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Nucléaire: Paris avertit Téhéran, Le Maire à Washington


Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire. Photo d'archives AFP

Paris a averti mardi l'Iran qu'il enverrait "un mauvais signal" s'il décidait de réduire de nouveau dans les prochains jours ses engagements dans le cadre de l'accord sur le nucléaire, comme a menacé de le faire le président iranien Hassan Rohani.

Dans le même temps, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire était mardi en mission à Washington pour examiner avec l'administration américaine ce qu'elle est prête à accepter pour que les Iraniens puissent reprendre leurs exportations de pétrole.

Il est à Washington "pour voir quels engagements elle est prête à prendre pour donner suite à ce que le président (américain Donald) Trump a dit" lors du dernier sommet du G7, a précisé une source diplomatique française.

Le président français Emmanuel Macron et sa diplomatie multiplient les efforts pour tenter de sauver l'accord censé limiter le programme nucléaire iranien, dont Washington s'est retiré en 2018 tout en rétablissant des sanctions qui étranglent l'économie iranienne.

Paris cherche à la fois à convaincre les Etats-Unis d'alléger les sanctions qui paralysent les exportations de pétrole iranien, et l'Iran de reprendre ses engagements dans le cadre de l'accord nucléaire.

Il y a "encore beaucoup de choses à régler, cela reste très fragile", a souligné mardi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Mais "l'on se parle (...) avec une relative confiance", a-t-il ajouté devant l'Association de la presse diplomatique française, au lendemain d'une réunion entre experts français et iraniens à Paris.

Dans ces négociations, l'Iran enverrait "clairement un mauvais signal" s'il réduisait de nouveau ses engagements en matière nucléaire cette semaine, a relevé la source diplomatique.

Une telle décision "rendra le travail plus compliqué mais la même nécessité demeurera parce qu'il n'y a pas d'autres moyens de sortir de l'escalade actuelle que ceux que nous proposons", selon cette source.

Le président iranien a averti mardi que son pays continuerait à réduire ses engagements, à moins d'une percée dans les discussions avec les Européens d'ici deux jours.

"Si d'ici à jeudi ces négociations n'aboutissent à aucun résultat, nous annoncerons la troisième phase de réduction de nos engagements", a déclaré M. Rohani.

L'Iran réclame des Européens (France, Allemagne, Royaume-uni) cosignataires de l'accord des mesures pour compenser les pertes induites par les sanctions américaines. Ces dernières semaines, Téhéran a augmenté ses stocks d'uranium enrichi au-delà de la limite fixée par le texte, et porté ses activités d'enrichissement à un niveau prohibé (plus de 3,67%). Il pourrait les augmenter à 20%.

M. Rohani a toutefois réaffirmé que ces mesures étaient réversibles et que les négociations pourraient continuer après la troisième étape.

Le ministre français des Affaires étrangères a relativisé les propos du président iranien, en pointant "un jeu d'affichage public" vis-à-vis des tenants les plus durs du régime à Téhéran.

L'Iran tire 80% de ses ressources en devises de la vente de pétrole ou de produits pétroliers. Le retour des sanctions l'isole presque totalement du système financier international et lui fait perdre la quasi-totalité de ses acheteurs de pétrole.

Parmi les scénarios envisagés figure le déblocage d'une ligne de crédit internationale de 15 milliards de dollars en faveur de l'Iran, qui la rembourserait via des ventes futures de pétrole.

"C'est un chiffre qui n'appartient qu'aux Iraniens", qui correspond à environ un tiers des exportations iraniennes d'hydrocarbure en 2017, et "on ne peut pas le préjuger", souligne toutefois la source française.

Selon Jean-Yves Le Drian, cette ligne de crédit "garantie par du pétrole" serait accordée "contre un retour de l'Iran au JCPOA (accord sur le nucléaire iranien), la sécurité dans le Golfe et l'ouverture de négociations approfondies à la fois sur la sécurité régionale et le post-2025", date à laquelle certaines restrictions contenues dans l'accord commencent à tomber.

Mais "tout cela suppose obligatoirerement que le président américain pose des waivers (dérogations) sur tel ou tel point" des sanctions, a-t-il souligné. Ce qui est l'objet des discussions de M. Le Maire à Washington.

Pour absorber l'équivalent de 15 milliards de pétrole iranien, il y a trois pays "très intéresssés - le Japon, l'Inde et la Chine", selon la source diplomatique. 

Paris a averti mardi l'Iran qu'il enverrait "un mauvais signal" s'il décidait de réduire de nouveau dans les prochains jours ses engagements dans le cadre de l'accord sur le nucléaire, comme a menacé de le faire le président iranien Hassan Rohani.Dans le même temps, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire était mardi en mission à Washington pour examiner avec l'administration...