Le président du Parlement, Nabih Berry. Photo ANI
Le président du Parlement, Nabih Berry, a commenté hier les propositions faites par Washington dans le plan développé par Jared Kushner, conseiller et gendre du président américain Donald Trump, pour la paix au Proche-Orient, en affirmant qu’aucun investissement fait au Liban au détriment de la cause palestinienne ne sera accepté par Beyrouth. Cette réaction de M. Berry constitue le premier commentaire officiel d’un responsable libanais au sujet du volet économique du plan Kushner, depuis qu’il a été dévoilé en détail samedi par la Maison-Blanche.
« Mister Kushner, le Liban et les Libanais ne seront ni témoins ni partenaires de la vente de la Palestine » en échange de 30 pièces d’argent », a encore affirmé le président du Parlement. Dans l’Évangile de Matthieu, « trente pièces d’argent » est le montant pour lequel Judas a trahi Jésus.
Soulignant que son commentaire intervient « dans l’attente d’une position libanaise unifiée » sur le plan Kushner, qui prévoit des investissements financiers dans les territoires palestiniens et les pays voisins à hauteur de 50 milliards de dollars et afin que « le silence du Liban ne soit pas considéré par certains comme une approbation des propositions empoisonnées » des États-Unis, M. Berry a affirmé que « le seul investissement qui ne trouvera pas sa place au Liban est un investissement fait aux dépens de la cause palestinienne, des droits des Palestiniens au retour sur leurs terres et au détriment de l’établissement d’un État palestinien indépendant, avec Jérusalem pour capitale ».
« Ceux qui pensent qu’agiter des milliards de dollars pourrait attirer le Liban qui traverse une crise économique étouffante, et le pousser à se soumettre et à transiger sur ses principes, se trompent », a déclaré le chef du législatif. Il a ajouté que le Liban et les pays arabes « résisteront de toutes les façons possibles à l’implantation » des réfugiés palestiniens.
« Condamnation à mort » de la cause palestinienne
« Nous en appelons à ce qui reste de décence chez les pays arabes afin qu’ils ne permettent pas que la cause des Palestiniens soit condamnée à mort sur leurs propres terres », a-t-il dit, alors que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, notamment, sont régulièrement accusés de faire le lit des États-Unis et d’Israël, et de se détourner de la cause palestinienne. « Malheureusement, cette cause est, comme d’habitude, la cible d’une tentative de meurtre au moyen d’armes financières arabes », a souligné Nabih Berry.
Le représentant au Liban du mouvement Hamas, Ahmad Abdel-Hadi, a salué pour sa part la prise de position de Nabih Berry et « son soutien à la résistance palestinienne ». Le mouvement palestinien a annoncé l’organisation d’un sit-in demain devant le siège de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (Escwa), dans le centre-ville de Beyrouth, pour protester contre la conférence à Bahreïn et le plan de paix américain.
Washington a dévoilé samedi le volet économique du futur plan américain pour résoudre le conflit israélo-palestinien, qui promet entre autres de booster l’économie palestinienne avec pour objectifs affichés de récolter plus de 50 milliards de dollars et de créer un million d’emplois sur dix ans. Cette initiative sera discutée lors d’une conférence mardi et mercredi à Bahreïn, boycottée déjà par les Palestiniens et à laquelle le Liban a annoncé qu’il n’assistera pas.
EN TINTANT LA MONNAIE ILS VEULENT ACCAPARER LA TERRE.
12 h 27, le 24 juin 2019