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Liban - Mémoire

Rue d’Arménie, un camion balaie un vestige de l’histoire ferroviaire du Liban

Le fameux pont de fer s’est effondré hier, après avoir été percuté par le véhicule. Les habitants craignent son démantèlement.

Le pont métallique de la rue d’Arménie s’est écrasé, hier, sur un camion. Anwar Amro/AFP

Le pont en fer emblématique de la rue d’Arménie, dans le prolongement de Mar Mikhaël, une relique de la ligne ferroviaire abandonnée, a failli tuer hier un chauffeur de poids lourd dont le véhicule a percuté la structure. Au-delà du danger que son état de délabrement représentait, de l’absence des travaux de maintenance et de la négligence du chauffeur qui aurait mal estimé la hauteur de son véhicule, ce pont porte la mémoire de tout un quartier et rappelle un temps où le Liban avait encore des transports publics dignes de ce nom.

Le pont, dont la création remonte à la fin du XIXe siècle, est tombé sur la cabine du chauffeur en en écrasant une grande partie. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre les habitants du quartier aidant le conducteur à s’extirper du véhicule via une vitre préalablement brisée. Alors que les agents s’activaient hier en milieu de journée à dégager le poids lourd de l’emprise des rails, la circulation avait été déviée vers les routes avoisinantes. Yervant, un résident du quartier de 86 ans, connaît bien ce pont. Et pour cause, il a pris le train plusieurs fois durant sa jeunesse, notamment pour se rendre en Turquie. « Le train allait en Palestine, en Égypte ou encore à Bagdad. Je l’ai pris en 1957 pour aller à Istanbul. Le voyage a duré trois jours. Il partait de la gare située près du port et transportait parfois des conteneurs jusque dans les pays du Golfe », raconte Yervant, installé sur une chaise devant son magasin. « La municipalité n’a pas entretenu ce pont. Heureusement que personne n’a été tué aujourd’hui (hier), lance l’octogénaire. Le Liban est dans le chaos, plus rien ne va. »

« Beaucoup de camions qui passent par ici heurtent le pont. À chaque fois que cela arrive, on entend un bruit qui ressemble à celui d’une explosion. À force d’être heurté, le pont a fini par se disloquer », explique pour sa part un commerçant de la rue d’Arménie. Réagissant à l’incident, le Courant patriotique libre a demandé dans un communiqué que les responsables soient poursuivis, assurant que « l’Office des chemins de fer affilié au ministère des Transports a été sollicité à plusieurs reprises pour des travaux de maintenance de ce pont historique ». Le CPL a appelé à la restauration du pont et à le remettre en place en l’élevant un peu plus pour éviter les collisions.

« Cela fait plusieurs mois que le pont est incliné, après avoir été cogné de manière répétitive », confie également Hagop, 50 ans. Il dit se souvenir du train qui passait dans le quartier quand il était encore enfant. « C’est un symbole pour les habitants et un point de repère, pour donner une adresse à un taxi par exemple. Le pont avait une suite qui surplombait un terrain avoisinant. Mais le propriétaire du terrain a obtenu gain de cause et le pont a été amputé », explique-t-il.

Beyrouth-Alep-Beyrouth

Avak, 86 ans, a pris le train une seule fois dans sa vie pour aller à Aley. « Il y avait bien un train qui passait par là, se souvient-il. Je suis monté dedans quand j’étais jeune, pour assister à un événement de scoutisme à Aley. » Toros, 61 ans, observe la scène de l’accident avec un groupe d’amis. Il confie avoir pris le train à plusieurs reprises quand il était petit, notamment dans le cadre de sorties scolaires. « À l’école, on nous emmenait en train pour voir la neige à Dahr el-Baïdar. C’était un moment de bonheur car nous adorions faire des trajets en train. Nous rentrions à Beyrouth le soir en prenant le train qui venait d’Alep, explique Toros. J’habitais tout près du chemin de fer. Tous les matins à 7h30, le train quittait la gare pour se diriger vers Alep. Les enfants se mettaient au balcon pour le regarder. C’est triste qu’ils n’aient pas pris soin des trains. On ne prend pas assez soin de ce pays de toute manière. »

« Quand on prenait un taxi, on lui demandait de s’arrêter près du pont métallique. C’était un point de repère. Maintenant, il n’y en a plus... » lance pour sa part un des amis de Toros.

« Heureusement que personne n’est mort », poursuit Toros, avant d’ajouter que ce serait « regrettable » que le pont soit démantelé. « C’est un pont centenaire tout de même », ajoute-t-il.

Le pont en fer emblématique de la rue d’Arménie, dans le prolongement de Mar Mikhaël, une relique de la ligne ferroviaire abandonnée, a failli tuer hier un chauffeur de poids lourd dont le véhicule a percuté la structure. Au-delà du danger que son état de délabrement représentait, de l’absence des travaux de maintenance et de la négligence du chauffeur qui aurait mal estimé la...

commentaires (5)

L’Office des chemins de fer affilié au ministère des Transports a été sollicité à plusieurs reprises pour des travaux de maintenance, mais s'il n'a plus de trains en état d'opération ca reste un pont qui n'est plus utilisé pour l'instant. Peut-être l'office des chemins de fer pourraient maintenir les ponts en faisant des ponts pour vélo (cyclistes) et utiliser leur infrastructure pour des pistes cyclables, pour éviter que l'état des points déteriore encore plus. En plus ces 'autoroutes pour vélos' à Beyrouth pourraient aider à diminuer les problèmes de traffice de voitures.

Stes David

12 h 40, le 01 septembre 2019

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Commentaires (5)

  • L’Office des chemins de fer affilié au ministère des Transports a été sollicité à plusieurs reprises pour des travaux de maintenance, mais s'il n'a plus de trains en état d'opération ca reste un pont qui n'est plus utilisé pour l'instant. Peut-être l'office des chemins de fer pourraient maintenir les ponts en faisant des ponts pour vélo (cyclistes) et utiliser leur infrastructure pour des pistes cyclables, pour éviter que l'état des points déteriore encore plus. En plus ces 'autoroutes pour vélos' à Beyrouth pourraient aider à diminuer les problèmes de traffice de voitures.

    Stes David

    12 h 40, le 01 septembre 2019

  • MAIS ou est LA POLICE!?!@ comment des géants de camions et containers passent d abord par cette petite rue ,et ensuite sous ce pont bas?!? ces camions tuent et les personnes et les monuments car ils font ce qu ils veulent et passent ou ils veulent!! que le géant MAERSK company paye la réparation NOW de ce pont vestige!et que la police obèse fasse son travail de controle.POINT.

    Marie Claude

    13 h 44, le 31 août 2019

  • Mais aussi quand un voit l'état d'oxydation du pont, la vetusté de ce qui le compose, on peut se réjouir qu'il n'ait pas causé plus de victimes et surtout qu'il n'existe plus. C'est à l'état (sans majuscule) se sécuriser les voies de circulation et l'on connait l'incurie de l'état.

    Christine KHALIL

    13 h 07, le 31 août 2019

  • En toute neutralité j'aimerais juste exprimer mon ressenti. Il faut d'abord contrôler dans quel état physique ce chauffeur de camion roulait. Était-il ivre, fatigué, d'autres circonstances ? Inutile de s'acharner contre un chauffeur qui ne faisait qu'accomplir son travail. Il y a des assurances pour reconstruire et réparer les dégâts. En revanche ce genre d'accident doit nous inciter à lancer une réflexion profonde sur la formation des routiers, et des conducteurs en général. Nous savons tous que le citoyen libanais ne sais pas conduire... Et ne respecte pas le code de la route. Pour la majorité des conducteurs le code de la route semble une notion floue voir inexistante. En résumé : -formation des conducteurs -promouvoir un vrai permis de conduire -sécurisation des routes et balisage par des panneaux routiers.

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 46, le 31 août 2019

  • Ce n’est malheureusement pas la premiere fois que les ignares qui conduisent généralement ces gros transporteurs routiers commettent des dégâts considérables sur leur passage. La route Beyrouth Damas est parsemée de mauvais pour ne pas dire aussi de tragiques souvenirs de leurs passages ! Espérons que pour cette fois, les autorités séviront sévèrement a l’encontre de ce vandale et principalement a l’encontre de la Compagnie qui l’emploie. Que les Compagnies d’Assurances couvrent la restauration de ce vestige de notre passe. Cette ridicule coutume de dire “ Haram c’est un pauvre type “ doit être une fois pour toutes annulée et que la loi sévisse sur tous les Citoyens en faute quels que soient leurs origines ou leur niveau Social.

    Cadige William

    08 h 51, le 31 août 2019

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