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Liban - Décryptage

Pas de changement dans l’approche libanaise du tracé des frontières avec Israël, selon Aïn el-Tiné

Bien que le gouvernement se soit enfin décidé à reprendre ses réunions, la visite du Premier ministre Saad Hariri à Washington continue de susciter de nombreuses interrogations. Selon des sources proches du 8 Mars, le Premier ministre aurait fait des promesses aux responsables américains qu’il a rencontrés, en contrepartie de l’octroi du Liban d’un délai de six mois pour reprendre en main la situation financière et économique et améliorer son image auprès des créditeurs internationaux.

Le point le plus important qui aurait été ainsi soulevé avec le Premier ministre porte sur la médiation américaine sur le tracé des frontières maritime et terrestre avec Israël. Ce dossier devrait en effet revenir en force sur la scène locale avec la visite attendue du nouvel émissaire américain, le diplomate David Schenker, qui a remplacé David Satterfield en tant que secrétaire d’État adjoint pour les Affaires du Proche-Orient. Il faut rappeler à cet égard que lors de sa dernière navette entre le Liban et Israël en juillet dernier, M. Satterfield avait fait état d’une rétractation israélienne au sujet des trois conditions libanaises portant sur la concomitance du tracé des frontières maritime et terrestre, la supervision par l’ONU de la médiation entre le Liban et Israël et le refus de fixer un délai de six mois aux négociations. Les Israéliens avaient ainsi commencé à les accepter avant de changer d’avis à la dernière minute. M. Satterfield avait par la suite suspendu sa mission pour prendre en charge son nouveau poste d’ambassadeur des États-Unis à Ankara, et le dossier tout entier attend que son successeur prenne la relève.

Cette suspension n’a toutefois pas empêché le président de la Chambre de déclarer, dans le cadre de ses réunions avec les députés, que le dossier est en train d’avancer et que la plupart des points en suspens sont en voie de règlement. En principe, Nabih Berry sait de quoi il parle puisqu’il avait été officiellement chargé de ce dossier, avec l’accord du président de la République et du Premier ministre.

Les milieux proches de Aïn el-Tiné démentent d’ailleurs les informations véhiculées par certains médias sur une volonté du Premier ministre de reprendre le dossier à la demande des autorités américaines. De mêmes sources, on précise que cette question n’a pas été abordée avec M. Berry, et jusqu’à preuve du contraire, il continue à être en charge de ce dossier et s’apprête à rencontrer le nouvel émissaire américain attendu à Beyrouth vers la mi-septembre.

Toujours selon les sources proches de Aïn el-Tiné, Nabih Berry bénéficie aussi de l’appui du Hezbollah dans l’approche de ce dossier, et il n’est donc pas question de le lui enlever des mains. D’autant qu’il porte sur un problème de fond qui touche à la souveraineté libanaise. En effet, à un moment donné, il y avait deux approches différentes au Liban, concernant notamment la concomitance du tracé des frontières maritime et terrestre. Les Israéliens, avec l’appui des Américains, insistaient pour dissocier les deux volets, préférant commencer par le tracé des frontières terrestres. Au départ, certaines parties libanaises, dont le Premier ministre, ne voyaient pas d’inconvénient à cette dissociation, en partant des considérations suivantes : l’expérience de la ligne bleue terrestre, tracée par l’ONU en 2000 provisoirement dans l’attente du règlement des 13 points litigieux entre le Liban et Israël, a été concluante puisqu’en fin de compte, l’épisode de la guerre de 2006 excepté, les Israéliens ont respecté cette ligne. On pourrait donc suivre le même processus pour la frontière maritime en traçant une « ligne blanche » qui maintiendrait en suspens les points litigieux et permettrait aux deux parties concernées de commencer la prospection, tout en préservant le même statu quo que celui de la frontière terrestre.

M. Berry et derrière lui le Hezbollah ne sont pas d’accord avec cette approche et considèrent que les Israéliens souhaitent régler définitivement le problème des frontières terrestres pour des raisons de sécurité. Ils veulent notamment achever la construction du mur de séparation entre le Liban et le nord d’Israël. Ce qui reste impossible en raison des 13 points litigieux, et les Israéliens ne veulent visiblement pas déclencher une nouvelle guerre en effectuant des travaux sur un des points litigieux sans l’accord du Liban.

Ce serait dans ce but que les Israéliens soulèvent régulièrement la question des préparatifs du Hezbollah du côté libanais de la frontière, comme la construction de tunnels souterrains, pour tenter de régler les conflits frontaliers. Mais depuis que M. Berry a officiellement pris en charge le dossier, il refuse toute dissociation pour ne pas permettre aux Israéliens d’obtenir ce qu’ils veulent sur terre et de laisser ensuite tomber la frontière maritime puisqu’ils ont déjà avancé dans les travaux de prospection et que dans ce cas précis, il ne s’agit pas d’une question sécuritaire, mais purement économique.

La tentative de jouer sur des dissensions internes libanaises au sujet de ce dossier a jusqu’à présent échoué et, selon les sources proches de Aïn el-Tiné, il n’est pas question pour le Liban de changer sa position. Il attend donc le nouvel émissaire américain avec les mêmes trois conditions : non à toute dissociation, non au délai de six mois et oui à un rôle des Nations unies dans la médiation. Les mêmes sources considèrent donc que rien n’a changé à ce sujet et que si le nouvel émissaire américain veut réussir sa mission, il ne doit pas remettre en question ces trois conditions. À ce moment-là, les négociations pourraient aller très vite.

Bien que le gouvernement se soit enfin décidé à reprendre ses réunions, la visite du Premier ministre Saad Hariri à Washington continue de susciter de nombreuses interrogations. Selon des sources proches du 8 Mars, le Premier ministre aurait fait des promesses aux responsables américains qu’il a rencontrés, en contrepartie de l’octroi du Liban d’un délai de six mois pour reprendre...

commentaires (6)

Berri ne ressent-il pas déjà le danger d'une reconnaissance implicite du droit de l'entité sioniste à l'existence , au cas où les négotiations aboutissent et sont signées sans l'intermédiaire de l'ONU ? Réfléchissons .

Chucri Abboud

13 h 28, le 23 août 2019

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Commentaires (6)

  • Berri ne ressent-il pas déjà le danger d'une reconnaissance implicite du droit de l'entité sioniste à l'existence , au cas où les négotiations aboutissent et sont signées sans l'intermédiaire de l'ONU ? Réfléchissons .

    Chucri Abboud

    13 h 28, le 23 août 2019

  • Comme un David cache un autre David , Berry pourra négocier comme le 3eme David face au goliath de la légende . Ces négociations auront déjà pour avantage d'expliquer à celles et à ceux qui en doutent encore que le sud Liban est habité par des libanais chiites RESISTANTS et non pas par des "occupants" du type palestinien ou israélien . Un petit rappel historique du déroulement des négociations entre le hezb résistant et le pays de l'usurpation institutionalisée , pendant l'occupation du sud pendant 18 ans ( eh oui ! elle a bien eu lieue) les usurpateurs disaient ne vouloir sortir du pays qu'à la condition d'un traité signé entre l'état libanais et leur état de voleur de terre . La débandade en 2000 explique tout . Ensuite , après la raclée de 2006 , contre 2 terroristes israéliens ( morts ) ces derniers ont libéré tout ce qui restait comme prisonnier libanais chez eux et même plus . Au final les choses ont pris du temps , mais la résistance a eu finalement gain de cause à 100%. Comme la magie des armes de plus en plus sophistiquées se mélangeant à la POLTRONNERIE DES USURPATEURS SE FAIT DE PLUS EN PLUS SENTIR , je pense que les accords ne sauraient tarder à se faire sentir dans le sens que les libanais auront eu envie de signer . Bon Week-end Scarlett et permettez moi une bise sur chaque joue .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 37, le 23 août 2019

  • AVEC LE PAS DE CHANGEMENT ON FAIT LE JEU D,ISRAEL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 31, le 23 août 2019

  • Briser les états de droits et les remplacer par des états confessionnels etait toujours le but, l'espoir et le plan d'Israël. Quoi de mieux aue de negocier donc avec des entités religieuses plutôt qu'etatiques l'état des frontières ou aussi d'autres problèmes? Malgre toutes les déclarations, d'un coté et de l'autre, nos voisins du sud ont bien trouver l'interlocuteur de leurs rêves ou plutôt... de leur plans.

    Wlek Sanferlou

    10 h 23, le 23 août 2019

  • "Nabih Berry bénéficie aussi de l’appui du Hezbollah dans l’approche de ce dossier", raison pour laquelle la négociation n'a aucune chance d'aboutir, puisque le Hezbollah n'en veut pas. Cela ôterait, non pas toute légitimité puisque celle-ci n'existe pas, mais tout prétexte aux maintien de ses armes.

    Yves Prevost

    07 h 05, le 23 août 2019

  • LES ISRAELIENS ONT ETE CLAIRS DEPUIS TOUJOURS SUR LA FORME DES NEGOCIATIONS QU,ILS ENTENDENT MENER AVEC LE LIBAN. FRONTIERES MARITIMES ET SIX MOIS. SOUHAITONS QU,ILS CHANGENT ET EPOUSENT NOS VUES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 44, le 23 août 2019

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