Bou Saab chez Hariri pour un replâtrage des relations

Sérieusement secouées au cours des dernières semaines, les relations entre le chef du gouvernement et du courant du Futur, Saad Hariri, et le CPL opèrent progressivement un retour à la normale. Après sa réunion-marathon de franche explication, lundi, avec le chef de ce parti et ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, M. Hariri a reçu hier au Sérail le ministre de la Défense, Élias Bou Saab.

Au menu de la conversation, une série de dossiers, mais à en croire les propos tenus par M. Bou Saab à la presse à sa sortie du Sérail, ni la visite controversée qu’il avait effectuée au tribunal militaire quelques jours avant le tout autant controversé verdict de cette instance d’exception, innocentant l’ancienne chef du bureau de lutte contre la cybercriminalité Suzanne el-Hajj dans l’affaire Ziad Itani, ni les accusations indirectes qu’il avait lancées contre les FSI et le camp Hariri, au lendemain des attaques terroristes mortelles d’un islamiste, Abdel Rahman Mabsout, contre des agents des FSI et des soldats de l’armée à Tripoli, n’ont été abordées.

Pourtant, ce sont ces deux affaires qui avaient contribué, en plus de propos attribués à M. Bassil au sujet du « sunnisme politique », à la détérioration des rapports entre le Premier ministre et le CPL.

Au lendemain des attaques de Tripoli, M. Bou Saab avait publiquement reproché au chef du gouvernement de n’être pas entré en contact avec lui, lorsqu’il avait pris connaissance des faits. Il s’était indigné avec d’autres responsables du CPL du fait que Mabsout avait été récemment libéré de prison, sous-entendant que le courant du Futur de Saad Hariri avait contribué à sa relaxe, avant de tenter, plus tard, de rectifier le tir.

Au Sérail, M. Bou Saab a déclaré à la presse avoir discuté avec le Premier ministre du budget dont l’examen se poursuit en commission parlementaire et de sa prochaine visite en Russie où il est attendu lundi en principe. Et s’il a dit avoir aussi évoqué avec lui « des questions liées au tribunal militaire », M. Bou Saab a nié, en réponse à une question, avoir abordé sa visite controversée « car le ministre de la Défense a le droit de s’y rendre ». « Je ne pense pas que le Premier ministre Hariri avait considéré ma visite comme une ingérence » dans les affaires de ce tribunal, a-t-il ajouté.

En ce qui concerne le budget, M. Bou Saab, hostile aux mesures d’austérité qui doivent être appliquées aux militaires, a insisté sur le soutien de M. Hariri à l’armée, en soulignant que le chef du gouvernement « n’établit pas de distinction entre les forces régulières et les autres services de sécurité ». Alors que les militaires à la retraite poursuivent leur sit-in devant le bâtiment du ministère des Finances, à la rue Béchara el-Khoury, pour protester contre les prélèvements envisagés de leurs pensions dans le budget de 2019, le ministre a indiqué à la presse que « les choses sont positives ». « Nous espérons que le budget approuvé par le Parlement conservera les chiffres que nous avons discutés en Conseil des ministres », a-t-il quand même insisté.

En réponse à une question sur le sit-in des militaires à la retraite qui menacent de recourir à l’escalade et qui avaient bloqué l’entrée au bâtiment du ministère des Finances, M. Bou Saab a souligné espérer « ne pas arriver au point que ces anciens soldats se mettent à brûler des pneus ». « Nous faisons tout ce que nous pouvons et le Premier ministre travaille sur des solutions qui soient acceptables pour tous », a-t-il dit.

Plus tôt dans la journée, M. Hariri avait reçu la visite de l’ambassadeur de France, Bruno Foucher, pour un entretien qui a porté sur plusieurs questions d’actualité ainsi que sur les relations bilatérales.