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Culture - Documentaire

Percera-t-on le mystère « Saliba Douaihy » ?

Projection unique, ce samedi 4 mai (à 16h) au musée Sursock de « Saliba Douaihy », un docudrame de 75 minutes signé Paul Farchakh, retraçant la vie et l’œuvre du grand peintre libanais, considéré comme l’une des figures pionnières de l’art moderne régional. Interview express avec son auteur, réalisateur et producteur.

Paul Farchakh est peintre, cinéaste et ancien professeur de cinématographie à l’Iesav.

D’où est née l’idée de ce film ?
Il y a deux ans, la municipalité de Zghorta-Ehden a décidé de lancer une année Saliba Douaihy, proposant plusieurs activités autour de ce grand peintre né à Ehden aux alentours de 1910 (sa date de naissance n’est pas déterminée avec précision, certains l’estiment même à 1915) et décédé à New York en 1994. Dans ce cadre, elle m’a sollicité pour la réalisation d’un documentaire qui retracerait les événements majeurs de son parcours. Outre notre origine « ehdeniote » commune, cette « mission » m’a été confiée pour différentes raisons : d’abord parce que j’ai eu la chance de le connaître un peu, l’ayant rencontré à plusieurs reprises au cours des dernières décennies de sa vie. Et puis, sans doute, parce que, étant moi-même tout à la fois cinéaste (réalisateur, entre autres, de La Grande Famine, un documentaire historique de 77 mn) et artiste peintre, je pouvais appréhender les différentes facettes de l’homme et de l’artiste qu’il était.

Comment l’avez-vous conçu ?
Je me suis lancé dans le projet en l’envisageant comme un moyen-métrage, un documentaire d’une vingtaine de minutes. Sauf qu’au bout de six mois de recherches, de lectures et d’interviews de spécialistes de son œuvre, je me suis rendu compte que cette figure exceptionnelle de l’art libanais méritait bien plus. J’ai approfondi mon travail en fouillant chaque indice qui m’emmenait sur ses traces. Je suis ainsi parti à la rencontre d’un grand nombre de personnes qui l’ont connu, même brièvement… Je me suis même rendu à Paris, où, titulaire d’une bourse en 1932, il a étudié à l’École nationale, et à New York, la ville qui a été fondamentale dans l’évolution de son style, de l’académisme à l’abstraction au tout début des années 1950. J’ai notamment été au MoMa qui possède une de ses œuvres, ainsi qu’à l’église maronite de Brooklyn qui recèle nombre de ses peintures et vitraux. Puis, à partir de la somme d’informations et d’images récoltées (plus de 500), je me suis attaqué à la construction de ce film – en solo rider – avec une approche cinématographique. Pour en sortir ce Saliba Douaihy de 75 mn, comportant 19 chapitres chronologiques rehaussés de séquences d’animations et de reconstitutions virtuelles.


Qu’apporte ce film de nouveau aux amateurs de Saliba Douaihy ?
Il met en relief l’envergure internationale de cet artiste. Cet homme était une force de la nature ! Sa trajectoire en témoigne. il y a une sorte de mystère Saliba Douaihy. Alors que moi-même, je pensais le connaître à titre personnel, j’ai découvert des choses, à New York, que personne ne savait…


Après la séance au musée Sursock, où sera-t-il projeté ultérieurement ?
J’aimerais beaucoup que ce tout premier film en langue arabe (classique) sur un artiste arabe, comme me l’a assuré la critique d’art Maha Sultan, passe dans les salles de cinéma au Liban. Quant à sa version anglaise, qui est déjà prête, je pense l’envoyer à des festivals à l’étranger.


Pour mémoire
Un Saliba Douaihy de la collection Rockefeller adjugé 336 500 dollars à New York

D’où est née l’idée de ce film ?Il y a deux ans, la municipalité de Zghorta-Ehden a décidé de lancer une année Saliba Douaihy, proposant plusieurs activités autour de ce grand peintre né à Ehden aux alentours de 1910 (sa date de naissance n’est pas déterminée avec précision, certains l’estiment même à 1915) et décédé à New York en 1994. Dans ce cadre, elle m’a...

commentaires (4)

(suite et fin ) De retour en France, Saliba Douaïhy s'installe dans l'est parisien,à Champigny-sur-Marne une quinzaine de Km de la capitale,avec sa femme et leur jeune enfant Yasmine. C'était un modeste pavillon, faisant aussi office d'atelier de peintre. Au cours de cette période de sa vie parisienne, je le voyais, à l'occasion de ses visites à mon cabinet médical, quartier des gobelins de Paris, à deux pas de la rue Mouffetard. Des liens d'amitié se nouèrent entre nous, favorables à quelques confidences sur son art outre-atlantique,dont le style évolua de l'impressionnisme de ses débuts, vers un symbolisme empruntant parfois le graphisme syriaque,langue qui a laissé des traces dans son dialecte du nord- Liban, et que ses amis juifs de New-York, prenaient pour de l'hébreu...!

MELKI Raymond

22 h 58, le 14 mai 2019

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Commentaires (4)

  • (suite et fin ) De retour en France, Saliba Douaïhy s'installe dans l'est parisien,à Champigny-sur-Marne une quinzaine de Km de la capitale,avec sa femme et leur jeune enfant Yasmine. C'était un modeste pavillon, faisant aussi office d'atelier de peintre. Au cours de cette période de sa vie parisienne, je le voyais, à l'occasion de ses visites à mon cabinet médical, quartier des gobelins de Paris, à deux pas de la rue Mouffetard. Des liens d'amitié se nouèrent entre nous, favorables à quelques confidences sur son art outre-atlantique,dont le style évolua de l'impressionnisme de ses débuts, vers un symbolisme empruntant parfois le graphisme syriaque,langue qui a laissé des traces dans son dialecte du nord- Liban, et que ses amis juifs de New-York, prenaient pour de l'hébreu...!

    MELKI Raymond

    22 h 58, le 14 mai 2019

  • J'ai bien connu le célèbre peintre Saliba Douaïhy à Paris, dans les années 90, à son retour des Etats-Unis. C'était un homme affable,modeste,généreux,ayant un franc-parler, un attachement viscéral à sa terre natale. En témoignent ses paysages, ses portraits de villageois. Chargé de peindre la nouvelle église maronite de Nicosie, il m'envoya de l'île de Chypre une carte postale représentant une de ses belles peintures : un moine oriental à genoux plongé dans la prière. Je la garde précieusement.

    MELKI Raymond

    23 h 13, le 03 mai 2019

  • Une rectification : Après 73 ans, j'ai le droit de me tromper, l'âge oblige. Je me suis souvenu aujourd'hui que j'avais apporté de l'eau à Saliba Douaihy dans une cruche en argile. En 1946, on ne connaissait pas les cruches en verre ni les bouteilles. A l'époque l'endroit où peignait Saliba Douaihy était nu de tout occupant, aujourd'hui, il n'y a plus un cm2 pour que l'artiste puisse installer un trépied et un chevalet. Paris, le 30 avril 2019.

    Un Libanais

    15 h 54, le 30 avril 2019

  • Originaire de Sarba (Kesrouan)je me promenais souvent sur la colline de mon village qui donne une vue panoramique sur la baie de Jounieh à partir de Bkerké à droite jusqu'à Ras-Tabarja à gauche. En juillet 1946, j'y rencontre un peintre en train de peindre ledit panorama, je m'assois à ses côtés par curiosité. J'avais 17 ans. Après quelques instants, l'artiste entame la conversation en me questionnant :Vous lisez "La Revue du Liban" ? je lui dis : Oui. Il ajoute : Vous lisez alors sur Saliba Douaihy ? Je lui dis : Oui. Il me dit : Vous le connaissez ? Je lui dis : Non. Il me dit : C'est moi, vous habitez loin d'ici ? Je lui dis : A 75 mètres. Il me dit alors : Allez me cherchez un pain, quelques olives et de l'eau. Content que le célèbre peintre Saliba Douaihy me demande un service, je cours lui chercher le pain, les olives, une tomate et une bouteille d'eau. Je confesse que je n'ai jamais vu le tableau représentant la baie de Jounieh de Saliba Douaihy.

    Un Libanais

    12 h 18, le 30 avril 2019

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