Rechercher
Rechercher

Culture - À l’affiche

Le virtuel distord-il l’amour ?

« Celle que vous croyez », réalisé par Safy Nebbou, interprété par Juliette Binoche et Nicole Garcia, brosse le portrait d’une femme complexe.


Juliette Binoche et François Civil dans « Celle que vous croyez », de Safy Nebbou. Photo DR

Autant le dire tout de suite : Celle que vous croyez est l’illustration de la symbiose parfaite entre un réalisateur et un compositeur. Un mariage réussi, en l’occurence, entre le réalisateur français Safy Nebbou et le musicien compositeur franco-libanais Ibrahim Maalouf qui étaient venus tous les deux à Beyrouth présenter le film pour la levée de fonds de la Fondation LibanCinéma et animer un dialogue à l’ALBA autour de cette collaboration.

Est-ce que l’amour peut naître en mode virtuel ? Est-ce que seule la voix peut suffire à faire tomber quelqu’un sous les flèches de Cupidon ? Mais aussi peut-on cacher ses rides et son expérience de vie derrière un écran ? Autant de questions, bien dans l’air du temps, soulevées par Celle que vous croyez, un film que l’on peut situer autant dans la case thriller que celle de la chronique sociale et dont le scénario a été coécrit par Safy Nebbou et Julie Peyr.

Qu’en est-il de l’histoire, alors ? Pour épier son amant Ludo, Claire Millaud, 50 ans, crée un faux profil sur les réseaux sociaux et devient Clara, une magnifique jeune femme de 24 ans. Alex, l’ami de Ludo, est immédiatement séduit. De son côté, aussi, Claire, prisonnière de son avatar, va tomber éperdument amoureuse de lui. Même si tout se joue dans le virtuel, et la vérité se confond avec les mensonges, les sentiments, eux sont bien réels, voire poignants.

Le réalisateur Safy Nebbou a déjà choisi sa voie depuis 2012. Il aime les adaptations littéraires, les longs dialogues ou les silences qui servent parfois de dialogues. Cette fois-ci encore, il se sert du livre de Camille Laurens pour dresser un portrait de femme complexe : libre et croyant encore à l’amour ; jeune dans sa tête mais au physique qui aborde la cinquantaine ; enfin calme mais aux blessures encore ouvertes, non cicatrisées et qui cache un grand secret. Oui, dans cette histoire d’amour virtuelle mais tellement réelle, le mystère est au rendez-vous. Comme dans un film de suspense de Hitchcock, les protagonistes (même la psy, interprétée par Nicole Garcia) semblent écorchés vifs. Si le film pèche parfois par trop de rebondissements qui créent la surprise, c’est parce que l’œuvre cinématographique s’apparente de très près à l’œuvre littéraire et le spectateur a l’impression de la lire par strates, par couches. Il y a donc des césures qui ressemblent à des pages où l’on s’arrête pour reprendre la lecture. Et c’est certainement la belle musique d’Ibrahim Maalouf – qui avait dejà collaboré avec Safy Nebbou sur le film Les Forêts de Sibérie et qui lui a valu le César de la meilleure musique en 2017 – qui assure la liaison entre les différents actions du film. De plus, ce qui donne la puissance au film, c’est bien la performance de Juliette Binoche. L’actrice n’a jamais été aussi magnétique et aussi puissante dans sa performance. Dans la peau d’une femme de 50 ans avec toutes ses écorchures et blessures, elle ne craint pas de se montrer à nu dans ce film où chaque moment est une possibilité, une ouverture pour une interprétation nouvelle.


Dans la même rubrique

« Avengers : Endgame », point final pour toute une génération

« Cold War » : il faut souffrir pour faire du beau

Autant le dire tout de suite : Celle que vous croyez est l’illustration de la symbiose parfaite entre un réalisateur et un compositeur. Un mariage réussi, en l’occurence, entre le réalisateur français Safy Nebbou et le musicien compositeur franco-libanais Ibrahim Maalouf qui étaient venus tous les deux à Beyrouth présenter le film pour la levée de fonds de la Fondation...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut