Célébrer Abdel Halim Hafez en images et en musique

Mélanger la musique symphonique avec la voix d’Oum Kalsoum était déjà un grand défi que Hisham Gabr avait réussi à relever l’an dernier à l’ouverture du Festival de Baalbeck. Le dynamique et passionné compositeur et chef d’orchestre de l’Opera House du Caire réitère l’expérience cette année en rendant hommage au souvenir du rossignol brun (al-Andalib el-Asmar) Abdel Halim Hafez (1929-1977), l’année du 110e anniversaire de sa naissance – ce soir samedi 20 juillet, sur les marches du temple de Bacchus – et en confiant cette tâche au jeune Mohammad Assaf, lauréat du télé-crochet Arab Idol 2013. « Mais comment ne pas répéter cette expérience sans se répéter soi-même ? » se demande Gabr. Et de poursuivre, en apportant une réponse à son interrogation : « Les chansons de Abdel Halim Hafez sont plus légères et proches des jeunes. De plus, étant le chanteur qui a le plus joué de rôles dans des films, j’ai pensé choisir un répertoire de ses chansons interprétées dans des œuvres cinématographiques et associer les images aux interprètes présents sur scène. » « J’avais tenté cette expérience avec le cinéaste égyptien Amir Ramsès à l’occasion d’une célébration de l’œuvre de Youssef Chahine, précise Gabr. Il est actuellement au Liban pour m’accompagner dans cette aventure. »

La sélection des chansons était pourtant une étape ardue pour le compositeur égyptien « Abdel Halim était doté d’un flair incroyable quant au succès de telle ou telle chanson. Au final, nous avons pu en sélectionner une douzaine. Elles seront interprétées successivement par Mohammad Assaf et deux des chanteurs de l’Opéra du Caire, Mohammad Chawki et Noha Hafez. »

Après les embûches, les étoiles

Si le sort est tombé sur Mohammad Assaf, c’est parce que ce dernier interprète avec beaucoup de sincérité le répertoire de Abdel Halim Hafez. « De plus, précise Gabr, la ressemblance physique avec lui est frappante. » Interrogé, le chanteur palestinien, lui, dit vivre un rêve. « Je n’arrive pas à m’imaginer comment moi, jeune enfant de Gaza, je vais me trouver dans le magnifique cadre du temple de Bacchus, là où les grands interprètes, troupes ou orchestres se sont produits. » Et de répéter : « C’est réellement un rêve. »

Depuis que ce jeune homme qui s’est battu (et réellement battu !), en enfreignant parfois la loi, afin de briser les chaînes et de sortir de Gaza ; depuis qu’il a réussi à partir en Égypte, alors qu’on ne lui donnait aucune chance, pour se présenter aux auditions d’Arab Idol en 2013 ; et depuis que son étoile a commencé à briller et que des centaines de milliers de téléspectateurs l’ont ovationné et adoubé, Mohammad Assaf s’est tracé un chemin vers la cour des grands. Une revanche sur le passé qu’il offre à ses parents qui ont baigné dans la musique et qui ont cru en lui. « Seule la confiance que les parents mettent dans leurs enfants leur donne des ailes », dit-il. Ce n’est pas étonnant que le cinéaste palestinien Hani Abou Assad ait raconté l’histoire magique de Mohammad Assaf dans son film The Idol en 2015. Mais que fera Mohammad Assaf ce samedi pour faire revivre l’image du Andalib ? « Il me suffit de reproduire sa sensibilité, dit le chanteur palestinien. Abdel Halim était un écorché vif et ses émotions, débordantes, étaient contagieuses. »