Rechercher
Rechercher

À La Une - Royaume-uni

Broyée par le Brexit, Theresa May démissionne

L'ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, champion des Brexiters, fait partie des favoris pour succéder à la Première ministre.

La Première ministre britannique, Theresa May, le 24 mai 2019 au 10 Downing street, après avoir annoncé sa démission. Photo REUTERS/Hannah McKay

Usée par l'interminable saga d'un Brexit qu'elle a échoué à mettre en oeuvre, la Première ministre britannique Theresa May, au bord des larmes, a annoncé vendredi sa démission, renforçant l'hypothèse d'un départ du Royaume-Uni de l'UE sans accord.

Mme May a précisé qu'elle démissionnerait de ses fonctions de cheffe du Parti conservateur -- et donc de cheffe du gouvernement -- le 7 juin, dans une allocution prononcée devant le 10, Downing Street, exprimant "un profond regret de ne pas avoir été capable de mettre en oeuvre le Brexit".

"Ce fut l'honneur de ma vie d'être la deuxième femme à occuper le poste de Premier ministre" après Margaret Thatcher, a-t-elle ajouté. Sa voix s'est cassée au moment de terminer sa brève déclaration en proclamant son "amour" pour son pays, la dirigeante masquant l'émotion qui la submergeait en faisant volte-face pour se diriger vers ses bureaux.

Theresa May avait pris la tête de l'exécutif en juillet 2016, le mois suivant le vote de 52% des Britanniques en faveur d'une sortie de l'UE, succédant à David Cameron. Mais cette fille de pasteur de 62 ans, ancienne ministre de l'Intérieur, n'est pas parvenue à rallier derrière sa vision du Brexit une classe politique profondément divisée sur la question, y compris son propre parti. En témoigne l'accord de divorce qu'elle a conclu avec Bruxelles, rejeté à trois reprises par les députés britanniques.



Elle a "politiquement mal évalué l'humeur de son pays et de son parti", a taclé sur Twitter le sulfureux europhobe Nigel Farage, patron du Parti du Brexit.

Le président américain Donald Trump, qui doit prochainement rencontrer Theresa May lors d'une visite d'Etat au Royaume-Uni du 3 au 5 juin, s'est dit "désolé" pour elle et a même trouvé quelques mots louangeurs inhabituels à son égard, la disant "très solide".


"Incapable de gouverner"
Le mandat de Theresa May, aux airs de chemin de croix tant elle a rencontré d'obstacles, de critiques voire de complots au sein de son propre parti, restera comme l'un des plus courts de l'histoire des Premiers ministres britanniques depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Elle est aussi la 4e dirigeante conservatrice à chuter sur l'Europe, après Margaret Thatcher, en 1990, John Major en 1997 et David Cameron en 2016.

Son successeur sera nommé par le parti conservateur d'ici le 20 juillet, avec pour grand favori l'ex ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, champion des Brexiters.



Son arrivée au pouvoir, ou celle d'un autre partisan d'une coupure nette avec l'UE, rapprocherait le pays d'un Brexit sans accord, synonyme d'un retour des formalités douanières, un scénario redouté par les milieux économiques et par l'Irlande à cause du risque du retour d'une frontière entre le sud membre de l'UE et la province britannique du nord.

Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a ainsi relevé que le départ de Mmr May "signifie que nous entrons maintenant dans une nouvelle phase en ce qui concerne le Brexit, une phase qui pourrait être très dangereuse pour l'Irlande".

La porte-parole du gouvernement espagnol Isabel Celaa a estimé qu'un "Brexit dur" paraissait désormais "une réalité quasi impossible à arrêter".

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui appelé à "une clarification rapide" sur le Brexit.

Boris Johnson a lui appelé au "rassemblement" pour "mettre en oeuvre le Brexit".

Theresa May, "incapable de gouverner", a eu "raison de démissionner", a jugé le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, estimant que son successeur devra convoquer de nouvelles élections pour sortir le pays de l'impasse.

Le rejet de l'accord de divorce par les députés a contraint l'exécutif britannique à repousser au 31 octobre au plus tard le Brexit, alors qu'il était initialement prévu le 29 mars, et à organiser les élections européennes en catastrophe.

Le scrutin, qui s'est tenu jeudi au Royaume-Uni, s'annonce calamiteux pour les tories, qui termineraient à une humiliante cinquième place (7%), 30 points derrière le Parti du Brexit, selon un sondage YouGov.



En bout de course
Mardi, Theresa May avait présenté un plan de la "dernière chance" pour tenter de faire passer sa vision du Brexit. En vain: le texte a suscité un déluge de critiques tant de l'opposition travailliste que des eurosceptiques de son propre parti, entraînant la démission mercredi soir de la ministre chargée des relations avec le Parlement, Andrea Leadsom.

Ce plan prévoyait une série de compromis, dont la possibilité de voter sur un second référendum et le maintien dans une union douanière temporaire avec l'UE, pour tenter de rallier la majorité des députés.

Mais en lâchant du lest, Theresa May a hérissé les eurosceptiques de son camp. Le départ d'Andrea Leadsom a fini de saper son autorité, suivant celui d'une trentaine de membres de son gouvernement au fil des mois.

Reste que la tâche de détricoter plus de 40 ans de liens avec l'UE n'avait rien de facile, souligne Simon Usherwood, politologue de l'Université de Surrey, interrogé par l'AFP. "Quiconque dans sa position aurait rencontré de grandes difficultés", ajoute-t-il. "L'Histoire ne retiendra pas d'elle une image favorable", juge-t-il malgré tout.



Lire aussi

Theresa May repousse le vote sur son projet de loi

Elections européennes : le Royaume-Uni et les Pays-Bas votent

May prête à accorder un nouveau référendum pour sortir de l’impasse

Usée par l'interminable saga d'un Brexit qu'elle a échoué à mettre en oeuvre, la Première ministre britannique Theresa May, au bord des larmes, a annoncé vendredi sa démission, renforçant l'hypothèse d'un départ du Royaume-Uni de l'UE sans accord. Mme May a précisé qu'elle démissionnerait de ses fonctions de cheffe du Parti conservateur -- et donc de cheffe du gouvernement --...

commentaires (2)

LES ANGLAIS JOUENT UN TRES MAUVAIS TOUR A L,UE !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 26, le 24 mai 2019

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • LES ANGLAIS JOUENT UN TRES MAUVAIS TOUR A L,UE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 26, le 24 mai 2019

  • Je trouve que ce n'est pas objectif de dire: "L'Histoire ne retiendra pas d'elle une image favorable". Au contraire c'est apparement une politicienne avec beaucoup de patience et de perséverance avec des points de vues raisonables; elle a essayé de balancer les objectifs louables et justes du Brexit , et cela malgré les actions de la UE qui ne sont pas correctes. La UE devrait reconnaître le droit du Royaume Uni de sortir de la UE, au lieu de continuer à éspèrer (en vain) que les Britaniques vont changer d'opinion.

    Stes David

    17 h 28, le 24 mai 2019

Retour en haut