Le président sud-coréen Moon Jae-in a condamné vendredi la décision "irresponsable" de Tokyo de rayer Séoul d'une liste d'Etats bénéficiant d'un traitement de faveur en matière de relations commerciales, et menacé le Japon de représailles.
"Cette action égoïste infligera des dégâts énormes à l'économie mondiale en perturbant la chaîne mondiale des approvisionnements", a dit M. Moon dans des propos retransmis en direct à la télévision à l'occasion d'une réunion de son gouvernement. "Le Japon doit revenir dès que possible sur ses mesures unilatérales et injustes et dialoguer", a-t-il poursuivi. "Le gouvernement japonais porte l'entière responsabilité de ce qui se produira ensuite", a-t-il averti.
Le Japon et la Corée du Sud sont deux très proches alliés des Etats-Unis face à la menace que pose la Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire, et face à une Chine qui affirme de plus en plus fortement ses ambitions mondiales. Mais la relation entre Tokyo et Séoul est depuis des décennies plombée par les différends historiques hérités de l'époque où la péninsule était une colonie nippone (1910-1945).
M. Moon a précisé que Séoul allait "graduellement durcir" sa réponse. "Le Japon est une puissance économique, mais nous avons des contre-mesures pour le cas où il nuirait à nos économies", a-t-il poursuivi en menaçant d'infliger des "dégâts majeurs".
Avocat issu du centre-gauche, M. Moon invoque souvent la lutte pour l'indépendance coréenne et les souffrances de l'époque coloniale comme étant au cœur de l'identité des deux Corées. Il s'en prend également à la droite sud-coréenne qu'il assimile parfois aux héritiers des collaborateurs de l'occupant japonais. Cette question est profondément politique pour M. Moon qui, ayant joué un rôle clé dans la détente avec la Corée du Nord, se voit parfois accusé par les conservateurs sud-coréens d'être un sympathisant de Pyongyang.
Cette année est celle du centenaire des manifestations de masse contre la colonisation japonaise et de nombreux bâtiments de Séoul sont ornés d'images géantes en hommage aux héros de la résistance. Pour enfoncer le clou, le président a d'ailleurs fait vendredi plusieurs fois référence au passé tourmenté des deux voisins. "Contraindre une nation à la soumission est un vestige du passé", a-t-il dit. "Nous serons peut-être face à des difficultés à court terme. Mais si nous plions devant les défis, l'histoire se répétera." "Si le Japon veut à nouveau infliger des blessures, il doit réaliser que les règles internationales ne lui permettront pas de le faire."
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