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Liban - ONU

70 millions d’Arabes affectés par les catastrophes en 30 ans : quelle place pour le risque dans nos politiques ?

Le chef du bureau des pays arabes au sein de l’agence onusienne spécialisée UNDRR affirme que planifier le développement sans tenir compte des risques de catastrophes est contre-productif. Il s’exprimait en marge d’un grand rendez-vous mondial à Genève.

Comment tenir compte des grandes catastrophes dans les politiques de prévention, voire de développement ? Telle est la question au cœur des débats organisés au sein de la Plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophes 2019, du 15 au 17 mai à Genève, par l’Agence des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNDRR). Photo S.B.

Séismes, catastrophes naturelles, changement climatique… Comment tenir compte des grandes catastrophes dans les politiques de prévention, voire de développement ? Savoir prévenir le risque de catastrophe et ses conséquences sur les humains est primordial, mais aussi mener des actions visant à minimiser le risque sur les populations, telles que des constructions adaptées aux séismes par exemple. L’intégration de toutes ces notions dans les politiques nationales est actuellement au centre des débats en cours au sein de la Plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophes 2019, organisée du 15 au 17 mai à Genève, avec deux jours préparatoires, par l’Agence des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNDRR). Un grand rendez-vous mondial où les pays mesurent leurs progrès et leurs points faibles dans un grand cadre d’action, auquel on a donné le nom de Sendai, la ville japonaise qui l’a vu naître en 2015, avec une projection jusqu’en 2030.

Dans ce grand cadre mondial, les pays arabes ont leur propre réunion se tenant hier et aujourd’hui sous la houlette du bureau des pays arabes de l’UNDRR. Sujit Mohanty, chef de ce bureau basé au Caire, constate dans un entretien avec des journalistes libanais que cette région suit la tendance mondiale en termes de pertes économiques de plus en plus importantes et de vulnérabilité croissante des populations. En prévision du futur rapport régional sur la réduction des risques, et malgré des progrès dans les stratégies nationales, le bureau arabe de l’UNDRR a compilé certains chiffres qui parlent d’eux-mêmes : durant ces trente dernières années, quelque 70 millions d’Arabes ont souffert des conséquences de catastrophes dans au moins 330 événements distincts, et plus de 160 000 ont perdu la vie. Le rapport préliminaire cite l’urbanisation rapide, la dégradation environnementale, la rareté des ressources hydrauliques et les flux migratoires comme étant les principaux facteurs aggravants.

« Réduire le risque est encore plus crucial »
Mais ces chiffres doivent être mis en contexte. « Dans la région arabe, la vulnérabilité croissante est plus visible qu’ailleurs, notamment en raison des conflits, des questions de sécurité et des grands flux migratoires, dit-il. De plus, la rareté des ressources hydrauliques et les questions de gestion de l’eau ajoutent à cette vulnérabilité. Et c’est là que le bât blesse. Car, de manière générale, la région arabe n’est pas très exposée aux grandes catastrophes naturelles, comme les séismes destructeurs ou les tsunamis. Mais la population est si vulnérable que le moindre événement la fait souffrir. »

Quelles sont par conséquent les priorités ? « Dans notre bureau au Caire, nous poussons les pays à préparer leurs stratégies nationales en vue de gérer le risque de catastrophes, mais aussi de le réduire, dit-il. Se préparer aux catastrophes est important, mais réduire le risque est encore plus crucial. Un exemple serait le développement d’une infrastructure adaptée au risque auquel on pourrait être exposé et qu’on aurait au préalable évalué. Les séismes, les inondations… sont des phénomènes naturels. Ils ne deviennent des catastrophes que par les dégâts qu’ils provoquent. »

Collaboration réussie au Liban
Sous l’impulsion de l’UNDRR, les pays arabes sont donc en train de préparer des stratégies qui leur permettraient de réduire leurs risques de manière systématique. « À l’UNDRR, nous leur offrons notre assistance technique mais les aidons également à embraquer tous les acteurs concernés, explique M. Mohanty. C’est une grande réalisation dans le sens où concevoir le développement sans tenir compte des risques de catastrophes ne le rendra jamais durable. »

Qu’attend-il des réunions arabes et du forum international ? « La plateforme internationale qui a lieu tous les deux ans est une occasion pour les pays de s’informer sur ce qui se passe dans le monde, de profiter de l’expérience des autres, mais aussi de réaffirmer leur engagement politique à réaliser les objectifs du cadre d’action de Sendai, souligne-t-il. Pour la région arabe, nous en profitons pour réunir les représentants politiques des pays, mais aussi les différents acteurs comme la société civile et les universités, afin de développer les relations entre les acteurs concernés. Combattre le risque est une responsabilité partagée. »

Interrogé sur les pays les plus vulnérables dans la région arabe, M. Mohanty cite les pays en conflit ou sortant d’une guerre, tout comme les pays au développement très limité. Concernant le Liban, le chef du bureau arabe de l’UNDRR cite particulièrement les risques liés aux tempêtes de neige et aux inondations. « Au Liban existe aussi un risque sismique selon les experts, même s’il ne s’est pas manifesté de mémoire d’homme de manière particulièrement dramatique, poursuit-il. Il faut citer à ce titre la collaboration réussie entre une entité scientifique, le Conseil national de la recherche scientifique, et le bureau de prévention des risques relevant de la présidence du Conseil, pour l’évaluation et la préparation à de tels risques, un exemple dont on peut s’inspirer. »

Séismes, catastrophes naturelles, changement climatique… Comment tenir compte des grandes catastrophes dans les politiques de prévention, voire de développement ? Savoir prévenir le risque de catastrophe et ses conséquences sur les humains est primordial, mais aussi mener des actions visant à minimiser le risque sur les populations, telles que des constructions adaptées aux séismes par...

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