« Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la vie à elle-même. Ceux que l’on met au monde ne nous appartiennent pas. »
Qui ne connaît pas cette citation de Khalil Gibran ?
Nous l’avons entendue maintes fois… et à différentes occasions.
Seulement l’entendre et la vivre, c’est bien différent !
Mon fils se marie très bientôt et j’angoisse comme toutes les mères de le voir quitter le nid familial. Combien la maison va me paraître vide ! Une partie de moi va me quitter !
Je trouve cela dur… J’appréhende beaucoup ce jour, même si je suis heureuse pour lui.
Il y a 17 ans, j’ai prié le bon Dieu de me donner « du temps » pour le voir grandir…
Il m’a donné la chance de le voir se marier ! Je devrais être heureuse, je le suis, il reste que cela sera difficile de voir sa chambre inoccupée.
Je pense à ma mère… Deux de ses filles s’étaient mariées le même mois et toutes deux avaient non seulement quitté la maison, mais le pays aussi ! Combien cela a dû être dur pour elle de vivre ces séparations !
« Ces enfants que l’on a mis au monde ne nous appartiennent pas », nous dit-on, ils ont une vie à vivre, la leur, des chemins différents à suivre, les leurs, loin de nous.
Ces enfants que l’on met au monde ne nous appartiennent pas, à moins de mettre au monde un enfant avec un handicap. Celui-ci ne quittera jamais la maison, il restera lié à ses parents pour la vie… Surtout au Liban où leur prise en charge n’est pas assurée par l’État.
Je pense aujourd’hui à tous les enfants de Sesobel au Liban, leurs pas ne les mèneront nulle part. Ils n’auront aucun chemin à suivre, ne quitteront jamais la maison familiale.
Leurs parents ne vivront pas le départ de leur fils… Ils ont des défis à gérer, leur quotidien difficile… mais surtout, et le plus dur, l’avenir de leur enfant « après eux » !
Qu’adviendra-t-il à leur enfant après leur départ ? Qui s’en occuperait ?
Des questions souvent sans réponses !
Je pense particulièrement à ces mamans aujourd’hui, ces mamans de l’ombre qui se battent et se débattent pour offrir les meilleurs soins à leur enfant et qui culpabilisent de ne pas pouvoir faire plus. Je pense à ces mamans de l’ombre qui se battent et se débattent afin que leur enfant souffrant d’un handicap puisse prendre sa place dans la société.
Les mamans de ces enfants-là donneraient leur vie pour être à ma place aujourd’hui, voir leur enfant quitter la maison familiale et vivre une vie normale et autonome.
Montréal
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.
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