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Culture - DubaI Design Week

À Dubaï, le bonheur est dans le design... de demain

Lancée il y a quatre ans avec la puissance d’un projectile visant la lune, la Semaine du design de Dubaï semble revenir, cette année, à une vitesse de croisière. Tout en gardant le cap vers le futur...

Dans le cadre d'Abwab, « Beirut Fillers », l’intrigant pavillon libanais réalisé par le talentueux duo d’artistes Tamara Barrage et David Habchy. D.R.

Regarder constamment en direction du futur et anticiper l’avenir. Tel est le credo et le catalyseur de Dubaï. La ville, qui se veut l’étendard de la modernité et de la « good life » dans les pays du Golfe, a investi voilà quatre ans dans une Design Week à son image. C’est-à-dire cosmopolite (apparemment), prospère et ambitionnant, évidemment, de se positionner parmi les grands rendez-vous annuels de ce secteur.

Après le démarrage en trombe des trois premières éditions (2015/16/17) – grâce aux gros moyens injectés pour en faire la plate-forme régionale du design et pour instaurer, à terme, une scène créative locale –, voilà qu’en 2018, l’événement annuel semble être passé à sa vitesse de croisière.


Couleurs et lumières…
Certes, cette 4e édition de la Semaine du design de Dubaï, qui s’est tenue du 12 au 17 novembre, s’est déroulée sur un tempo tout aussi trépidant que les années précédentes. Certes, le parcours des visiteurs était émaillé d’installations ludiques ou poétiques signées d’artistes internationaux, dont le puzzle géant de l’italienne Paola Navone ; les 169 grands bols colorés formant le gigantesque Aglow de la britannique Liza West ou encore le Refuge, sorte de palmeraie dorée du franco-italien Marc Ange. Sans oublier la très belle création lumineuse Breath of Light signée Vasku&Klug, les directeurs créatifs du label tchèque Preciosa. Une pièce enchanteresse et interactive composée de milliers d’ampoules cristallines s’allumant au moyen d’un simple souffle humain dans un senseur. Mais, malgré cette animation joyeuse, il soufflait comme un air de déjà-vu sur le D3, district du design, de l’art et des industries créatives de la ville, où se concentraient la quasi-totalité des expositions, installations, ateliers et conférences.


Pavillons nationaux et concepts innovants
En fait, plus que d’un déjà-vu, il s’agirait plutôt d’un manque d’élément de surprise pour les habitués de l’événement, lesquels avaient l’impression de suivre un parcours déjà balisé lors des éditions antérieures. Tant au niveau de la Downtown Design (la foire des éditeurs et labels de mobilier), que des propositions scénographiques d’Abwab (le groupement des pavillons nationaux des pays du Moyen-Orient qui mettent en évidence les compétences de leurs designers à travers leur traitement d’un thème préétabli) ou encore du Global Grad Show. Cette dernière exposition, qui présentait cette année 150 projets avant-gardistes conçus par les étudiants des plus importantes écoles de design du monde, reste l’un des points forts de la Dubai Design Week. Et, même si on retrouvait dans cette sélection des prototypes déjà présentés dans les précédents Grad Show – comme les purificateurs d’eau à énergie solaire, les kitchenettes transportables, les nettoyants ménagers déshydratés ou encore les baskets en matériau textile issu des bactéries –, cette cuvée 2018 ne manquait pas de propositions intéressantes à explorer. Et cela, aussi bien dans le domaine de l’habitat et ses aménagements que dans ceux de la santé, des connexions humaines ou encore des traitements antipollution. On retiendra, entre autres, les structures de fauteuils, matelas et tabourets en tressages de contreplaqué qui s’adaptent au poids et aux mouvements du corps avec une telle élasticité qu’elles introduisent une nouvelle manière de se reposer, plus « active » et donc bénéfique pour les articulations (Central Saint Martins). Ou encore cette technique qui aspire les résidus des pesticides hors des sols agricoles (University of Houston). Et qu’il serait urgent d’expérimenter dans notre cher pays.


Le Audi Award à Élias Soueidi
Justement, le Liban était présent comme chaque année à la Dubaï Design Week, à travers une belle palette d’artistes et de designers. À commencer par le jeune architecte Élias Soueidi qui a remporté le premier prix des Audi Innovation Awards pour son Ruin to Reality (R2R). Il s’agit d’une application qui donne accès virtuellement et en 3D tant aux sites classés patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco qu’aux bâtisses historiques détruites par les guerres. Une manière d’archiver et de préserver l’héritage culturel. Et de reconnecter les gens, notamment les populations déplacées, avec leur environnement originel et leurs racines.


Le Beirut de Tamara et David…
Puis, dans le cadre d’Abwab, la série des pavillons nationaux de la région, celui du Liban a focalisé l’attention avec son intrigante installation signée Tamara Barrage et David Habchy. Baptisée Beirut Fillers, elle offrait à travers un flux digital d’onomatopées – ces « Euh », « Eh », « Leik », « Bass » ou encore « Walaw » couramment utilisés pour remplir un vide ou marquer une transition dans une conversation en libanais – une sorte d’exploration ludique et sensorielle de la texture vocale propre à la ville de Beyrouth.




… et celui des autres designers libanais
Un peu plus loin, à la foire Downtown Design, le stand de la Beirut Design Week s’est également démarqué de ceux de ses pairs par la cohérence et la qualité du travail des trois designers qu’il exposait. À savoir Damj (Ahmad Khouja), Kray Studio (alias Rita Kettaneh, dont les Crystal tables d’appoint lui ont valu le A’ design Award 2018 Bronze) et Saccal design des sœurs Nour et Maysa Saccal. Ces dernières, qui puisent leur inspiration de Beyrouth comme entité paradoxale, à la fois ville attrayante et en perpétuelle confrontation avec ses habitants, ont présenté, entre autres petits objets, de délicats vases en argile portant des stigmates de barbelés… Subtile allégorie de l’empreinte insidieuse des années de guerre et de divisions sur la population urbaine…

Enfin, outre le passage éclair de Nada Debs qui a donné un talk sur les liens entre inspiration et style, il faut aussi signaler la plate-forme que consacrait la Nakkach Gallery de Dubaï aux nouveaux talents du design libanais, à l’instar de Tarek el-Kassouf, Eva Szumillas, Sahar Bizri et Ahmad Bazazo.

Impossible d’énumérer l’ensemble des expositions et des ateliers programmés. Certes, la majorité de ces événements sont importés de Paris, de Milan ou d’ailleurs, mais en attendant que s’épanouisse davantage une scène design proprement émiratie qui bourgeonne (sous le parrainage du programme Tanween), cette semaine du design de Dubaï participe à offrir une intéressante perspective, esthétique et sensorielle, des envies créatives dans cet émirat du Golfe, où visiblement le bonheur est dans le design… de demain.




Regarder constamment en direction du futur et anticiper l’avenir. Tel est le credo et le catalyseur de Dubaï. La ville, qui se veut l’étendard de la modernité et de la « good life » dans les pays du Golfe, a investi voilà quatre ans dans une Design Week à son image. C’est-à-dire cosmopolite (apparemment), prospère et ambitionnant, évidemment, de se positionner parmi les...

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