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Culture - Beirut Design Week

Le souffle nostalgique du design... au centre Starco

La 8e édition de la semaine du design beyrouthine* exalte un certain retour vers une époque où le futur était encore prometteur. Tout en privilégiant l’utilisation des nouveaux outils technologiques et numériques...

Une vue de l’exposition au premier étage du centre Starco.

« On a tous en nous des émotions oubliées. Il suffit d’un objet pour les retrouver », scandait la publicité d’une enseigne française de meubles et d’objets rétro. Un slogan qui pourrait parfaitement s’appliquer à cette 8e édition de la Beirut Design Week. Une semaine du design placée sous le thème de la nostalgie. Et dont le cœur de la programmation, regroupant exposition-happening, débats et ateliers, se tient dans l’un des lieux emblématiques du Beyrouth d’antan et… d’aujourd’hui : le centre Starco.

Un building des années cinquante qui a conservé intacte sa – pionnière, à l’époque – modernité. Et dont le premier étage, resté à l’état brut, dégage une puissance symbolique et émotionnelle en parfaite adéquation avec les projets esquissés par la trentaine de jeunes designers, artistes et créateurs participant à cet événement. Tous inspirés, cette année, par la nostalgie d’un temps que les moins de… 40 ans ne peuvent pas connaître. Un temps d’avant : avant-guerre mais, aussi et surtout, d’avant la révolution technologique et numérique des années 2.0.

Organisée (pour la première fois) par l’agence de communication The Creative Nine, cette édition 2019 de la Beirut Design Week se démarque par une approche plus artistique, performative et intellectuelle du design que celle des éditions précédentes. Ainsi, plutôt que la présentation de prototypes d’objets, l’accent est mis sur la présentation d’une démarche créative commune à toute une nouvelle génération de designers, qui puisent leur inspiration dans le passé, et dans un mélange hétéroclite d’objets devenus marqueurs de leurs époques. 

Aussi bien les lampes à pétrole et les bracelets en or torsadés des (arrières) grands-mères (au design réanimé par Nada G), que les images polaroids, le meuble télévision sur pieds, l’impression sérigraphique (très connotée seventies) ou encore la fameuse boîte à cigarette (redessinée par les Makers) donnent ainsi lieu à des interprétations diverses mettant en valeur une sorte de mémoire collective. Celle d’un âge d’or beyrouthin symbolisé par la figure iconique de la chanteuse Asmahan, dont on retrouve l’effigie, signée Lamia Ziadé, brodée sur une « Kimabaya » de la styliste Milia M ; ou la figure glamour de Georgina Rizk trônant au centre d’une installation signée Alfred Tarazi. Mais aussi une mémoire plus patrimoniale, traditionnelle et artisanale incarnée par le travail de la marqueterie (revivifié par Nada Debs), ou du cannage détourné en version 3D print. Et enfin, plus proche de nous, celle des années 80 et de ses gadgets fétiches, à l’instar du talkie-walkie, de la caméra jetable ou encore du walkman que le designer français Thomas Olivier s’est amusé à rapprocher de nos WhatsApp, Instagram et Spotify actuels.


(Lire aussi : Rendez-vous dans trois mois pour les dix ans de la BAF)


La nostalgie n’est plus ce qu’elle était
À travers des versions nouvelles refaçonnées avec des matériaux et des outils contemporains ou simplement réintroduits, façon vintage, dans des installations artistiques, ces objets désuets, qui ponctuent l’espace d’exposition au centre Starco, retracent ainsi le fil d’une créativité libanaise qui, d’une part, se démarque en puisant dans ses racines et, d’autre part, suit une tendance mondiale de retour vers le passé.

Pourquoi l’esprit rétro et vintage revient-il en force dans les objets de créateurs ? Signe de la morosité des temps actuels ? Envie de revenir au passé dans un pays où l’avenir ne semble plus en mesure de tenir ses promesses ? Envie d’un retour vers un temps plus long aux changements moins rapides que ceux de notre époque dominée par la vélocité et le virtuel ? Ou encore tout simplement, effet de mode et de marketing? Mais aussi comment peut-on avoir la nostalgie d’un temps qu’on n’a pas connu?

Autant de questionnements, parmi d’autres, que ne manquera pas de soulever la visite de cette exposition au centre Starco. Des questions qui feront d'ailleurs l'objet de tables rondes et d'ateliers, prévus tout au long de la journée du samedi 6 juillet, avec un panel de designers, architectes, artistes et créateurs, libanais et étrangers. Parmi lesquels, on signale la présence de l’architecte libanaise multiprimée Lina Ghotmeh, de son confrère danois Johannes Torpe, du professeur à Politecnico Di Milano Andrea Canclini, de l’artiste-graffeur Yazan Halwani, du styliste et storyteller Salim Azzam (lauréat du 3e Prix OLJ-SGBL Génération Orient, saison 2) ainsi que du publicitaire Ramzi Najjar…

Sinon, pour simplement profiter de l’esprit de fête qu’induit la design week, il suffit de rentrer sur le site de l’événement (beirutdesignweek.org) pour suivre au jour le jour le parcours des happenings échelonnés jusqu’au dimanche 7 juillet dans les différents quartiers de Beyrouth.

*Jusqu’au dimanche 7 juillet, de 9h30 à 21h.


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