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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le doute persiste sur la tenue de la présidentielle en Algérie

Malgré le dépôt de deux candidatures en vue de l’élection, la tenue du scrutin prévu le 4 juillet est compromise.

Face-à-face tendu entre la police et les manifestants, hier, à Alger. Ramzi Boudina/Reuters

Hier, des milliers d’Algériens sont descendus dans les rues de la capitale, pour la quinzième semaine consécutive. « Pas d’élections avec le gang », scandaient certains manifestants opposés à l’élection présidentielle organisée en juillet prochain. Depuis le 22 février, les Algériens se mobilisent en force contre le pouvoir. Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika, qui souhaitait briguer un cinquième mandat, ils réclament depuis le départ du système en place depuis vingt ans. Ils s’opposent ainsi à la tenue de l’élection présidentielle avant le départ de l’ensemble des figures du « système », en tête desquelles le président par intérim Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui.

Il est donc difficile d’imaginer que les candidatures déposées par Abdelhakim Hamadi et Hamid Touahri pour la prochaine élection présidentielle aboutissent. « Les Algériens ne veulent pas de ces élections, et donc le jour J, même si les élections se tiennent, ils ne vont pas se déplacer », explique Dalia Yazbeck-Ghanem, docteure en sciences politique et chercheuse résidente à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.

Depuis deux décennies, de forts soupçons de corruption entachent les élections présidentielles en Algérie. Le peuple réclame aujourd’hui l’instauration d’une période de transition durant laquelle l’armée remettra le pouvoir aux civils. Des doutes pèsent par ailleurs sur la sincérité des candidatures de Abdelhakim Hamadi et Hamid Touahri, inconnus du paysage politique et de la société civile. Le premier homme est vétérinaire de formation et a créé plusieurs entreprises de distribution de médicaments. Il a échoué à deux reprises à présenter sa candidature à l’élection présidentielle algérienne en 2014 et en 2019. Quant à Hamid Touahri, ingénieur en mécanique aéronautique, il a bien tenté de se faire élire aux élections locales en 2017 dans sa commune d’el-Attaf, sans succès.



(Lire aussi : Une présidentielle le 4 juillet est-elle encore possible en Algérie ?)



Deux scénarios
Pour Moussaab Hammoudi, chercheur doctorant à l’École des hautes études en sciences sociales, l’armée serait derrière ces candidatures. « Si l’élection présidentielle n’a pas lieu, l’armée n’aura d’autre choix que de rendre le pouvoir aux civils ou de fomenter un coup d’État. Or elle redoute les deux scénarios. C’est pourquoi elle essaie de prolonger les élections avec ces deux candidatures », explique-t-il.La tenue de l’élection présidentielle reste néanmoins incertaine. Plusieurs maires et magistrats du pays ont fait savoir qu’ils ne prendraient pas part à l’organisation du scrutin. Les maires de Béjaïa, Boumerdes et Tizi Ouzou ont ainsi manifesté dans la capitale, vendredi 17 mai, pour afficher leur opposition aux élections. Les conditions techniques pour les organiser ne semblent pas non plus réunies. Le fichier électoral n’a pas été mis à jour et aucun des candidats déclarés n’a fait sa campagne électorale. « De manière générale, rien n’a été fait dans les règles », souligne Dalia Yazbeck-Ghanem. Abdelhakim Hamadi et Hamid Touahri auraient en effet déposé leurs dossiers après les délais légaux fixés, samedi 25 mai à minuit. Dimanche, le Conseil constitutionnel a déclaré cependant dans un communiqué avoir « enregistré le dépôt de deux dossiers » en vue de l’élection du 4 juillet.

Les chances du scrutin de se concrétiser restent cependant faibles. Le Conseil constitutionnel a dix jours pour s’assurer que les deux hommes, inconnus du grand public algérien, ont obtenus les 60 000 parrainages d’électeurs ou les 600 signatures d’élus requises par la loi.

Pour le moment, le président algérien par intérim, Abdelkader Bensalah, nommé le 9 avril, a affirmé vouloir respecter les délais fixés par le Conseil constitutionnel. Ceux-ci prévoient d’élire un nouveau chef de l’État dans les 90 jours qui suivent le début de l’intérim.



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