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Scan TV - Billet

Au nom du père et du fils...


Mashrou’ Leila lors d’un festival de musique à Bourges, en France, en 2015. Archives AFP

Au nom du Père et du Fils. Une phrase, simple, qui renvoie à des rituels, des pratiques de la chrétienté. Une phrase reprise, aussi, par le groupe Mashrou’ Leila, dans une chanson, Djinn, dont les paroles ont été considérées par certains milieux chrétiens comme portant atteinte à la religion et faisant l’apologie de l’occultisme.

Mashrou’ Leila, groupe de rock alternatif affichant un style libéral que certains estiment provocateur, se retrouve, depuis une semaine, dans l’œil d’un cyclone dont ceux qui en sont à l’origine appellent à l’annulation pure et simple de leur concert prévu le 9 août prochain à Jbeil. Mashrou’ Leila accusé donc d’atteinte à la religion, alors que cette dernière, dans certains de ses aspects, fait déjà l’objet d’un commerce, à l’échelle internationale, notamment près des sanctuaires les plus célèbres.Interrogés par la procureure générale du Mont-Liban, Ghada Aoun, les membres du groupe sont appelés à présenter leurs excuses pour avoir porté atteinte, sans qu’ils ne le sachent, à l’un des sacrements établi par l’Église catholique.

Depuis une semaine, l’affaire agite les réseaux sociaux, plateaux de télévision, fait la une des nouvelles. Le budget, la pollution, l’insécurité sociale ou les camps palestiniens bouillonnant aux abords de nos villes n’ont pu arracher les Libanais aux messages haineux distillés dans ce contexte sur les réseaux sociaux.

Le groupe est aussi dans l’œil du cyclone pour avoir partagé un article illustré d’une icône de la Vierge dont le visage a été remplacé par celui de Madonna. Le groupe pop n’est ni le premier ni le dernier à partager ce genre de contenu. Nombre d’œuvres, plus ou moins réussies, existent, qui modifient l’image du Christ, de la Vierge, où interviennent sur l’imaginaire religieux en le désacralisant et en lui conférant des traits, des agissements et des faiblesses parfaitement humains. Des artistes, des cinéastes, des plasticiens l’ont fait à travers le monde, sans que, à ce que l’on en sait, cela n’affecte les effectifs de la communauté chrétienne. Représenter une auréole ici, deux planches de bois perpendiculaires là, dont la communauté chrétienne n’a pas l’exclusivité, et échanger les portraits des femmes portant un bébé dans une certaine posture qui semble devenue, pour certains, une marque déposée, ne menace en rien les vrais chrétiens et même pas les plus naïfs d’entre eux.

Si l’on craint l’impact, sur Dieu, de certaines représentations télévisées, musicales, théâtrales ou encore cinématographiques, souvenons-nous qu’Il est assez puissant pour Se défendre et défendre Ses rituels sacrés. Il l’est, du moins, selon l’enseignement théologique. Recevoir des homosexuels ou encore des athées sur les plateaux télévisés n’aura aucun impact sur la participation aux messes dominicales.Et aucune sanction, menace ou peine prononcée, aussi sévère soit-elle, ne rendra les hommes plus croyants, voire croyants tout court, ou encore plus ou moins homosexuels. La chanteuse de renommée internationale Taylor Swift, elle-même provocatrice dans son art, lance d’ailleurs, dans son dernier clip repris par NRJ sur les télévisions locales, un appel à la tolérance vis-à-vis des communautés LGBT en invitant les faux défenseurs de la pudeur, non pas à venir danser avec elle comme l’ont fait les membres de Mashrou’ Leila, mais plutôt au calme : « You need to calm down. »

Partager une icône photoshopée ne devrait pas être inquiétant et ne peut effrayer que certains défenseurs acharnés d’un certain dogme. Ce qui est inquiétant, en revanche, c’est cet État policier dirigé au XXIe siècle par des esprits fanatiques empêchant leurs fidèles de s’émanciper et de se libérer de cette peur de Dieu digne du Moyen Âge.

Certains à Jbeil, qui s’est illustrée sur la scène internationale comme l’une des plus belles villes touristiques, comme un centre historique dans la région, Jbeil qui accueille en son sein chrétiens et musulmans et qui a bercé en son cœur les premières civilisations, ne veulent pas de Mashrou’ Leila. Mais il serait vraiment dommage qu’en cette même Jbeil, l’art soit sacrifié sur l’autel de peurs et de réactions irrationnelles.

Au nom du Père et du Fils. Une phrase, simple, qui renvoie à des rituels, des pratiques de la chrétienté. Une phrase reprise, aussi, par le groupe Mashrou’ Leila, dans une chanson, Djinn, dont les paroles ont été considérées par certains milieux chrétiens comme portant atteinte à la religion et faisant l’apologie de l’occultisme.Mashrou’ Leila, groupe de rock alternatif...

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