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Moyen Orient et Monde - Portrait

Mohammad VI, 20 ans de règne tiraillé entre continuité et modernité

« M6 » fait partie des hommes les plus riches du monde avec une fortune estimée à 2,5 milliards de dollars.

Le roi du Maroc Mohammad VI lors de la COP21 à Paris, le 20 septembre 2015. Fadel Senna/AFP

Héritier discret d’un pouvoir absolu, Mohammad VI, qui fêtera demain ses 20 ans de règne, incarne la continuité stricte de la monarchie marocaine tout en affichant une image d’homme moderne ouvert au changement. La communication inédite du 23e souverain de la dynastie alaouite a longtemps reflété cette dualité, avec à la fois des photographies ultra-officielles en costume strict ou djellaba traditionnelle et des posts décontractés sur les réseaux sociaux, aux côtés d’artistes ou de quidams rencontrés à l’étranger.

Dans une région agitée de soubresauts politiques, son règne entamé le 23 juillet 1999 à la mort de son père, Hassan II, reste marqué par une grande stabilité, volontiers mise en avant pour convaincre pays alliés, investisseurs et touristes. Une politique sécuritaire musclée, ouvertement revendiquée au nom de la lutte antiterroriste après les attentats de Casablanca (33 morts en 2003) et de Marrakech (17 morts en 2011), a perduré sous son règne. Et si ces dernières années les réseaux sociaux ont fait bouger les lignes de la liberté d’expression, la presse traditionnelle, sous perfusion de l’État, reste étroitement surveillée. La réforme constitutionnelle menée en 2011, à l’époque troublée du printemps arabe, alors que des milliers de Marocains réclament dans la rue plus de démocratie, a théoriquement renforcé les pouvoirs du Premier ministre. Dans les faits, le monarque a conservé des pouvoirs exécutifs très larges, avec la haute main sur les Affaires étrangères, la Défense, la sécurité et les secteurs-clés de l’économie.


Grands chantiers
Ainsi, le roi lance et inaugure les grands chantiers – le port de Tanger Med, l’immense centrale solaire Noor ou la nouvelle ligne de TGV. Il impulse et pilote les orientations stratégiques du pays, comme l’ouverture tous azimuts sur l’Afrique, avec la réintégration de l’Union africaine en 2017. Sa diplomatie reste centrée sur les efforts pour faire entériner le « plan d’autonomie » marocain du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole au statut non réglé.

Sur le plan social, suite aux mouvements de protestation qui ont marqué 2017 et 2018, une grande réflexion sur le modèle de développement du pays se crée. « Le modèle actuel ne permet plus de répondre aux demandes et besoins croissants des citoyens, ni de réduire les inégalités sociales », constate un message royal en février 2018. Une réforme emblématique reste, en 2004, l’adoption d’un code de la famille renforçant le droit des femmes – sans toutefois répondre aux demandes des féministes. Sur le plan religieux, en tant que « commandeur des croyants », Mohammad VI défend un islam tolérant assurant la liberté de culte aux juifs et aux chrétiens étrangers.


(Lire aussi : Le point de vue de deux conseillers du roi)


Absences
Quand il monte sur le trône, à 35 ans, le public sait peu de choses de celui qui a grandi dans l’ombre d’un père autoritaire qu’il appelait « Majesté ». Sa biographie officielle le présente comme un homme « rompu aux lourdes tâches depuis son jeune âge » qui « pratique plusieurs activités sportives ». À ses débuts, comme son père, celui que les Marocains surnomment « M6 » multiplie les déplacements à travers son royaume, allant au contact des foules. Mais il séjourne aussi régulièrement à l’étranger, notamment en France où la famille royale possède des résidences et où il soigne ses problèmes de santé – il a subi une opération du cœur début 2018 liée à un trouble du rythme cardiaque et une chirurgie pour une lésion oculaire en 2017.

L’année dernière, ses fréquentes absences ont suscité des rumeurs sur les réseaux sociaux où, chose inédite, des voix ont critiqué ses « choix politiques », son « train de vie » ou ses « longs séjours » à l’étranger. Le roi a ensuite repris un rythme soutenu d’apparitions officielles et ses selfies se sont raréfiés sur les réseaux sociaux. En rupture avec la tradition, Mohammad VI s’est longtemps affiché avec la princesse Lalla Salma, une ingénieure de la classe moyenne qu’il a épousée en 2002 lors d’un mariage très médiatisé. La princesse a toutefois subitement disparu de la scène officielle fin 2017, n’apparaissant plus sur les photographies familiales avec ses enfants Moulay Hassan, 16 ans, et Khadija, 12 ans. S’il n’y a jamais eu de communiqué de divorce, les médias marocains parlent désormais de l’« ex-épouse » du roi.

En 2014, le roi figurait dans le classement Forbes des hommes les plus riches du monde avec une fortune estimée à plus de 2,5 milliards de dollars via la holding royale SNI rebaptisée « al-Mada » et transformée en fonds d’investissement à capitaux privés.



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Héritier discret d’un pouvoir absolu, Mohammad VI, qui fêtera demain ses 20 ans de règne, incarne la continuité stricte de la monarchie marocaine tout en affichant une image d’homme moderne ouvert au changement. La communication inédite du 23e souverain de la dynastie alaouite a longtemps reflété cette dualité, avec à la fois des photographies ultra-officielles en costume strict ou...

commentaires (2)

Bizarrement le seul pays du Maghreb arabo africain qui n'aît eu aucun problème de terrorisme sérieux, c'est pourtant pas une démocratie, loin de là. Cela ne s'explique pas, fait pas être naïf, par les déclarations de feu hassan 2 ou de je ne sais quelle déclaration du fils M6 , mais bien par une collaboration active avec des forces qui créent les troubles dans le monde. Une " chance" que n'ont pas eu les lybiens, les algériens, les tunisiens et les égyptiens.

FRIK-A-FRAK

11 h 17, le 29 juillet 2019

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Commentaires (2)

  • Bizarrement le seul pays du Maghreb arabo africain qui n'aît eu aucun problème de terrorisme sérieux, c'est pourtant pas une démocratie, loin de là. Cela ne s'explique pas, fait pas être naïf, par les déclarations de feu hassan 2 ou de je ne sais quelle déclaration du fils M6 , mais bien par une collaboration active avec des forces qui créent les troubles dans le monde. Une " chance" que n'ont pas eu les lybiens, les algériens, les tunisiens et les égyptiens.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 17, le 29 juillet 2019

  • Qu'on le veuille ou non. Ce pays est d'une grandeur n'ayant aucun égal dans les pays arabes. Il a gardé et protégé ses citoyens " marocains avant tout" de toutes religions confondues. Le maroc a modernisé son pays. Il a cherché à faire la paix tournant la page des guerres arabo israeliennes / des guerres arabo arabes, des guerres des axes etc... pour que ses citoyens vivent en paix. Le père de M6, ( Feu le roi Hassan II) a bien dit : les intérêts du maroc passent avant tout autre intérêt arabe ou palestinien. Donc priorité à la paix interne. Qu'il soit riche ou pas n'est pas le plus important: Le plus important est que ce pays est à la pointe de la modernité.

    LE FRANCOPHONE

    00 h 32, le 29 juillet 2019

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