Institué en 2010 par le PDG de L’Orient-Le Jour, l’ancien ministre Michel Eddé, à la mémoire de son ancienne collaboratrice au sein du ministère de la Culture disparue trop tôt, le prix Jouhayna Baddoura met en lumière, depuis quelques années, le travail d’artistes confirmés mais ne jouissant pas toujours de la consécration et de la visibilité que mérite leur œuvre.
Après Hannibal Srouji en 2016, Afaf Zurayk en 2017 et Bassam Geitani en 2018, c’est donc à Samia Osseirane Joumblatt (née à Saïda en 1944) qu’est revenu le prix cette année. La décision prise à l’unanimité par un jury composé de Sylvia Agémian, Nayla de Feige, Joseph Tarrab, Samir Sayegh, Maha et Fayçal Sultan, a été suivie d’une cérémonie qui s’est tenue hier au Musée des minéraux de Beyrouth (MIM), en présence d’amis et de parents de l’artiste. Cette dernière étant absente pour cause de fatigue, c’est sa sœur Afaf Osseirane Saïdi qui a reçu des mains de Sélim Eddé, l’hôte des lieux, le trophée et le chèque de 5 000 dollars qui lui sont adressés pour l’ensemble de son œuvre.
« Samia Osseirane Joumblatt mérite largement cette récompense tant pour la qualité que la constance de son travail », indique Joseph Tarrab, relevant qu’« elle a commencé par l’abstraction, il y a plus d’une cinquantaine d’années, avant de prendre le virage de la représentation de la nature. Elle a su trouver un langage stylistique personnel, à travers des couleurs et un graphisme inventifs, tout en restant respectueuse des formes véritables de la nature ».
Anecdote révélatrice
Et le critique de raconter une petite anecdote révélatrice de la minutie et de l’extrême précision avec laquelle elle abordait son art. « Un jour, ayant passé plusieurs heures à contempler un jardin ou un parc pour saisir au plus près certains détails d’arbres et de fleurs, elle attire l’attention de gendarmes qui, la soupçonnant d’espionnage, l’interpellent au poste. »
Artiste dans l’âme, cette peintre est aussi poète. Elle a à son actif plusieurs recueils en langue arabe. Elle est également active dans le domaine social. Avec sa sœur, elle s’occupe d’une association familiale (fondée par feue sa mère, épouse de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Adel Osseirane) qui assure un travail artisanal aux femmes de Saïda. Un humanisme qu’elle traduit également dans ses peintures, notamment les portraits dans lesquels elle privilégie les gens ordinaires au travail aux mondains évoluant dans les salons.
« Elle a été l’une des toutes premières artistes femmes libanaises à décrocher une maîtrise en beaux-arts à l’Institut Pie XII de Florence, où elle a étudié au cours des années 1960, avant de revenir au pays enseigner l’art à la LAU et s’adonner à la peinture sans relâche. Jusqu’à présent », rappelle sa sœur, qui a prononcé, en son nom, un bref mot de remerciements émus.
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