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Moyen Orient et Monde - Élection

La campagne d’une présidentielle très indécise s’ouvre en Tunisie

L’un des candidats le plus souvent mis en avant, l’homme d’affaires Nabil Karoui, est en prison depuis le 23 août.

La campagne présidentielle démarrait officiellement hier en Tunisie, un mois et demi après le décès du chef de l’État Béji Caïd Essebsi, un scrutin aussi indécis que vital pour l’unique pays rescapé des printemps arabes de 2011, qui doit encore consolider les acquis démocratiques.

Prévue en novembre, cette élection a été anticipée du fait de la mort le 25 juillet de M. Essebsi (92 ans), premier président élu au suffrage universel direct, et aura finalement lieu le 15 septembre.

Huit ans et demi après la chute de la dictature, « c’est la première fois que les Tunisiens n’ont aucune idée de qui va être président », souligne le groupe de réflexion Joussour. En 2014, lors de la première présidentielle de l’après-révolution, « il y avait deux grands champions », le sortant Moncef Marzouki – élu fin 2011 par l’Assemblée nationale constituante – et M. Essebsi. « Là, tout est possible. » Le nombre de candidats sur la ligne de départ – 26 – est un premier signe de l’incertitude qui entoure cette fois le scrutin.

Le 15 septembre, quelque 7 millions de Tunisiens seront appelés aux urnes, après une vigoureuse opération d’inscriptions sur les listes électorales ayant permis d’atteindre de nombreux jeunes. Si l’instance chargée d’organiser les élections, l’ISIE, a interdit la publication de sondages, ce qui complique l’évaluation du poids politique des candidats retenus, certaines enquêtes d’opinion circulent.

L’un des candidats le plus souvent mis en avant, l’homme d’affaires Nabil Karoui, est en prison depuis le 23 août après avoir été inculpé pour « blanchiment d’argent ». L’ISIE a validé sa candidature, et son premier meeting devait être assuré par son épouse lundi soir à Gafsa, ville minière du centre du pays. Les soutiens de M. Karoui ont accusé le chef du gouvernement Youssef Chahed (43 ans), qui est l’un de ses rivaux, d’en être l’instigateur.

Plus tôt dans l’année, le gouvernement de M. Chahed avait présenté une loi éliminant M. Karoui de la course, mais cet amendement, voté au Parlement, n’a pas été promulgué par le défunt président Essebsi. Le Premier ministre a néanmoins nié tout lien avec l’arrestation de Nabil Karoui, affirmant que celle-ci avait même renforcé la popularité de cette personnalité médiatique, en campagne depuis des mois à coups d’opérations de bienfaisance dont sa chaîne Nessma TV s’est largement fait l’écho.

« Élection ouverte »

MM. Chahed et Karoui, ainsi qu’au moins quatre autres candidats, sont issus ou proches du parti séculariste Nidaa Tounes, qui avait servi de rampe de lancement à M. Essebsi en 2014. Ce rassemblement de mouvements hétéroclites autour d’une plate-forme commune anti-islamiste est aujourd’hui en miettes, décimé par des luttes de clans.

De son côté, le parti d’inspiration islamiste Ennahda, principale formation au Parlement, présente pour la première fois son propre candidat, le président par intérim de l’Assemblée (ARP), Abdelfattah Mourou. Cet avocat septuagénaire à la verve appréciée porte l’habit traditionnel tout en prônant l’ouverture du parti.

Pour le politologue Hamza Meddeb, il y a une possibilité sérieuse que M. Mourou « soit au second tour ». « La grande inconnue sera son rival vu la fragmentation du paysage séculariste, ça pourrait être Nabil Karoui, Youssef Chahed ou Abdelkrim Zbidi », ancien ministre de la Défense.

M. Zbidi, technocrate sexagénaire, est sorti de l’ombre après avoir été appelé au chevet de M. Essebsi, qui l’a ainsi placé sur la liste de ses successeurs potentiels. Un universitaire indépendant néophyte en politique, Kais Saïed, s’est fait une place en haut des enquêtes d’opinion mais, à défaut de soutien partisan, difficile d’évaluer son poids.

Plusieurs anciens ministres et Premiers ministres – comme Mehdi Jomaa, ex-chef d’un gouvernement de technocrates, ou Hamadi Jebali, un dissident d’Ennahda – sont également dans la course, ainsi qu’une pasionaria anti-islamiste, Abir Moussi. « C’est une élection ouverte et elle restera probablement ouverte au second tour », avance M. Meddeb.

La date des législatives a été maintenue au 6 octobre, alors que le second tour de la présidentielle doit avoir lieu avant le 13 octobre, selon l’ISIE. Ces élections doivent permettre à la Tunisie de poursuivre son processus démocratique, qui a tenu bon malgré un malaise économique et social persistant et une situation sécuritaire longtemps dégradée – avec des dizaines de morts lors d’attentats en 2015-16. Si l’économie fait figure de principale préoccupation, la thématique sécuritaire s’est rappelée à la mémoire des Tunisiens lundi : un membre de la garde nationale a péri lors d’échanges de tirs près la frontière algérienne au cours desquels trois jihadistes ont aussi été tués.

Source : AFP

La campagne présidentielle démarrait officiellement hier en Tunisie, un mois et demi après le décès du chef de l’État Béji Caïd Essebsi, un scrutin aussi indécis que vital pour l’unique pays rescapé des printemps arabes de 2011, qui doit encore consolider les acquis démocratiques.Prévue en novembre, cette élection a été anticipée du fait de la mort le 25 juillet de M. Essebsi...

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