 25 % de votre terrain sans vous indemniser, en considérant que ce qui reste sera plus cher du fait de la nouvelle route. Mais les propriétaires de ces terrains, sachant que ce sera une route « fermée », se sont insurgés puis ont exigé – et obtenu – une bonne compensation supplémentaire.

Une fois l’autoroute achevée, tout cela fut oublié et, avec l’appui de divers partis et milices, les riverains ont commencé à construire en bordure de l’autoroute : d’abord avec 20 mètres de recul, puis 10, puis 5, puis zéro, puis +1, c’est-à-dire qu’ils ont empiété sur la route en construisant des magasins. Avec les étals de fruits qui s’étirent de plus en plus, les conducteurs qui s’arrêtent pour acheter, d’autres qui se garent en double file, les empiétements prennent rapidement le quart de la largeur de l’autoroute. Pour occuper le reste, on envoie quelqu’un au beau milieu de la chaussée pour gesticuler et inciter les automobilistes à profiter de ses produits.

D’ici 10 à 15 ans, l’autoroute ne sera plus qu’un lointain souvenir, transformée en souk populaire. On ira alors supplier les riches de ce monde : « De grâce, prêtez-nous de quoi construire une autre autoroute, celle-ci est devenue obsolète. »

Ce sera à l’occasion de la conférence CEDRE-4… qui ressemblera davantage à un saule pleureur.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Les installations publiques au Liban ont un délai au terme duquel elles deviennent impratiquables. Je ne parle pas des turbines électriques, par exemple, qui auraient une vie de 20-30 ans, mais des projets plus durs, comme les routes. Prenons l’autoroute du Sud (Beyrouth-Khaldé-Saïda), construite dans les années 1990 avec comme budget plusieurs dizaines de millions de dollars,...

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