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Liban - Réforme électorale

Berry ouvre (très tôt) le bal de la réforme électorale...

Le président de la Chambre revient à l’option (ultraradicale) de la proportionnelle avec circonscription unique et sans vote préférentiel.

La délégation berryste réunie avec la Coalition nationale, jeudi. Photo ANI

Ce n’est qu’un an après les législatives de mai 2018 que le président de la Chambre, Nabih Berry, a donné ces jours derniers le coup d’envoi du débat autour d’une nouvelle réforme électorale, moins de deux ans après l’adoption de la loi actuellement en vigueur, votée le 16 juin 2017.

M. Berry avait à plusieurs reprises manifesté son mécontentement à l’égard de certaines failles entachant la mouture actuelle (prévoyant la proportionnelle appliquée à 15 circonscriptions avec vote préférentiel au niveau du caza). Sauf que ce que son parti propose aujourd’hui est loin d’être un simple correctif. Il s’agit de rien de moins que de l’option ultraradicale défendue depuis des décennies par le tandem chiite et tous ses alliés pro-Assad, et devenue un véritable leitmotiv, à savoir la proportionnelle sur la base de la circonscription unique et sans vote préférentiel.

Selon les proches de Aïn el-Tiné, il s’agit pour le chef du législatif de poursuivre ses efforts dans le sens de ce qu’il estime contribuer à l’édification d’un État civil, comme le souligne à L’Orient-Le Jour Fadi Alamé, député berryste de Baabda, rappelant que sa formation s’était engagée, lors des dernières législatives, à œuvrer pour l’adoption d’un nouveau texte.

Quoi qu’il en soit, le projet Berry (préparé par Anwar el-Khalil, Ibrahim Azar et Hani Kobeissi, tous trois députés de Hasbaya, Jezzine et Beyrouth respectivement) prévoit l’abolition du vote préférentiel et préconise l’application de la proportionnelle au niveau du Liban comme circonscription unique. Le projet rompt donc avec le découpage prévu par la loi 44 (de 2017). Mais à ce stade, Michel Moussa, député berryste de Zahrani, souligne à L’OLJ que le nouveau projet maintient la répartition des sièges intacte. « Mais cette fois-ci, nous invitons les électeurs à voter pour des listes et non des personnes, loin de toute considération à caractère confessionnel », ajoute-t-il.



(Pour mémoire : Système électoral libanais : entre traditions et ambiguïtés)



Message politique ?
Si le mandat de la Chambre expire dans trois longues années, le mouvement Amal semble déterminé à profiter de ce délai pour lancer le débat, voire même la bataille, pour l’adoption d’une nouvelle mouture. C’est en tout cas ainsi que Michel Moussa explique les tournées effectuées par MM. Azar, Khalil et Kobeissi pour présenter leur projet aux divers protagonistes. Les trois députés avaient rencontré jeudi leurs collègues de la Coalition nationale, un groupe rassemblant les Marada, Farid Haykal el-Khazen (Kesrouan), Fayçal Karamé (Tripoli) ainsi que Moustapha Husseini (Jbeil), au domicile de M. Khazen.

« Nous ne voulons pas réitérer la mauvaise expérience d’un examen non sérieux de la loi électorale, à cause des délais courts (avant la tenue du scrutin) », souligne-t-il.

« L’heure est actuellement au débat et à la discussion, et nous attendons les réponses des partis politiques », déclare M. Moussa. Une façon pour le député de Zahrani de répondre aux critiques que formulent déjà certains observateurs qui estiment que l’écrasante majorité des parties concernées, notamment les chrétiens, n’accepteraient pas la proposition Berry. Et pour cause : l’élargissement de la taille de la circonscription pourrait réduire l’importance, voire l’influence politique, des choix de certains électeurs, dont la représentation partisane n’est pas monopolisée.

C’est également sous cet angle qu’un observateur politique contacté par L’OLJ explique le timing de l’initiative Berry, à même de susciter des interrogations autour d’éventuels messages politiques qu’elle porterait, notamment en direction du président de la République, Michel Aoun. D’autant que les rapports entre les deux hommes sont en dents de scie depuis plus de trois ans.

Selon cet analyste, Nabih Berry est parfaitement conscient que la Chambre a amplement le temps de discuter d’un nouveau texte en long et en large. Mais il viserait probablement à mettre sur le tapis un dossier particulièrement complexe et qui ne fait pas l’unanimité des formations politiques, pour tenter de placer la présidence au pied du mur et aggraver les querelles politiciennes, souligne-t-il, avant de faire valoir qu’il s’agit surtout d’une tentative d’affaiblir la représentation politique des diverses catégories, exception faite du Hezbollah, bien entendu.



Pour mémoire

Loi électorale : Samy Gemayel contre l'attribution de sièges aux Libanais de la diaspora


Ce n’est qu’un an après les législatives de mai 2018 que le président de la Chambre, Nabih Berry, a donné ces jours derniers le coup d’envoi du débat autour d’une nouvelle réforme électorale, moins de deux ans après l’adoption de la loi actuellement en vigueur, votée le 16 juin 2017. M. Berry avait à plusieurs reprises manifesté son mécontentement à l’égard de certaines...

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