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Moyen Orient et Monde - G7

Stupeur et désaccords à Biarritz sur le dossier iranien

Mohammad Javad Zarif a fait une escale surprise de quelques heures dans la ville française.

Les membres du G7 réunis à Biarritz. Jeff J. Mitchell/Pool via Reuters

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a fait hier une escale surprise de quelques heures à Biarritz, au deuxième jour d’un sommet du G7 en partie dominé par les tensions au Moyen-Orient, un sujet de dissension persistante entre Américains et Européens.

Véritable coup de théâtre dans un sommet qui suivait jusqu’à présent son cours normal, la venue du chef de la diplomatie iranienne s’est décidée après le premier dîner entre dirigeants du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), samedi soir, selon l’Élysée. Les exécutifs iranien et français ont attendu l’atterrissage de l’Airbus A321 de la République islamique sur le tarmac de l’aéroport de Biarritz – normalement fermé ces jours-ci – pour confirmer à la presse la visite de Mohammad Javad Zarif. Angela Merkel, pourtant l’une des alliées les plus sûres d’Emmanuel Macron lors de ce sommet, a fait savoir qu’elle avait elle-même été prévenue à la dernière minute alors même que l’Élysée dit avoir agi « en toute transparence » avec ses partenaires. Un responsable de la Maison-Blanche a pour sa part qualifié cette visite impromptue de « surprise » pour Donald Trump.

En cinq heures de présence sur le sol français, l’envoyé iranien a eu le temps de rencontrer, à la mairie de Biarritz, son homologue français, Jean-Yves Le Drian, et plus brièvement – une trentaine de minutes – Emmanuel Macron, dont il avait déjà croisé la route vendredi à Paris. « Javad Zarif était à Paris vendredi pour apporter des propositions iraniennes qu’il faut évidemment affiner », explique-t-on à l’Élysée. « Il est important de faire le point avec lui pour continuer de converger, opérationnaliser les conditions auxquelles nous pouvons avoir une désescalade des tensions et une pause qui permet de négocier utilement. » Interrogé sur la présence de M. Zarif à Biarritz, le président américain s’était contenté dans l’après-midi d’un « no comment » et ne s’est pas exprimé sur ce sujet depuis. Cette situation est symptomatique des approches différentes de part et d’autre de l’Atlantique : sous Donald Trump, les États-Unis ont durci leur politique vis-à-vis de Téhéran et se sont retirés de l’accord sur le nucléaire conclu en 2015, tandis que les Français, Britanniques et Allemands cherchent à maintenir le contact avec le régime. Le compromis de Vienne, signé il y a quatre ans, était censé permettre à l’Iran de normaliser ses relations avec les pays occidentaux, avec les bénéfices économiques qui devaient en découler, en échange de garanties sur son programme nucléaire.

« L’homme de la situation »

Selon le président français, les dirigeants du G7 se sont mis d’accord sur « deux lignes de force communes », à savoir empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire et éviter une nouvelle dégradation de la situation au Moyen-Orient, singulièrement dans le détroit d’Ormuz. L’Élysée a fait savoir que le chef de l’État français avait « obtenu » de ses alter ego « de pouvoir discuter et adresser un message » à l’Iran mais Donald Trump a fait comprendre dans la foulée qu’il ne se sentait pas lié par cette démarche. Les discussions lors du dîner d’ouverture du G7, samedi, n’ont apparemment pas permis de convaincre le président américain d’alléger les sanctions pétrolières infligées à l’Iran, à en croire un diplomate européen. Ce dossier n’est qu’un exemple des désaccords nombreux entre grands dirigeants de la planète, qui peinent à trouver des consensus sur les relations commerciales, le Brexit, le climat ou même l’Amazonie – même si chacun s’accorde sur la nécessité de combattre les feux en cours. Pour autant, les chefs de file du club des démocraties libérales « s’entendent très bien », a assuré le président américain sur Twitter, contrairement à ce que pourraient selon lui laisser penser les « répugnantes fake news ». Donald Trump a tout particulièrement vanté les mérites de Boris Johnson, « l’homme de la situation », qu’il a rencontré pour la première fois depuis que ce dernier a revêtu ses habits de Premier ministre britannique, le 24 juillet.

Au cours de leur entretien, les deux hommes ont discuté d’un possible accord commercial américano-britannique, que Donald Trump présente comme une opportunité idéale pour le Royaume-Uni de s’affranchir de l’Union européenne une fois que le Brexit sera devenu réalité, théoriquement le 31 octobre. Ce « very big trade deal » (« énorme accord commercial ») verra le jour « assez vite », a-t-il promis. Le président américain et le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, sont parvenus à un accord de principe du même genre, qui pourrait être signé le mois prochain à New York. Autre sujet abordé à Biarritz : la Russie, qui a donné lieu samedi à une « vive discussion », selon Donald Trump, précisant ne pas savoir à l’issue de ces échanges si Moscou, exclue en 2014 du G7 (alors G8), allait réintégrer le club en 2020 comme lui-même le souhaite.

Source : Reuters

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a fait hier une escale surprise de quelques heures à Biarritz, au deuxième jour d’un sommet du G7 en partie dominé par les tensions au Moyen-Orient, un sujet de dissension persistante entre Américains et Européens.Véritable coup de théâtre dans un sommet qui suivait jusqu’à présent son cours normal, la...

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