Nouvel épisode de la « grève à répétition » des militaires retraités

Passant outre à l’avis des ministres de la Défense, Élias Bou Saab, et des Télécoms, Mohammad Choucair, les militaires à la retraite ont récidivé hier, coupant dès 5 h du matin les grands axes routiers reliant le pays à la capitale et désorganisant de façon bien étudiée la circulation et l’activité économique. Ils ont suspendu cet encerclement économique à 9 heures, « à la demande du commandement de l’armée», mais ont annoncé que des « mesures d’escalade seront prises » si d’éventuelles mesures d’austérité visant un quelconque aspect de leur statut sont votées dans le budget 2019.

Le ministre de la Défense avait jugé que leur mouvement « dessert leur cause » et « en fait payer le prix à la population »,

Pour sa part, le ministre des Télécoms, qui préside par ailleurs les organismes économiques, a affirmé : « Avec tous mes respects pour les demandes soulevées, il est inadmissible que ceux–là mêmes qui sont au service de l’État et du citoyen, et quand bon leur semble, coupent les routes, ferment le port de Beyrouth, le siège de la Sécurité sociale et d’autres secteurs vitaux, interrompent la livraison de l’essence et paralysent les universités... Étrange et illogique spectacle qu’un État qui fait la grève contre lui-même. »

Voies alternatives

Dans un communiqué, les militaires se sont courtoisement excusés auprès des automobilistes pour «le dérangement causé ». «Nous avons fait de notre mieux pour ne bloquer les routes qu’à des endroits qui n’impactent pas trop le mouvement des personnes et leur avons laissé la possibilité d’emprunter des routes alternatives», précise le texte.

Dans la matinée, le commandement de la troupe avait appelé les retraités des forces armées à suspendre leur mouvement de protestation et «faciliter la vie des citoyens», soulignant toutefois être solidaire avec les revendications des manifestants.

Les vétérans de l’armée libanaise protestent en particulier contre un projet de ponction mensuelle de 3 % sur les pensions de retraite des anciens militaires, qui servira à financer leur couverture maladie, et contre le plafonnement du total des indemnités perçues par les militaires (ainsi que par les autres fonctionnaires) au cours d’une année à l’équivalent de 75 % de leur salaire principal pour la même année.

Au niveau de Dahr el-Baïdar, sur la route menant de et vers la vallée de la Békaa, les retraités de l’armée ont, pendant un moment, laissé passer uniquement les cars transportant des soldats.

À Barbara, sur l’autoroute du Nord, les militaires avaient brûlé des pneus sur les deux voies de circulation, avant de ne bloquer que celle menant vers Beyrouth et d’ouvrir celle menant vers le Nord. Un officier présent sur les lieux a affirmé avoir notamment «donné des instructions pour ouvrir la route deux minutes tous les quarts d’heure, pour que les citoyens ne payent pas le prix de notre mouvement de contestation».

Altercation à Tabarja

À Tabarja, sur l’autoroute nord également, un incident a éclaté entre les militaires à la retraite et les passagers de la voiture d’un ancien député, après que le véhicule de ce dernier ent tenté de forcer un barrage.

Dans la journée, le bureau de l’ancien député Fady Karam (Forces libanaises) a démenti avoir été impliqué dans cet incident survenu à Tabarja, tel que cela avait été rapporté dans certains médias. À Naamé, au sud de Beyrouth, la circulation a été rouverte, avant 10h, dans les deux sens.

Commentant les grèves à répétition, le député Nehmat Frem a préconisé l’instauration d’une taxe de 3% sur les importations. « Je crois que c’est la meilleure esolution, a-t-il dit. À raison de 150 millions de dollars par point, cette décision audacieuse mettra fin à la crise des rentrées ; nous n’aurons plus besoin de toucher aux droits des militaires retraités et nous aurons ainsi modifié la politique économique du Liban et promu une économie productive ».