Des habitants de Aïn el-Mreissé insistent sur d’autres priorités

Des habitants du quartier de Aïn el-Mreissé ont organisé la semaine dernière un sit-in sur la corniche de Beyrouth, place Gamal Abdel Nasser, pour protester contre un projet de réaménagement des lieux, envisagé par la municipalité de Beyrouth. Ils ont signé une pétition qu’ils ont adressée au Premier ministre, Saad Hariri, au mohafez de Beyrouth, Ziad Chbib, ainsi qu’au président du conseil municipal, Jamal Itani.

Dans ce document envoyé hier à L’Orient-Le Jour, ces habitants de Aïn el-Mreissé exposent les motivations de leur opposition à un projet « qui va défigurer les lieux », d’autant qu’il prévoit de gagner quelques mètres sur la mer. S’ils ont décidé de recourir aux mouvements de protestation, c’est parce qu’après avoir tenu une première réunion avec M. Itani, en janvier dernier, ils ont appris que le projet était maintenu, en dépit de leurs démarches auprès du conseil municipal.

La réunion de janvier a fait suite à une annonce faite par celui-ci au sujet du développement de la corniche. Le conseil municipal explique dans cette annonce qu’il entreprend avec la compagnie Rafic Khoury et Cie une étude d’impact écologique « pour limiter les effets négatifs de ce projet » et demande aux riverains d’envoyer par écrit leurs remarques à la compagnie Khoury. Il les a ensuite convoqués à une réunion générale le 30 janvier pour en discuter. Le projet prévoit un agrandissement du trottoir par la suppression de la rambarde. Celle-ci sera remplacée par trois marches qui mèneront à un deuxième trottoir installé sur des colonnes et donnant sur la mer, explique à L’Orient-Le Jour Mme Shirine Daouk, qui habite le quartier.

Au niveau du trottoir qui fait face à la mosquée de Aïn el-Mreissé, la municipalité veut remblayer la mer pour gagner 100 x 50 mètres supplémentaires, un espace qu’elle prévoit pour l’organisation d’événements, toujours selon les explications de Mme Daouk, qui insiste sur le fait que d’autres projets liés aussi à l’infrastructure sont prioritaires dans le secteur.

Pour les habitants concernés de Aïn el-Mreissé, le projet de la municipalité n’a pas lieu d’être, « dans la mesure où il ne répond à aucune priorité ». C’est ce qu’ils soulignent dans leur pétition, en rappelant que la corniche, « l’un des plus beaux espaces de la ville et l’un des plus appréciés, a été réaménagée il y a moins de 10 ans pour 12 millions de dollars », alors que le coût du nouveau projet est estimé à 25 millions de dollars.

Pour Mme Daouk, ce qui est priorité absolue à Aïn el-Mreissé, c’est le règlement du problème des égouts qui se déversent dans la mer et des eaux usées. Ce point a été soulevé aussi bien durant la réunion avec M. Itani que dans la pétition. D’autres priorités ont été fixées, dont notamment l’éclairage, le manque de toilettes publiques, le trafic, les parkings ainsi que les trois ports de pêcheurs (Manara, Jal el-Bahr et Mina el-Hosn).

Les habitants ont réclamé l’étude d’impact, mais n’ont pas pu l’obtenir et n’ont pas réussi à entrer de nouveau en contact avec M. Itani, indique Mme Daouk, en indiquant qu’ils ont juste appris que le projet est maintenu, mais qu’il a été modifié. Le deuxième trottoir envisagé aurait une largeur de deux mètres au lieu de trois, ce que les habitants refusent toujours.

T.A.