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Nos Lecteurs ont la Parole - par Joe ACOURY

Convivialité ?

« Une société conviviale est une société qui donne à l’homme la possibilité d’exercer l’action la plus autonome et la plus créative, à l’aide d’outils moins contrôlables par autrui. La productivité se conjugue en termes d’avoir, la convivialité en termes d’être. Tandis que la croissance de l’outillage au-delà des seuils critiques produit toujours plus d’uniformisation réglementée, de dépendance, d’exploitation, le respect des limites garantirait un libre épanouissement de l’autonomie et de la créativité humaines. »

Extrait de « La Convivialité », Ivan Illich, Seuil, 1973 (titre original : « Tools for Conviviality »).

Presque rien ne se passe ou se déroule comme prévu au pays du Cèdre. La déliquescence de la confiance intrapersonnelle touche le sens initial du rapport convivial entre les gens de mon pays à tant de niveaux. Des accords « consensuels » stagnent afin d’éviter les risques de dérèglements inopportuns. La prévalence du savoir des uns hautement médiatisé et les monologues de bien d’autres persistent à prévaloir des cogitations sur d’évidents questionnements. En voici quelques-uns. Comment convaincre un Libanais crédule que pour nettoyer un sale parterre, il faudrait faire appel à une expertise, à des compromis, à des reports pour finalement lâcher prise sur l’objectif, pour des raisons dissociées ou insolubles ?

Comment saisir la donne de l’innovation pour un tourisme religieux florissant quand une des routes que prend le visiteur demeure un chemin laborieux ?

Comment croire à la validité d’un dialogue en gestation quand des personnages-clefs se considèrent en tout point irréprochables ?

Comment être convaincu par l’application de l’équité et de la transparence quand des personnes dûment concernées ne donnent pas le ton en correspondant à des modèles exemplaires, à distance des accusations adverses ? !

Comment valider des obstructions politiques qui discréditent des convictions et des engagements individuels, autrement avisés et proactifs, prêts à participer largement pour servir la nation ? !

Que fait-on de cette « incontournable formule du vivre-ensemble » quand les risques de dérapages sécuritaires sont tristement devenus inhérents à des contextes politiques et communautaires qui fluctuent entre des ententes tacites et des méfiances profondes ?

Que reste-t-il de l’évolution historique des mœurs et des liens de coexistence vers de justes connaissances et de fières reconnaissances quand la volonté consensuelle est confinée à des opportunités conjuguées ?

Cependant, nous reste-t-il le paradoxe renversant de la convivialité pour tomber de Charybde en Scylla ? « Ce n’est pas : telle catastrophe ou telle autre, non ; la première, à laquelle on survit, conduit immanquablement à la seconde, mortifère. L’esquif évite le tourbillon Charybde pour aller se fracasser sur le récif Scylla. » Le Monde, « De Charybde en Scylla », 2017.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

« Une société conviviale est une société qui donne à l’homme la possibilité d’exercer l’action la plus autonome et la plus créative, à l’aide d’outils moins contrôlables par autrui. La productivité se conjugue en termes d’avoir, la convivialité en termes d’être. Tandis que la croissance de l’outillage au-delà des seuils critiques produit toujours plus...

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