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Nos Lecteurs ont la Parole - Nicolas SBEIH

Budgeteries

Le Parlement a finalement achevé le débat sur le projet de budget 2019. Le document initial était un micmac de mesurettes appelées frauduleusement réformes et nous sommes parvenus à un ensemble visqueux de chiffres incohérents. De quoi nous inspirer quelques remarques croustillantes :

• Le plus hilarant dans ce budget est que le ministre des Finances a été capable de fournir des chiffres avec une précision chirurgicale, à la deuxième décimale près (7,59 % de déficit) ! Un record mondial de précision, jamais vu ailleurs. Alors que c’est ce même ministre qui s’était trompé de 1,6 milliard de dollars en 2018 !

• Le projet de budget avait ceci de particulier qu’aucun ministre n’était satisfait. Des partis menaçaient déjà : « Décidez ce que vous voulez, vous verrez ce qu’on va faire au Parlement. » Sauf que ce sont les mêmes, ici et là ! Une belle schizophrénie, mais aussi une façon de dire, si les choses foirent durant l’année : « Je vous ai dit que c’était mal fait. »

• Chaque catégorie de fonctionnaires taxée a maintenu ses positions en flèche, avec un dénominateur commun : « Pourquoi nous et pas les autres », sous-entendu plus nantis. Comme on peut toujours trouver plus nanti que soi, l’argument est facile. Ou encore « nous avons droit à un revenu décent », un adjectif qui à leurs yeux veut dire pouvoir offrir un aide coursier à madame, une Jaguar au jeune diplômé et une lune de miel à Bora Bora pour la petite dernière.

• En plus, les uns et les autres croyaient pouvoir brandir des menaces à peine voilées, ce qui engendrait des situations assez cocasses, qui allaient dans un même sens : si on touchait à leurs bénéfices, ils allaient travailler le moins possible, ou pas du tout. Ainsi, les militaires menaçaient de rester dans les casernes, les juges de succomber à la tentation de la corruption, les enseignants de ne pas surveiller les examens, etc. L’idée est qu’ils sont payés pour tenir officiellement un poste déterminé ; si en plus il faut qu’ils travaillent, ils doivent avoir un bonus.

• Une grande supercherie a accompagné l’annonce de certaines mesures, comme les nouvelles taxes sur les produits importés. Deux ministres se sont offert un show télévisé pour annoncer pompeusement : « Aujourd’hui, l’industrie libanaise a pris un grand tournant stratégique. » Tout cela pour faire avaler la pilule de produits plus chers, que vous allez casquer en plus des autres impôts. Ça vous apprendra à acheter des voitures importées au lieu de préférer la production locale.

• On peut continuer longtemps ainsi, mais il est temps de clore avec la blague du siècle : 1 000 LL pour chaque narguilé consommée. Avec donc un inspecteur des impôts pour chacun des 5 000 cafés du pays. On ne sait pas encore si les livraisons à domicile sont incluses, ni si une surtaxe est appliquée aux parfums fruités. Mais c’est en tout cas une invention à laquelle aucun des organismes financiers qui font des recommandations n’a encore pensé.

Nous avons peut-être fait des bêtises financières durant des années, mais c’est terminé maintenant. On passe à la vitesse supérieure : sombrer dans le ridicule.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Le Parlement a finalement achevé le débat sur le projet de budget 2019. Le document initial était un micmac de mesurettes appelées frauduleusement réformes et nous sommes parvenus à un ensemble visqueux de chiffres incohérents. De quoi nous inspirer quelques remarques croustillantes :• Le plus hilarant dans ce budget est que le ministre des Finances a été capable de fournir des...

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