Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Jean-Baptiste HATT

Le quatrième pouvoir, c’est vous

Suite à l’appel de l’ordre des rédacteurs, un sit-in a eu lieu devant la statue des Martyrs, mardi 20 août, lors duquel les journalistes ont crié leur colère et leur inquiétude. La presse à travers le monde est en crise, une crise qui dure et qui fait des ravages : ici, au Liban, nous sommes sur le contour de l’œil du cyclone, sur nous se concentrent les vents les plus violents. Les difficultés économiques particulières aggravent cette situation et mènent à la fermeture de grands quotidiens tels as-Safir, tombé avant l’aube de 2017, à la parution du dernier numéro papier d’al-Moustaqbal le 31 janvier de cette année, ou à des situations tragiques de non-paiement de salaires depuis des mois dont sont victimes des employés méritants. Il ne faut cependant céder à un abattement trop commode, et, plutôt, considérer la situation dans toutes ses implications et opportunités !

La presse et plus généralement tous les médias – non moins touchés par cette crise aveugle et résiliente – ont un rôle crucial à jouer à maints égards : représenter et porter la voix de communautés de la société civile ou religieuses sans être sanctionnés par des calculs politiques, informer objectivement et avec précision, enfin défendre et incarner la liberté d’expression et les droits individuels. C’est-à-dire prendre la forme d’un quatrième pouvoir, détenteur d’une responsabilité sociale à défaut d’une responsabilité politique. Face à « la grande famille politique » libanaise régnant depuis des décennies, on ne peut que crier l’importance de ce quatrième et peut-être seul pouvoir à être réellement indépendant des trois autres, à l’image de Josef Nasr qui criait au ralliement de la jeunesse pour le salut du Liban, dans L’Orient littéraire du 1er août.

Le sit-in organisé par l’ordre des rédacteurs dernièrement a en effet rencontré un franc succès auprès de tous les acteurs des médias jusqu’à la Fédération internationale des journalistes. Si cette réaction est prometteuse, il est à mon sens néanmoins temps de faire saisir à la société civile tout entière qu’elle peut agir, et l’étendue des opportunités sur lesquelles elle peut capitaliser. Trop de fois l’inaction et la résignation ont conduit au triomphe des avares et des pions. Le paysage de la presse au Liban, bien qu’ensanglanté, reste riche et témoigne de dynamiques précieuses. Dans un premier temps, L’Orient-Le Jour, fort de son héritage bientôt centenaire, est le fer de lance d’une volonté réformiste et progressiste pragmatique, mesurée et pertinente. An-Nahar est un solide véhicule des valeurs journalistiques, socialement éveillées et conscientes des défis à l’ordre du jour. Présentation succincte mais représentative de ces richesses !

Nombreux sont les chemins qui s’offrent à l’action, le premier repris dans l’édito de L’Orient littéraire du 1er août : « Requiem pour la lecture ». Le plus évident, semble-t-il ! Le pouvoir ne s’exerce sur la société sans la collaboration d’une partie notable de ses membres, nous apprend le Discours de la servitude volontaire de La Boétie. En d’autres termes : Libanais, levez-vous, vous êtes le quatrième pouvoir.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Suite à l’appel de l’ordre des rédacteurs, un sit-in a eu lieu devant la statue des Martyrs, mardi 20 août, lors duquel les journalistes ont crié leur colère et leur inquiétude. La presse à travers le monde est en crise, une crise qui dure et qui fait des ravages : ici, au Liban, nous sommes sur le contour de l’œil du cyclone, sur nous se concentrent les vents les plus...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut