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Liban - Conférence

Que reste-t-il du patrimoine syrien ?

Le régime de Damas tout autant que Daech sont responsables des destructions et des pillages, soulignent lors d’une conférence à l’Institut français de Deir el-Qamar le président de l’IMA Jack Lang, le spécialiste Jean-Pierre Filiu et le photographe Ammar Abd Rabbo.


La conférence s’est déroulée dans le cadre féerique de l’Institut français de Deir el-Qamar. Photo Balkis Abd Rabbo

Après huit ans de guerre, que reste-t-il du patrimoine syrien ? Comment les jihadistes de Daech, mais aussi le régime de Bachar el-Assad, instrumentalisent-ils à leurs fins la question du patrimoine millénaire d’une richesse rare de ce pays ?

C’est à ces questions, entre autres, qu’ont répondu les participants à la conférence organisée samedi soir dans un cadre féerique par l’Institut français de Deir el-Qamar, sur le thème : « Le patrimoine syrien : chronique d’une destruction annoncée ». La conférence s’est tenue dans la cour de l’Institut, en marge du Festival de Beiteddine et en présence de sa présidente Nora Joumblatt, dans le cadre de l’exposition du photographe franco-syrien Ammar Abd Rabbo, « Syrie, mon pays qui n’existe plus ».

Aux côtés du photographe, le directeur de l’Institut du monde arabe et ancien ministre français de la Culture Jack Lang et l’universitaire, écrivain et ancien diplomate français Jean-Pierre Filiu ont pris part à cette conférence modérée par notre collaboratrice Acil Tabbara.

Évoquant avec passion « la merveilleuse Syrie, la splendide Syrie », son patrimoine « unique au monde » et « l’admirable peuple syrien qui souffre », Jack Lang a dénoncé le « tyran » Bachar el-Assad toujours au pouvoir. « Le dictateur tue, pille, détruit, assassine, rase êtres humains et monuments », a-t-il affirmé, avant de rendre hommage au Liban qui a « ouvert généreusement les bras pour accueillir deux millions de réfugiés syrien ».

Il a énuméré les destructions « monstrueuses » commises par Daech, documentées comme celles de Palmyre, mais parfois sans images comme celle de l’antique Mari, où le plus ancien palais antique de l’humanité a été détruit. M. Lang a estimé que le régime syrien est tout aussi responsable de cette destruction du patrimoine, et a parfois « fermé les yeux sur les pillages », qualifiant au passage le directeur du département des Antiquités de Damas de « mafieux incompétent ». « Aujourd’hui, ce régime fait mine de vouloir restaurer la Syrie, mais qui sait au juste ce qui se passe à Palmyre ? Les Russes occupent l’une des parties les plus importantes de ce site » millénaire, a-t-il encore dit.

Interrogé sur les actions menées par la communauté internationale pour préserver le patrimoine de la région, Jack Lang a évoqué la création, à laquelle il a été associé, de la fondation Alif (Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit) à l’initiative de l’ex-président français François Hollande et du prince héritier d’Abou Dhabi Mohammad ben Zayed. « Nous avons créé ce fonds installé à Genève et nos premières décisions ont été de restaurer des monuments et des sites, notamment en Irak et au Mali. Aujourd’hui, la décision a été prise de reconstruire le musée de Raqqa en Syrie parce que c’est une zone qui n’est pas sous l’autorité du dictateur », a-t-il encore dit.



(Lire aussi : La Syrie dans l’œil de Ammar Abd Rabbo)



Dans Alep libérée
Jean-Pierre Filiu a, pour sa part, raconté comment, lorsqu’il s’était rendu en compagnie de Ammar Abd Rabbo dans la partie d’Alep tenue par les révolutionnaires en juillet 2013, il avait été témoin d’initiatives de la part des habitants pour protéger avec leurs maigres moyens leur patrimoine. Un voyage dont il a fait le récit dans un livre, Je vous écris d’Alep.

« Dans la ville d’Alep, les gens voulaient protéger leur patrimoine. J’ai vu un homme pleurer devant une mosaïque chrétienne détruite » dans la ville. Il a raconté l’histoire du « gardien d’Alep », un jeune révolutionnaire qui s’était érigé en défenseur des trésors de la ville malgré les combats. Il a également souligné que le minaret de la mosquée des Omeyyades à Alep avait été préservé par les révolutionnaires, mais par la suite détruit par les bombardements de l’armée syrienne lors des combats.

« Les Syriens se confondent avec leur patrimoine, quand on attaque le patrimoine, on attaque les Syriens », a quant à lui affirmé Ammar Abd Rabbo. « Les rebelles étaient extrêmement conscients, par exemple, de l’importance de préserver la citadelle d’Alep, qui a par contre été endommagée par l’armée » du régime, a-t-il ajouté. De même, a-t-il expliqué, le Krak des Chevaliers dans l’ouest de la Syrie « a été en partie détruit parce que l’armée syrienne et ses alliés l’ont bombardé pour en déloger les rebelles ».

Revenant sur l’instrumentalisation par le régime de la question du patrimoine, Jean-Pierre Filiu, grand spécialiste de l’État islamique, a souligné que « Palmyre est tombée aux mains de Daech en mai 2015, au moment où le régime se trouvait dans une situation extrêmement délicate ». Il y a commis des destructions qui ont mis le monde en émoi. « Daech a traversé 200 km de désert sans être intercepté, et le régime s’est retiré de Palmyre qui n’a aucun intérêt du point de vue militaire mais revêt une importance symbolique », a-t-il souligné.

Après huit ans de guerre, que reste-t-il du patrimoine syrien ? Comment les jihadistes de Daech, mais aussi le régime de Bachar el-Assad, instrumentalisent-ils à leurs fins la question du patrimoine millénaire d’une richesse rare de ce pays ? C’est à ces questions, entre autres, qu’ont répondu les participants à la conférence organisée samedi soir dans un cadre féerique par...

commentaires (2)

Ce qui reste du patrimoine culturel syrien c'est sa dignité de ne pas avoir eu à se mettre sous le joug des occidentaux prédateurs par l'intermédiaire des wahabites MANIPULÉS par israel, grâce à la résistance du héros Bashar EL Assad.

FRIK-A-FRAK

12 h 12, le 22 juillet 2019

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Commentaires (2)

  • Ce qui reste du patrimoine culturel syrien c'est sa dignité de ne pas avoir eu à se mettre sous le joug des occidentaux prédateurs par l'intermédiaire des wahabites MANIPULÉS par israel, grâce à la résistance du héros Bashar EL Assad.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 12, le 22 juillet 2019

  • Courageux Jack Lang qui depuis le Liban decrit le regime syrien tel qu il est...une abominable dictature qui rase etres humains et monuments.

    HABIBI FRANCAIS

    10 h 45, le 22 juillet 2019

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